Banjul - Abrogation de la loi contre l’excision en Gambie : La colère du Collectif des femmes africaines

Le Collectif des femmes africaines s’est ému de l’annonce de l’abrogation de la loi contre l’excision agitée par certains députés gambiens au cours d’un point de presse. Pour elles, l’excision relève d’une pratique traditionnelle qui garde ses survivances dans certaines zones au Sénégal et en Afrique. En Gambie, une loi a été votée pour interdire sa pratique, mais celle-ci fait l’objet d’une tentative d’abrogation dans ce pays frontalier avec le Sénégal. Soulevant l’ire des Femmes africaines. «En Gambie particulièrement, puisque ce pays fait partie des lieux de pratique de l’excision. Il y a eu des femmes se sont battues pendant des années, près de trente ans de lutte, de travail de personnes qui vont dans les villages discuter avec les gens, expliquer les conséquences. Trente ans de travail pour avoir une loi. Et cette loi-là n’a été vraiment promulguée qu’il n’y a deux ans. Ça a pris tout ce temps de travail pour arriver à une loi. Et deux ans après, il y a des personnes, des hommes, qui proposent une abrogation de cette loi. C’est quand même extraordinaire qu’on puisse revenir sur quelque chose qu’on considère comme acquis, particulièrement sur une question aussi brutale», déclare Mme Coumba Touré dont la voix se joint à celles de Fatmata Diallo, professeure de Lettres et écrivaine, la présidente du collectif, Mme Nafy Sy Savané, une Franco-Ivoirienne, et la journaliste Mame Syra Konaté. L’excision, c’est «contrôler la sexualité de la femme emprisonnée dans son propre corps», selon les femmes africaines. «Aujourd’hui, nous disons non ! Parce que nous pensons que le corps des femmes doit appartenir aux femmes d’abord. Notre corps n’est pas un terrain de jeu, n’est pas un endroit où les politiques se font, où les hommes décident», affirme Mme Touré. «Ce que nous apprenons du cas de la Gambie, c’est que tout ce pourquoi les femmes se battent pour leurs droits, pour leur dignité, pour leur statut, tout ce qu’on gagne aujourd’hui peut demain être repris. Parce que c’est un cas extrême», avancent les femmes africaines.
«Oui nous sommes là et nous soutenons toutes les femmes de la Gambie qui se battent contre les mutilations génitales féminines. Nous sommes là pour nous-mêmes, pour nos propres voix, pour notre propre vie, pour dire que nous sommes des femmes et nous sommes des êtres humains. Nous sentons la douleur, qu’elle soit physique ou psychologique», ajoutent-elles. Les femmes africaines ont fait une vidéo pour s’ériger contre la persistance du phénomène.
Par Amadou MBODJI – ambodji@lequotidien.sn