Atelier – Gestion des sites du patrimoine en Afrique de l’Ouest : Les femmes sous-représentées selon l’Unesco

En Afrique de l’Ouest, sur 32 sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, seules deux femmes sont gestionnaires de site. Cette sous-représentation des femmes est au cœur d’un atelier de formation de trois jours qui se tient à Dakar depuis hier, autour de l’égalité homme-femme dans les secteurs culturel et créatif.Par Amadou MBODJI –
Les chiffres relatifs aux inégalités entre les hommes et les femmes dans le domaine du patrimoine et de la créativité en Afrique de l’Ouest sont alarmants. Les femmes sont sous-représentées dans les postes de gestion et de direction, ce qui limite leur influence et leur participation dans la préservation et la promotion du patrimoine culturel. Dimitri Sanga, Directeur régional de l’Unesco, en a donné une idée hier à Dakar, lors du lancement de la formation sur l’égalité des sexes dans les secteurs culturel et créatif au Sénégal. «Les inégalités persistent et les chiffres parlent d’eux-mêmes. Je voudrais en partager avec vous deux. Dans le domaine du patrimoine, en Afrique de l’Ouest, sur 32 sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, seules deux femmes sont gestionnaires de site. En outre, seulement trois femmes occupent des postes de direction dans la gestion du patrimoine, qu’il soit naturel ou culturel. Du côté de la créativité, comme vous le savez, la fracture numérique est une préoccupation majeure, les femmes étant confrontées de manière disproportionnée à des obstacles pour accéder aux outils numériques de création et de distribution artistiques, notamment les plateformes musicales, les didacticiels en ligne et les logiciels de mixage sonore. Le rapport de l’Unesco Genre et créativité : des avancées au bord du précipice souligne à cet égard qu’à l’échelle mondiale, il y a moins de 250 millions de femmes qui utilisent internet comparativement aux hommes», mentionne le Directeur régional de l’Unesco. Ce dernier de poser une question en appelant de tous ses vœux à un changement de cap. «Comment, dans ces circonstances, espérer sauvegarder notre héritage et promouvoir la créativité si la moitié de notre société reste encore trop souvent tenue à l’écart ? C’est pourquoi il est essentiel de rappeler que les femmes doivent être au cœur des processus de création, de décision et de diffusion culturelle», fait-il remarquer.
Khalil Sow, directeur de Cabinet du ministre de la Culture, du tourisme et de l’artisanat, affiche un certain optimisme à voir la donne changer avec la tenue d’une telle rencontre. «Les questions liées à l’égalité des sexes sont une problématique commune à tous les secteurs et domaines d’activités. C’est en ce sens que l’ouverture et l’implication des sectoriels transversaux à notre écosystème faciliteront, au sortir de ces trois jours de capacitation et de réflexion, une meilleure compréhension des enjeux d’élaboration des politiques et mesures sensibles au genre», souligne-t-il. M. Sow indique que la rencontre sera aussi une occasion pour les bénéficiaires et apprenants de pouvoir adopter et appliquer les enseignements dans leurs ministères respectifs.
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