La Société sénégalaise du droit d’auteur et des droits voisins (Sodav) a présenté, hier, son Rapport annuel 2023, lors d’une Assemblée générale ordinaire tenue au Théâtre national Daniel Sorano. Cette rencontre, marquée par le renouvellement du 1/3 sortant du Conseil d’administration avec 12 nouveaux membres, a été riche en rebondissements.Par Ousmane SOW – 

Le Rapport annuel 2023 de la Société sénégalaise du droit d’auteur et des droits voisins (Sodav) a été présenté hier au Théâtre national Daniel Sorano. Mais, il faut le dire, la présentation de ce sixième rapport annuel de la Sodav a été riche en rebondissements. Présidente du Conseil d’administration de la Sodav, Ngoné Ndour va même jusqu’à dire que «les acteurs culturels sont très intéressés aujourd’hui par la gestion de la Sodav». Et pour elle, tant mieux car, révèle-t-elle, quand le projet de la Sodav a démarré, il y en a beaucoup qui n’y avaient pas cru. «Aujourd’hui, il y a un excellent travail qui a été abattu par le Conseil d’administration, le directeur-gérant et les agents. Si une société grossit, les intérêts sont là. Je suis très contente de voir cette belle démocratie et la divergence des opinions… Mais je pense aussi que la rémunération pour copie privée a suscité tout cet engouement-là», dira Ngoné Ndour. La présentation du rapport a été suivie de débats animés. Aly Bathily, directeur-gérant de la Sodav, qui a brièvement examiné les activités menées au cours de l’année 2023 devant les artistes-interprètes, producteurs et auteurs, a tenté de calmer les esprits en soulignant la transparence de la Sodav. «Je pense que ce rapport-là que nous présentons est un rapport dans lequel nous nous mettons à nu complètement. Rien n’est laissé dans les moindres détails. Et je me réjouis de cette Assemblée générale qui montre le caractère éminemment démocratique du fonctionnement de la Sodav, en acceptant toutes les diversités d’opinions et de courants», a-t-il dit, soulignant les succès financiers, malgré un contexte difficile. «Les droits collectés au niveau national ont augmenté de 6, 89%, un résultat qui montre l’efficacité de notre politique de massification du portefeuille de perception», précise-t-il d’emblée. Cependant, cette Assemblée générale ordinaire avait vite pris une tournure tumultueuse lorsque des membres du Syndicat national des artistes et professionnels de la culture (Synaprocs) ont exprimé leur mécontentement. Les amis de Vieux Diba et de Titi Yoro ont dénoncé l’absence de prise de parole pour les membres de la Sodav après la présentation du rapport par Aly Bathily. Ils ont remis en cause la légitimité d’un troisième mandat pour Ngoné Ndour, la présidente du Conseil d’administration de la Sodav.

«J’ai envie de rester à la Sodav et chacun est libre de déposer sa candidature»
Ngoné Ndour, candidate à sa propre succession, en réponse, a défendu sa position avec fermeté. «Nos textes ne prévoient pas de limitation des mandats. Rien ne m’interdit de me représenter au poste de présidente du Conseil d’administration. Et j’en profite pour dire à toute la communauté que je vais me représenter au poste de président du Conseil d’administration. Je vais déposer, et tout le monde est libre de déposer sa candidature, et si vous passez, vous entrez dans le Conseil d’administration en toute démocratie.» Avant de poursuivre : «On n’est pas là éternellement. Mais, on a une mission à terminer, et cette mission, que je sois présidente de Conseil d’administration ou que je ne le sois pas, j’ai envie de rester à la Sodav pour voir la rémunération pour copie privée se concrétiser, pour voir l’immeuble de la Sodav se concrétiser, pour voir la digitalisation de la Sodav être en place, et beaucoup d’autres choses. Et je pense que tout ça, c’est un combat que tous les acteurs doivent porter pour que l’avenir de la culture soit beaucoup plus rayonnant.»
Consciente des énormes chantiers qui attendent la Sodav, Ngoné Ndour a évoqué les avancées réalisées sous sa présidence, notamment la hausse des droits perçus et la baisse des charges. «Durant les trois dernières années, 90% des sommes perçues ont été redistribués à nos ayants droit», se vante-t-elle. Parmi les perspectives d’avenir, Ngoné Ndour a également annoncé la mise en place imminente d’une plateforme digitale intégrée, destinée à faciliter la gestion des droits et à renforcer la transparence. «Avec cet outil qui sera opérationnel cette année, les ayants droit pourront interagir avec la Sodav en un clic. Cette digitalisation nous aidera dans l’identification des usagers, la massification du portefeuille et la maîtrise de la perception par le paiement électronique, entre autres», a-t-elle fait savoir. Puisque les discussions sur la limitation des mandats ont occupé une place importante, Aly Bathily a reconnu que «la modification des statuts pour introduire une limitation des mandats nécessiterait une Assemblée générale extraordinaire». «Les textes actuels servent d’aiguillon, mais ils peuvent évoluer», dit-il.