Aliou Cissé n’a pas été tendre avec les responsables de la Caf. Le sélectionneur national digère mal l’heure à laquelle certains matchs sont programmés à la Can et le retour à une liste de 23 joueurs. Dans la même foulée, il fustige la décision de la Fifa de programmer le huis clos pour le match contre le Soudan du Sud.

Par Woury DIALLO – C’est un Aliou Cissé très en verve qui a fait face à la presse hier, pour les besoins de la publication de la liste des joueurs pour les deux prochains matchs du Sénégal, face au Soudan du Sud le 18 novembre à Dakar et contre le Togo le 21 à Lomé, dans le cadre des deux premières journées des éliminatoires du Mondial 2026. D’abord, le technicien a dénoncé l’heure de la programmation de certains matchs lors de la prochaine Can, prévue du 13 janvier au 11 février 2024 en Côte d’Ivoire.

«On avait joué lors de la dernière Can à Bafoussam, à 14 heures. On était finalistes en 2019. On arrive en altitude, on nous programme à 14 heures contre le Zimbabwe, la Guinée. Il n’y a aucun médecin qui vous dira que jouer à 14 heures, c’est bon pour la santé des joueurs. Il est important que la Confédération africaine pense aux joueurs», a fustigé le sélectionneur des Lions. A l’en croire, «pour que la Can soit belle, il faut aussi mettre les joueurs dans les meilleures conditions de performance. On ne peut pas être performant en jouant à 14 heures. Il n’y a pas que moi qui suis dans cette situation. Et il n’y a aucun entraîneur qui est d’accord pour jouer à 14 heures. Quand on parle de la troisième compétition mondiale, l’évolution de cette compétition ne peut pas être seulement au niveau des gradins, des hôtels. Il faut aussi penser aux acteurs. Ce n’est pas une bonne chose de jouer à 14 heures».

C’est avec la même énergie que le coach des Lions a regretté le retour à une liste de 23 joueurs pour la plus prestigieuse compétition africaine. Alors que lors de la précédente campagne au Cameroun, chaque sélection avait le droit de convoquer 26 joueurs, notamment pour des raisons liées au Covid.

«Aujourd’hui, tout le monde est conscient de la difficulté de cette Can. Entre les baisses de forme, les suspensions, les maladies, je pensais que la Caf aurait pu laisser le fait qu’on reste à 26 ou 27. En réalité, cela ne gâchera rien du tout. Pour nous les entraîneurs, cela nous permettra d’avoir plus de possibilités. Depuis 8 ans que je suis ici, j’aurais aimé que la Caf puisse nous demander notre avis», s’est désolé Aliou Cissé. Avant d’ajouter : «C’est vrai que le football africain a beaucoup progressé, s’est beaucoup développé, au niveau des joueurs, des infrastructures, mais ce serait bien qu’on demande l’avis des techniciens. Nous attendons une réponse de la part de notre Confédération.»

La Commission Caf des anciens joueurs aussi pointée du doigt
Surtout que, souligne-t-il, «il y a une commission où on retrouve d’anciens joueurs, des légendes. Tous ces anciens joueurs ont eu à jouer sur le continent africain et connaissent les difficultés de jouer à 14 heures. Est-ce qu’on leur demande leur avis ? Est ce qu’ils sont associés quand les décisions se prennent ? Cela m’étonnerait qu’ils donnent leur aval pour faire jouer les équipes à 14 heures».

«Un huis clos difficile à digérer»
Aliou Cissé fustige aussi la décision de la Fifa de faire jouer le match contre le Soudan du Sud à huis clos, soulignant que le public et aussi l’Equipe sénégalaise ont souvent été considérés comme très fair-play, au point d’être primés lors de la Can 2019 ou encore au Mondial 2018 en Russie.

«On n’arrive pas à digérer ce huis clos. En termes d’éducation, de fair-play, le Sénégal a toujours été un exemple. Durant la Coupe du monde 2018, le Sénégal avait remporté le prix Fair-play. A la Can 2022, on a montré à quel point nos supporters sont disciplinés et attachés à leur Equipe nationale. Donc, on ne peut qu’être malheureux. On est chez nous, on a besoin de notre public, de nos supporters. Les priver de voir leur Equipe nationale, je trouve que c’est inadmissible, ce n’est pas normal. Mais on jouera pour eux. Et comme on dit, loin des yeux, près du cœur. J’espère que ce sera la dernière fois. On est un exemple sur le continent africain», souligne le technicien sénégalais.

Pour rappel, le Sénégal a été sanctionné, le 2 mai 2022, par la Commission de discipline de la Fifa, d’un match à huis clos et d’une amende de 170 866 euros (environ 112 millions Cfa), pour les incidents survenus lors du barrage retour des qualifications pour le Mondial 2022, Sénégal-Egypte, le 29 mars 2022 à Dakar.
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