Tout comme Antoine Diome, Aïssata Tall Sall estime que les violences notées dans l’affaire Sonko sont le fait d’«ennemis» de la démocratie sénégalaise qui «manipulent quelques Sénégalais». La ministre des Affaires étrangères indexe des «forces extérieures».
Après le ministre de l’Intérieur, c’est sa collègue des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur qui surfe sur la même ligne de la «conspiration». Sur France 24, samedi, Aïssata Tall Sall a déclaré que dans cette affaire Ousmane Sonko-Adji Sarr, «nous avons dépassé le cadre d’une simple affaire judiciaire». Elle rappelle qu’au Sénégal, «de tout temps, les populations parfois ont manifesté et revendiqué leurs droits» et le gouvernement a «organisé ces manifestations, les a autorisées et encadrées». Mais, comme le réquisitoire de l’ancien procureur spécial de la Crei, Me Aïssata Tall Sall a fait une plaidoirie dans le même sens. «Jamais dans l’histoire du Sénégal on ne s’en est attaqué à des édifices qui incarnent l’autorité de l’Etat, qui incarnent les institutions de la République. Quand les gouvernances, les casernes, les préfectures, sont attaquées, quand tout ce qui peut symboliser l’autorité de l’Etat et le respect de nos institutions est attaqué, on doit pouvoir nous arrêter et nous poser la question de savoir d’où vient le danger. Le danger vient de ces ennemis du Sénégal qui ne veulent pas de ce modèle démocratique et qui veulent aujourd’hui l’anéantir», a-t-elle déclaré.
Antoine Diome avait indexé de «forces obscures» et Aïssata Tall Sall aussi. «Je parle de toutes ces forces extérieures que nous avons identifiées, qui sont tapies dans l’ombre et qui sont en train de manipuler quelques Sénégalais qui, malheureusement peut-être, n’ont pas encore compris la portée dangereuse de ce qui est en train de se jouer là», a dit celle qui gère la diplomatie sénégalaise depuis le remaniement du 1er novembre 2020.
Vendredi soir, le ministre de l’Intérieur avait condamné «les actes de nature terroriste, les voies de fait, les saccages et les pillages et dégradations de bâtiments publics, de biens privés mais aussi des commerces appartenant à des personnes physiques et morales». Antoine Felix Diome avait parlé aussi de «conspiration contre l’Etat», de «grand banditisme» et d’«insurrection organisée». Si de part et d’autre, les appels au calme sont lancés, il convient de dire que la situation est encore très précaire. Samedi, le Mouvement de défense de la démocratie (M2D), un regroupement de partis de l’opposition et de mouvements de la société civile, a appelé à trois jours de manifestations sur toute l’étendue du territoire à partir de lundi, jour de la comparution de Ousmane Sonko devant le juge d’instruction.