Appel – Persistance du mouvement d’humeur à Dakarnave : Les travailleurs haussent le ton
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En sit-in mercredi devant les locaux de Dakarnave, les travailleurs n’ont pas caché leur colère contre leur tutelle, qui les aurait «exclus du processus» de renégociation du contrat de concession. Ils menacent de passer à la vitesse supérieure.Par Justin GOMIS –
Leur colère ne baisse pas. Les travailleurs de Dakarnave ont tenu mercredi un sit-in au sein de l’entreprise sur la répartition du capital dans le cadre de la reprise de leur société. Le repreneur étranger se retrouve avec 60% et 40% pour le Sénégalais. «Nous sommes déçus d’entendre le ministre des Pêches parler ainsi», assure Abass Fall. Selon le Secrétaire général du Satnav (Syndicat autonome des travailleurs des chantiers navals), Dakarnave est une entreprise qui marche bien. «Nous ne pouvons pas admettre qu’on nous parle seulement de préservation d’emplois. Nous voulons aller au-delà de ça. Nous avons fait la révision d’accord d’établissements. Nous voulions mettre sur la table beaucoup de choses. On nous a invités à la Sirn en nous disant que nous serons impliqués dans le processus. On nous a demandé de tenir une réunion trimestrielle afin que le gouvernement puisse l’inclure dans nos recommandations. Tel n’a pas été le cas», regrette-t-il. Quelle a été la suite ? «A notre grande surprise, on voit des entreprises qui viennent ici pour dire que ce sont des entreprises soumissionnaires à un appel d’offres. En tant que travailleurs, on n’a pas vu d’appel d’offres. Nous sommes inquiets parce qu’on n’a pas le contenu des cahiers des charges, on ne peut pas savoir ce qui est réservé aux travailleurs de Dakarnave. Est-ce que nos acquis seront préservés», s’interroge Abass Fall.
Pape Birama Diallo, représentant de l’Unsas, insiste sur ce qu’il considère comme les menaces du ministre des Pêches. «Peut-être que les travailleurs n’ont pas compris le message. La réparation navale va disparaître. La Marine va occuper le chantier. C’est ce qui est privilégié. Il n’y aura plus de réparation navale à Dakarnave dans les chantiers. Voilà la menace du ministre. (…) Il s’est trompé de pays également», note le représentant de l’Unsas. Il enchaîne : «Le ministre fait dans l’amalgame. Et à propos du marché public, il passe par voie de presse où tout le monde est informé. Ce qui n’est pas le cas dans cette affaire qui cache mal les intentions inavouées du ministre, qui a choisi de manière délibérée d’exclure les travailleurs du processus de renégociation du contrat de concession sous prétexte qu’ils ne sont pas concernés.»
Aujourd’hui, les travailleurs de Dakarnave s’en réfèrent au chef de l’Etat pour vider ce contentieux. «Maintenant, c’est le Président qui va prendre la décision, pas le ministre, parce que dans les répartitions des différents services dans le cadre du dernier remaniement du gouvernement, il est un ministre des Pêches amputé de l’économie maritime. Il n’a plus les compétences dans ce domaine», précise M. Diallo. Face à une telle situation, les travailleurs promettent de passer à la vitesse supérieure après leur sit-in.
justin@lequotudien.sn