Ces derniers jours, notre pays vit une des farces les plus grotesques de son histoire.

L’Assemblée nationale se prête à un exercice inédit et inqualifiable. Ces représentants du Peuple estiment que le fait d’avoir acquis leur titre par le mode électif, leur confère plus de légitimité qu’aux membres du pouvoir judiciaire nommés par décret. Un débat malsain qui n’avait pas sa place dans un contexte où il suffisait juste de donner un fondement ou non, à la démarche entreprise par le Parti démocratique sénégalais, suite à l’élimination de son candidat.
Entre un corps constitué de hauts cadres de la Magis­trature, de personnes ayant fait carrière après de hautes études supérieures, et une Chambre où n’importe qui peut se retrouver, juste parce qu’il a été placé à une position favorable sur une liste qui tient plus compte de la célébrité, du militantisme ou de son degré d’allégeance au leader que du niveau d’instruction ou d’une quelconque autre qualité morale, lequel est le plus prestigieux ?

Cette Assemblée, en réalité, est une honte pour la Nation tout entière qui ne mérite pas des représentants aussi médiocres. Les spectacles qu’ils nous servent tout le temps, ne se retrouve même plus au niveau des bornes fontaines. Quand on exige du respect, on devrait d’abord respecter les autres, notamment le Peuple qu’on est censé représenter.

«L’Assemblée peut, par une résolution, créer des commissions d’enquête» ; cette prérogative lui est conférée par l’article 48 de son Règlement intérieur. Mais ce même article 48 précise que «les commissions d’enquête sont formées pour recueillir des éléments d’information sur des faits déterminés et soumettre leurs conclusions à l’Assemblée nationale».

Est-ce qu’une suspicion peut être assimilée à un fait ? Depuis quand une simple accusation engage d’emblée la responsabilité de l’accusé ? A qui d’autre incombe la charge de la preuve que la partie accusatrice ? Ou alors serait-on dans une logique d’appliquer aux membres du Conseil constitutionnel le principe du renversement de la charge de la preuve ?

D’ailleurs, les preuves de corruption seraient dans le dossier déposé au Bureau de l’Assem­blée selon Nafissatou Diallo. Une affirmation démentie sur le même plateau par Zator Mbaye, qui nie l’évocation dans le dossier du nom d’un magistrat, ni même d’un quelconque montant, encore moins d’une accusation formelle. Et l’intervention de Bara Gaye à l’Assemblée est très instructive dans la mesure où elle demande au Pds de sortir les preuves, si réellement elles existent. Peut-on demander une chose qui est déjà déposée à l’Assem­blée ? L’Assemblée peut-elle créer une Commission d’enquête pour chercher des informations qui sont déposées sur son bureau ? Cela n’a aucun sens.

Quant au Conseil constitutionnel, il est bien compétent pour arbitrer des conflits de compétence entre le pouvoir exécutif et celui législatif. Oui, ces personnes nommées tiennent de la Constitution cette prérogative d’arbitrer les différends entre ces deux pouvoirs élus, quoi que puisse en penser Massamba ou Mademba. Mieux : «Les décisions du Conseil constitutionnel ne sont susceptibles d’aucune voie de recours. Elles s’imposent aux pouvoirs publics et à toutes les autorités administratives et juridictionnelles.» Tout cela est vérifiable à l’article 92 de la Constitution. En clair, les décisions du Conseil constitutionnel s’imposent à l’Assemblée qui, elle, n’a aucune prérogative autre que de voter les lois, de contrôler l’action du gouvernement et d’évaluer les politiques publiques. Elle ne peut entendre un membre du Conseil constitutionnel ; surtout dans le cadre d’une enquête par rapport à une accusation portée sur ce membre. L’article 44 du Règlement intérieur évoqué ne le dit pas ; il ne se rapporte même pas aux commissions d’enquêtes parlementaires qui prennent fin dès qu’une information judiciaire est ouverte, mais aux commissions spéciales temporaires qui durent jusqu’à ce que l’Assemblée nationale ait définitivement statué sur leur objet ; et aux commissions permanentes.

Cet article parle de consultations, pas d’interrogatoires. Il précise même qu’au cas où la personne que l’Assemblée juge utile de consulter était un simple agent de l’Etat, l’avis du ministère dont il relève est nécessaire ; en cas d’avis défavorable, le ministre doit juste en préciser le motif. Il est donc inexact de dire que l’article 44 du Règlement intérieur autorise l’Assemblée à entendre sans réserve et sans exception, n’importe qui. Un Général de l’Armée est bien une personne. Le président de la République est aussi une personne. Mais le cas le plus patent qui devrait amener les députés du Pds à plus de retenue, c’est le cas de Karim Wade, qui était bien une personne qui avait été convoquée par le président de l’Assemblée de l’époque qui était justement Macky Sall. Cela lui avait valu une descente aux enfers.

«Yaakaar bou tass, métineu gah» ; «khalaate fo dieum wakhi noopi», mais cela ne doit pas faire perdre la raison. Au contraire, il convient d’assumer ses propres manquements, qui sont très nombreux, et profiter de cette générosité que beaucoup de personnes estiment même suspecte pour repartir du bon pied.

Quant aux députés de Benno, il est très difficile de comprendre en réalité à quoi ils jouent. A une vingtaine de jours de l’élection, on ne sème pas le doute et la confusion jusque dans les rangs de ceux qui les soutiennent. Qu’ils sachent que ces soutiens ne se justifient que par le fait qu’on estime qu’ils sont des républicains qui ne s’amuseraient jamais à jouer avec la stabilité du pays. Ce qui se joue, c’est du n’importe quoi. Que ceux qui veulent sincèrement accompagner le candidat Amadou Ba s’y mettent naturellement. Que ceux qui ne peuvent pas le soutenir aient l’honnêteté de ceux qui ont eu le courage de partir. Les hypocrites sont pires que les ennemis déclarés. Ils vous détruisent du dedans, sèment la zizanie, perturbent les plans, sapent la cohésion et travaillent pour faire perdre le candidat.

Il est temps de siffler la fin de la récréation et d’imposer la discipline. Une équipe indisciplinée ne gagnera que par miracle. Mais une équipe minée ne peut gagner. Nous sommes dans un petit pays où il est difficile de se prononcer sans qu’une Var ne vienne expliquer les motivations flagrantes.

Si la logique est de saboter par méchanceté ou par haine viscérale, cela devrait être une raison suffisante pour foutre à la porte les pommes de terre pourries ; c’est leur propre cancer qui les détruira.

Le 25 février, c’est bientôt, et ce pays ira à l’élection in sha Allah ! Avec ceux qui seront prêts, et tant pis pour ceux qui veulent ajuster le calendrier électoral à leur propre agenda.

Vive celui qui sera choisi par le Peuple.
Dieu nous préserve des médiocres et des minables.
Sellé DIEYE – seledieye@gmail.com