Annoncée pour 2017, l’autosuffisance en riz devra attendre 2019. En effet, il y a quelques semaines, le Président Macky Sall annonçait le report de la date fatidique de 2017 pour l’autosuffisance alimentaire.

2017 aurait dû être l’année de l’autosuffisance en riz pour le Sénégal, mais elle ne le sera pas. Et il aura fallu attendre les premiers jours de décembre 2017 pour que le président de la République, Macky Sall, fasse l’aveu de l’échec des prévisions que son gouvernement avait portées devant le Peuple sénégalais durant ces deux dernières an­nées. «J’avais énoncé l’année 2017 pour l’atteinte de l’autosuffisance en riz, mais avec la double culture nous allons y arriver vers fin 2018, début 2019», concédait Macky Sall il y a quelques semaines en présidant la Revue annuelle conjointe (Rac) 2017.
Il faut dire que les autorités n’ont pas ménagé leur souffle pour porter leur slogan dans toutes les régions du pays. L’au­tosuffisance en riz en 2017 avait ainsi fini par devenir un refrain dans la bouche du ministre de l’Agriculture et de l’équipement rural, M. Pape Abdou­laye Seck. Mais au fur et à mesure qu’approchait l’échéance fatidique, ce dernier perdait la voix. Tout comme ses collaborateurs qui s’en remettaient à la volonté divine. Le 15 avril 2017, Waly Diouf, coordonnateur du Pro­gramme d’autosuffisance en riz (Pnar), disait à l’occasion d’un point de presse de la Société de développement agricole et industriel (Sodagri) : «Je ne sais pas si l’objectif sera atteint ou non, parce que l’avenir appartient à Dieu.» Quelques mois  plus tard, à l’issue d’une mission conjointe effectuée dans le pays par le Conseil inter-Etats de lutte contre la sécheresse au Sahel (Cilss), le Programme des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (Fao), le Programme alimentaire mondial (Pam), Fewsnet et le gouvernement du Sénégal, l’on apprenait que les productions de riz paddy pour la campagne 2017/2018 étaient d’1 million 15 mille 334 tonnes, soit une augmentation de 7% par rapport à la campagne 2016/2017. Pour rappel, l’objectif des autorités était d’atteindre une production d’1 million 80 mille tonnes de riz blanc, soit 1 million 600 mille tonnes de riz paddy à l’horizon 2017.
Mais il convient de noter que si l’on se réfère aux chiffres officiels sur la moyenne des 5 dernières années, la production de riz enregistre une augmentation de 53%. Suffisant pour que les autorités reprennent du poil de la bête en mettant en avant les performances enregistrées dans le secteur. Le Premier ministre profitera ainsi d’un Conseil interministériel consacré à la commercialisation du riz local, tenu le 21 février 2017, pour «saluer les bonnes performances enregistrées par le Pnar qui, entre 2014 et 2016, a fait passer la production nationale de riz de 559 mille 021 tonnes à 950 mille 779 tonnes, soit une augmentation de l’ordre de 41% en deux ans, pendant que les importations ont chuté entre 2015 et 2016, de 989 mille 549 tonnes à 891 mille 068 tonnes, soit une baisse de 98 mille 481 tonnes en valeur absolue et 11% en valeur relative».
En 2014, le Pnar recevait 74 milliards de francs Cfa. L’année suivante, des productions record sont enregistrées, confortant les autorités au point qu’elles décrètent l’autosuffisance pour 2017. En effet, en 2015, la production de riz est de 900 mille tonnes, dont le record vient de l’Anambé avec plus de 500 mille tonnes et de la vallée du fleuve Sénégal où la production tourne autour de 430 mille tonnes.
Mais la vétusté des aménagements, le faible rythme de réalisation de nouveaux aménagements et les coûts de production sont autant de facteurs qui freinent l’atteinte de ces objectifs. Aujourd’hui, la nouvelle promesse du Président sur une autosuffisance en 2019 est encore loin de convaincre. L’an­cien Premier ministre, Abdoul Mbaye, parle même «d’un gros mensonge» dans la mesure où la nouvelle échéance tombe justement sur une année d’élection présidentielle.
mamewoury@lequotidien.sn