Burkina – Face à l’insécurité dans certaines régions : La Société civile menace d’appeler à la désobéissance civile

Si la sécurité ne s’améliore pas dans les régions les plus touchées par les attaques terroristes, le «Mouvement populaire sauvons le Burkina Faso» menace de lancer un appel à la désobéissance civile.Par Aliou DIALLO
– Une désobéissance civile plane sur le Burkina Faso. La menace émane de la Société civile regroupée autour du «Mouvement populaire sauvons le Burkina Faso». Elle compte lancer cet appel si la sécurité ne s’améliore pas dans les régions les plus touchées par les attaques terroristes. En effet, ces organisations veulent, à travers cet acte, dénoncer ce qu’elles appellent l’abandon d’une partie des populations aux groupes armés terroristes. «Ceux qui nous défendent aujourd’hui sont totalement débordés par les ennemis, par ceux qui nous attaquent, les terroristes. Vous voyez des communes où il n’y a plus de maires ou de préfets et les populations sont laissées à elles-mêmes. Comment ces dernières vont se débrouiller ? Est-on véritablement dans un Etat de droit ? », se désole Marcel Tankoano, président du directoire dudit mouvement sur Rfi. Le nombre de personnes déplacées est estimé à plus d’un million et demi, des villages entiers désertés sous la menace terroriste, des écoles fermées.
Face à cette situation qui se dégrade presque de jour en jour, les membres de ce mouvement, qui a contribué à la chute du Président Blaise Compaoré en octobre 2014, souhaitent un changement réel, surtout sur le plan de la sécurité. «Nous ne pouvons pas continuer dans cette gouvernance, ce n’est pas possible. Au moment où on chassait Blaise Compaoré, on avait espoir que les choses allaient changer. Je n’étais pas sorti pour faire partir Blaise Compaoré et venir vivre comme ça. Nous ne pouvons pas continuer à attendre. Nous sommes prêts à tout pour sauver les Burkinabè», fulmine encore Marcel Tankoano sur rfi.fr. Pendant que l’opposition fixe un ultimatum d’un mois au Président, Roch Marc Christian Kaboré, le «Mouvement populaire sauvons le Burkina Faso» ne donne aucun délai pour son appel à manifester suite à la dégradation de la situation sécuritaire.
Quelques jours auparavant, le ministre de la Défense, Aimé Barthélemy Simploré, avait lancé le 1er novembre, un appel à un «sursaut national» dans une «offensive décisive» contre les groupes djihadistes. Un appel survenu après deux jours d’attaques meurtrières au Nord et au nord-ouest du Burkina Faso. L’attaque d’un poste de police de la province du Sourou avait fait cinq morts du côté des hommes de tenue. A la suite, une dizaine de civils ont aussi été tués dans la région du Sahel. Et lors de la célébration du 61ème anniversaire des Forces armées burkinabè, le lundi 1er novembre, le ministre de la Défense s’est adressé à ses hommes. «Je demande aux Forces armées nationales de se mobiliser pour lancer l’offensive décisive en vue de reprendre le contrôle de tout le territoire national. Je voudrais qu’ensemble, nous puissions réaffirmer notre engagement ferme à intensifier le combat contre le terrorisme, à défendre la Patrie au maximum de notre potentiel», exhortait-il.
Environ 2000 personnes sont mortes et 1,4 million de personnes ont été contraintes à fuir leur foyer depuis 2015 à cause des violences liées aux groupes djihadistes, parfois mêlées à des affrontements intercommunautaires. D’après l’Afp, environ 460 éléments des Forces de défense et de sécurité ont été tués au cours des six dernières années, lors d’attaques djihadistes ou d’opérations intérieures.