A cause de la grève des contrôleurs aériens, qui a débuté hier à 8h, ­plusieurs compagnies ont annulé leurs vols jusqu’à la résolution de la crise. Ce sont des millions de voyageurs qui ont été bloqués dans de ­nombreuses capitales ­africaines et aussi dans d’autres pays.

Par Bocar SAKHO – A l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (Asecna), on admet une situation difficile. «C’est terrible», assène un responsable joint par téléphone. A l’Aéroport international Blaise Diagne de Diass (Aibd), un seul vol, en provenance de Bamako, a été géré par les contrôleurs aériens qui ont entamé hier à 8h, une grève de 72h. Peut-être à durée indéterminée, si un accord n’est pas trouvé très rapidement.

Par contre, les resultats des discussions d’hier annoncent une sortie du secteur de la zone de turbulence. Avec l’implication des chefs d’Etat, le ciel pourrait être dégagé dans les 18 pays membres de l’Asecna. En marge du Sommet de la Cedeao, tenu hier à New York, la question a été évoquée par les dirigeants dont les pays sont membres de l’Asecna. «Ils sont très en colère, parce que c’est une situation inédite et inacceptable», avance un haut responsable de l’Asecna. «Regardez un pays comme le Sénégal, qui investit massivement dans l’aviation civile avec la construction de nouveaux aéroports à l’intérieur… Ça ne fait pas plaisir de voir une grève des contrôleurs aériens. Il faut rapidement trouver un accord», poursuit-il.

Hier, c’était le chaos dans plusieurs aéroports des capitales africaines. Avec la grève, plusieurs compagnies ont dû annuler leurs vols ou changer de planning. Air Sénégal a annoncé à sa clientèle, des annulations à prévoir sur le réseau de sa compagnie. «La Direction générale et l’ensemble des services de la Direction des opérations aériennes d’Air Sénégal, avec le concours du ministère des Transports aériens et du développement des infrastructures aéroportuaires, suivent la situation avec beaucoup d’attention et espèrent un retour rapide à la normale», indique un communiqué signé par la Direction d’Air Sénégal. Alors qu’Air Ivoire annonce l’annulation de l’ensemble de ses vols jusqu’à la résolution de la situation. A Abidjan, la compagnie Air France a annulé ses deux vols au départ de Roissy vers la France. Et dans l’autre sens. A Ouagadougou, Bamako, Bissau, entre autres, aucun vol commercial n’a atterri ou décollé.

Il faut savoir que les autorités de l’Asecna avaient saisi des juges des référés dans plusieurs villes pour suspendre le mouvement de grève. Au Sénégal, l’Etat avait aussi réquisitionné les aiguilleurs du ciel pour assurer la continuité du service aéroportuaire. En dépit de ces mesures conservatoires, l’Union des syndicats des contrôleurs aériens de l’Asecna (Usycaa) avait maintenu son mouvement. Mais, un service minimum sera assuré aux vols des chefs d’Etat et de gouvernement, aux vols militaires, aux vols effectuant des évacuations sanitaires, aux vols à caractère purement humanitaire et aux vols participant à des opérations de recherche et de sauvetage.

Il faut noter que l’Usycaa, qui avait annoncé une grève à partir du 25 août 2022 dernier, avait été convaincue par Macky Sall de ne pas mettre sa menace à exécution, lors d’une audience qu’il avait accordée aux responsables du syndicat. Les revendications de celui-ci sont relatives au renforcement des capacités opérationnelles, à l’épanouissement professionnel et au plan de carrière du contrôleur aérien de l’Asecna. «Trois piliers essentiels qui continuent dangereusement de s’effriter depuis la prise de fonction du Directeur général, monsieur Mohamed Moussa, en 2017, menaçant au passage la sécurité aérienne dans le ciel africain», assure le syndicat. Alors que pour l’Asecna, «la situation est terrible».
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