Pour l’exercice 2026, le budget du ministère de l’Education nationale est arrêté à 990, 75 milliards F Cfa en crédits de paiement, contre 975, 05 milliards F Cfa en 2025, soit une progression de 15, 7 milliards F Cfa, équivalant à 17.2%  du budget national. Cette évolution reflète la volonté de renforcer les moyens dédiés à la transformation du système éducatif, à l’amélioration des conditions d’apprentissage et à l’équité territoriale.

Par Badé SECK – La question de l’éducation préoccupe les députés. Avant-hier jeudi, lors du vote du budget du ministère de l’Education nationale, 88 parlementaires ont été inscrits sur la liste pour les discussions générales. Ils ont interpellé le ministre de l’Education nationale sur plusieurs questions relatives à la prise en charge des auxiliaires de vie scolaire, à la régularisation des écoles privées qui poussent comme des champignons, à l’instauration d’une prime pour fixer les enseignants dans le monde rural. Les députés ont aussi attiré l’attention du ministre sur l’état des écoles de la banlieue, atteintes par le poids de l’âge et dont 80% n’ont pas de toilettes. L’accélération du programme d’éducation à Touba par la construction d’infrastructures, la prise en compte des daaras dans le programme du budget 2027 et l’intégration des «borom daara» dans la Fonction publique ont également été évoquées par les députés. Entre autres défis soulevés par les représentants du Peuple à l’Hémicycle, le déficit d’enseignants, de salles de classe, la réforme des programmes d’enseignement…
Justifiant la hausse du budget, Moustapha Mamba Guirassy indique que cela entre dans le cadre de l’exécution des grands chantiers du ministère, notamment la mise en œuvre de la Stratégie nationale des infrastructures et équipements scolaires (Snies), l’accélération de la résorption des abris provisoires, la construction et la réhabilitation d’écoles, de Cem et lycées, ⁠l’expansion des Lynaqe, le déploiement des outils numériques éducatifs et de la plateforme Planète 3.0, la promotion de l’éducation inclusive, des langues nationales et de l’apprentissage des sciences et du numérique, la poursuite du programme des cantines scolaires et des appuis aux élèves vulnérables.

La refonte du système éducatif, une priorité pour une école qui nous ressemble
Le ministère réaffirme son engagement à poursuivre la transformation du système éducatif national afin d’offrir à chaque apprenant un cadre d’apprentissage sûr et propice à l’excellence. Pour Guirassy, la refonte du système éducatif est indispensable. C’est une instruction du chef de l’Etat portée par le Premier ministre, l’ensemble du gouvernement et, au-delà, par le Peuple sénégalais lui-même, qui attend aujourd’hui cette transformation. «Comme l’ont souligné les honorables députés, les questions que nous abordons sont profondes, structurelles et historiques. Elles s’expliquent par une multitude de paramètres : notre passé colonial, les formes d’aliénation héritées, nos modes de financement, ainsi que l’organisation même du système éducatif.» Du haut de son perchoir, il ajoute : «Nous ne pourrons pas reconstruire une école qui nous ressemble sans procéder à une véritable refonte du système. L’école que nous avons aujourd’hui a été pensée par d’autres. Et comme je l’ai rappelé, l’analyse des problématiques soulevées montre qu’il faut aller en profondeur pour apporter des réponses structurelles capables de transformer durablement notre système éducatif. Sans cette refonte en profondeur, nous ne parviendrons pas à transformer l’école sénégalaise.»

Vers la mise en place d’un fonds souverain pour l’éducation
Face aux députés, le ministre de l’Education nationale a annoncé l’urgence de mettre en place un fonds souverain pour l’éducation. Selon lui, on est loin de la prise en charge totale des besoins des populations. «Il y a encore des abris provisoires, des problèmes d’équipement, de construction, de réhabilitation, un déficit d’enseignants partout. Et si nous devons attendre le vote d’un budget par an, on ne s’en sortira jamais. Il faut donc un fonds souverain, c’est là l’orientation qu’il faut donner aux choses. Et nous sommes en train de travailler pour soumettre cela aux autorités», a soutenu M. Guirassy.
Le ministre pense que c’est la seule façon de sauver l’école sénégalaise et de rompre avec ce système classique de financement. «Certains des députés nous ont interpellés par rapport à des constructions qui datent de 10 ans et qui n’ont jamais été livrées, mais simplement parce que ça dépend du budget. Lorsqu’il y a des pensions, lorsqu’il n’y a pas assez de budget, souvent le chantier n’est pas livré et donc il y a des déficits. Alors, il nous faut repenser l’école autrement, son mode de financement. Tout doit être revu, et aussi il faut situer les responsabilités. Malheureusement, quand on parle d’éducation, on pense tout de suite au ministère de l’Education nationale. Il y a les collectivités territoriales, il y a la responsabilité des parents. Donc c’est pour ça que le concept de société éducative est un concept extrêmement important», dit-il.
Au-delà de la société éducative, le chef du département de l’Education estime qu’il faut aller vers une société scientifique. «Les parents, ceux qui sont à alphabétiser via justement des programmes d’alphabétisation, nous devons aussi mettre un focus particulier sur les sciences. Aujourd’hui, alphabétiser les parents, les grandes personnes, ceux-là qui n’ont pas eu la chance d’aller à l’école, c’est aussi orienter l’alphabétisation. Nous devons absolument assumer cette orientation, une société qui renoue avec la science, comme ça a été le cas dans le passé, qui renoue avec la technologie, et c’est possible», soutient-il.
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