Macky Sall a livré les leviers pour financer le développement de l’Afrique. Pour le chef de l’Etat, si l’aide au développement veut être efficiente, des réformes majeures doivent être faites sur les critères de notation des agences d’évaluation, l’assouplissement des règles de prêts de l’Ocde, entre autres. Par Malick GAYE –

Une aide qui aide à se passer de l’aide. Les pays africains en rêvent. Lors de la réunion du Compact G20 sur la coopération avec l’Afrique, le chef de l’Etat, qui y a pris part lundi à Berlin, a listé les réformes à faire pour atteindre cet objectif. Selon Macky Sall, il faut revoir les critères de notation des agences d’évaluation, qui ont «toujours tendance à exagérer le risque d’investissement en Afrique ; ce qui accroit les primes d’assurance et renchérit le coût de l’investissement». Aussi juge-t-il nécessaire d’assouplir les règles de l’Orga­nisation de coopération et de développement économi­ques (Ocde) pour les prêts crédits export, en baissant les primes de risque et en allongeant les périodes de remboursement. D’après ses explications, cela permettra de mobiliser des ressources plus significatives en complément des fonds concessionnels pour financer des secteurs-clés du développement, notamment les infrastructures, l’énergie, l’agriculture, l’eau, l’assainissement, la santé, l’éducation, etc. Il a appelé à «promouvoir davantage les financements mixtes qui associent les fonds concessionnels et les financements commerciaux. En somme, il faut accompagner les investisseurs privés par des mécanismes de financement appropriés», a ajouté Macky Sall. Avant de préconiser une réforme de «nos procédures dans les deux sens (pays partenaires et pays bénéficiaires) pour raccourcir les délais de con­ception et d’exécution des projets. L’Afrique a des besoins multiples et urgents dont la satisfaction demande plus de diligence dans le traitement des dossiers de projets. Nous devons travailler ensemble dans ce sens. Il n’y a pas d’incompatibilité entre la diligence et la transparence et le respect des autres normes qui encadrent la coopération pour le développement».

Macky Sall s’exprimait lors d’une table ronde sur le thème : «Renforcement de la coopération économique et promotion des investissements.»

S’agissant de l’énergie, Macky Sall a attaqué l’interdiction aux financements du fossile signée par 39 pays ou institutions en marge du Cop de Glasgow. «Cette position est à la fois injuste et incohérente, parce qu’elle signifie que les principaux pollueurs peuvent continuer à le faire pendant que les pays faiblement émetteurs devraient renoncer à utiliser leurs ressources disponibles pour assurer leur processus d’industrialisation et leur accès universel à l’électricité», a déclaré Macky Sall.
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