Le dernier rapport mondial du Programme commun des Nations unies sur le Vih/Sida (Onusida) fait état «d’une menace sur la riposte contre le Vih occasionnant une augmentation des nouvelles infections, de nombreux décès liés à la maladie et une réduction drastique des financements».Le rapport publié cette année a fait l’objet d’une concertation à l’ouverture, mardi à Dakar, du quatrième forum des médias sur le Sida en Afrique de l’Ouest et du Centre. La concomitance entre la pandémie du Sida et le Covid-19, ainsi que les crises économiques et humanitaires de ces deux dernières années «ont accru la menace sur la riposte mondiale au Vih», selon la Directrice régionale de l’Onusida en Afrique de l’Ouest et du Centre, Berthilde Ga­hongayire. Les progrès mondiaux contre le Vih ralentissent au lieu d’accélérer, selon les dernières données recueillies par l’Onusida. Si les nouvelles infections ont diminué dans le monde en 2021, la baisse n’a été que de 3,6% par rapport à 2020, indiquent ces données. Soit la réduction «la plus faible» depuis 2016, selon le rapport intitulé «En danger».

En conséquence, de nombreux pays, régions et communautés doivent faire face à l’augmentation des infections au Vih, parallèlement à d’autres crises en cours, affirme Mme Gahongayire sur la base du rapport. Le document fait remarquer que si la tendance se poursuit, 1,2 million de personnes seront nouvellement infectées d’ici à 2025, soit un peu plus du triple de l’objectif de 370 000 nouvelles infections à ne pas dépasser à cet horizon-là. L’Europe de l’Est et l’Asie centrale, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, ainsi que l’Amérique latine ont tous connu une augmentation du nombre annuel des infections au Vih au cours de la dernière décennie, selon le rapport. Le document met également l’accent sur «la nécessité de nouveaux investissements dès maintenant, pour mettre fin [à la pandémie du Sida] d’ici à 2030».

Aujourd’hui, après quarante ans d’efforts, d’acquis et de résultats, et à quelques [an­nées] de l’échéance de 2030, l’Onusida appelle à (…) «réduire les gaps et à corriger les inégalités, qui sont à la fois une cause et une conséquence du ralentissement des progrès dans la lutte contre le Sida», a relevé la Secrétaire exécutive du Conseil national de lutte contre le Sida au Sénégal, Dr Safiétou Thiam. Au Sénégal, «beaucoup de progrès ont été faits, avec une prévalence de 0,3% chez la population générale. Mais il faut reconnaître que des inégalités persistent dans l’accès» des filles et des garçons «aux services de santé sexuelle et de prévention du Vih». Des inégalités sont également notées entre les hommes et les femmes, ainsi qu’entre adultes et enfants dans l’accès aux traitements antirétroviraux, a-t-elle souligné. Plus de la moitié des enfants vivant avec le Vih n’ont pas bénéficié d’un diagnostic précoce et n’ont pas accès aux traitements, a signalé Safiétou Thiam. Le forum organisé par le Réseau des médias africains pour la promotion de la santé et de l’environnement a pour thème : «Médias, Vih, genre et droits humains dans un contexte de Covid-19 en Afrique de l’Ouest et du Centre.»
Aps