Le Président Bassirou Diomaye Faye a déclaré avoir transmis à la Cour des comptes les résultats de l’audit de la gestion des Finances publiques par son prédécesseur. Bizarrement, des membres de la Cour des comptes assurent n’avoir encore rien vu du fameux rapport provenant du Palais de Senghor. Sans doute une confusion sur le Boulevard de la République, entre le Palais présidentiel et le siège de la Cour, sur la même avenue.Par Mohamed GUEYE –
Dans son adresse à la Nation du 12 septembre, le Président Bassirou Diomaye Faye a annoncé la publication prochaine de l’audit des comptes publics du régime précédent. Il a déclaré : «Dès mon installation, j’ai entrepris de faire l’inventaire, comme m’y oblige l’article 1.7 de la loi portant Code de transparence dans la gestion des Finances publiques. Les résultats de l’audit soumis à ce jour à la Cour des Comptes pour validation font ressortir une gestion publique empreinte de légèretés qui ont occasionné des dérapages volontairement cachés dans la gestion des Finances publiques, avec une évolution incontrôlée de la masse salariale, de la dette et des intérêts de la dette, une non-maîtrise des subventions et un dérapage dans les tirages sur ressources extérieures.» Bassirou Diomaye Faye ajoute un peu plus loin : «Les manquements notés ont entraîné une détérioration grave du cadre des Finances publiques de notre pays. Le gouvernement, après échanges avec les partenaires techniques et financiers et les autres partenaires, reviendra largement sur le sujet et le rapport approuvé par la Cour des comptes fera l’objet d’une publication.»
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Si tout cela est dans l’ordre normal des choses, il reste surprenant qu’aucun membre de la Cour des comptes, parmi ceux que Le Quotidien a interrogés ces derniers jours, n’a pu confirmer avoir reçu les rapports d’audit transmis par la présidence de la République. Or, le siège des deux institutions n’est séparé que par la longueur d’une artère. Et le temps ne plaide pas en faveur d’une lenteur. Car, le Code de transparence dans la gestion des Finances publiques, cité par le Président, et auquel il se réfère, indique précisément à son article 1.7 qu’il a cité, que «dans les trois mois suivant chaque nouveau mandat présidentiel, la situation globale des Finances publiques et en particulier la situation du budget de l’Etat et de son endettement, fait l’objet d’un rapport préparé par le gouvernement. Ce rapport, audité par la Cour des comptes, est publié dans les trois mois suivants».
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Le Président Faye ayant été installé le 2 avril dernier, le rapport d’audit aurait dû être bouclé et transmis à la Cour des comptes au plus tard en juillet. Les magistrats financiers auraient alors jusqu’en début octobre pour auditer ce rapport, avant de le rendre public, comme ils le font avec tous les rapports qu’ils établissent. Si, comme le disent ceux qui ont parlé au journal Le Quotidien, ils n’ont pas encore reçu le document, on se demande si ce dernier a encore une utilité à ce jour.
Car au vu de cette situation, le document, s’il était envoyé le 12 septembre comme dit par le président de la République, ne pourrait, en respectant les 3 mois de délai prévus par la loi, être prêt qu’en décembre au plus tôt. C’est-à-dire, bien après les Législatives prévues le 17 novembre prochain.
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Par ailleurs, selon les membres de la Cour des comptes, le rapport demandé par l’Exécutif ne serait pas vraiment indispensable pour faire l’état de la situation des Finances publiques avant 2023. En effet, la Cour a déjà validé les Lois de règlement budgétaire des rapports de gestion 2020, 2021 et 2022. Ces lois ont même été adoptées par l’Assemblée. La Cour des comptes ne pourrait donc pas revenir sur son propre travail, et surtout pas se dédire, car l’adoption de l’Assemblée se fait quasiment sur la base des rapports de la Cour des comptes. Il ne resterait donc que le rapport de la gestion de 2023 à approuver et à faire voter par l’Assemblée nationale.
Si Bassirou Diomaye Faye voulait des résultats rapides, il aurait pu se référer au travail déjà réalisé par la Cour des comptes, et ainsi gagner du temps.
mgueye@lequotidien.sn