Cap-Vert – 2ème Forum de l’Acnoa organisé à Sal : Les femmes veulent plus de pouvoir
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Le chemin vers l’inclusion effective des femmes, en particulier sur le continent africain, tant au niveau sportif que technique et administratif, semble encore long. Car il reste de nombreux défis à relever, notamment les stéréotypes socioculturels et religieux, la discrimination fondée sur le sexe et le manque de financement et d’infrastructures adéquates.Par Arlinda NEVES (correspondante particulière) –
Il s’est tenu à Sal, au Cap-Vert, lundi et mardi derniers, le Forum africain sur le genre dans le sport organisé par l’Association des comités nationaux olympiques d’Afrique (Acnoa). Cette rencontre a été un moment de sensibilisation et de plaidoyer auprès des communautés et des comités sportifs pour un plus grand suivi des politiques pour la promotion des femmes, notamment en termes de financement et de formation, et aussi la mise en place d’un cadre législatif solide dans les pays respectifs pour garantir une parité effective, mais également pour lutter contre le harcèlement moral et sexuel dans le secteur.
Après deux jours de débats intenses afin de trouver les meilleures stratégies pour promouvoir et augmenter le nombre de femmes dans le sport, les responsables de l’Association des comités nationaux olympiques d’Afrique ont établi et porté à la connaissance des participants, une série de défis à relever dans les mois à venir. Filomena Fortes, présidente du Comité olympique du Cap-Vert, fait un inventaire : «Les barrières et discriminations liées au genre, souvent ancrées dans les normes sociales, limitent le potentiel, notamment des femmes africaines, et les empêchent, dans les contextes les plus divers, de contribuer pleinement à un sport sûr et durable, et à travers lui, à une Afrique plus juste.»
Filomena Fortes a également soutenu que l’égalité des sexes dont on parle beaucoup dans les conseils d’administration, devrait donc faire l’objet d’une plus grande attention, en allant sur le terrain des jeux pour combattre les stéréotypes, les discriminations et les barrières liés au genre, et en promouvant les bonnes pratiques avec les organisations africaines pour que l’égalité des sexes soit «plus visible à tous les niveaux». A ses yeux, il faut que «la représentation des sexes soit plus équilibrée dans les postes de direction et d’administration interne». A cet égard, la dirigeante sportive a également rappelé l’une des lignes directrices du Comité international olympique, qui vise à atteindre une représentation d’au moins 30% de femmes dans les conseils d’administration, les fédérations sportives et les comités olympiques nationaux au cours des prochaines années.
Pour sa part, Elisio Freire, ministre de la Famille, de l’inclusion sociale et du développement, a donné l’exemple du Cap-Vert, qui a déjà fait beaucoup de progrès en matière d’égalité des sexes. «Il dispose d’une législation moderne et d’une culture sportive appropriée», a-t-il dit. Mais, ce n’est pas encore totalement acquis. «Il y a encore un long chemin à parcourir», car «la majorité des associations sont présidées par des hommes, plus de 90% des entraîneurs sont des hommes et nous devons égaliser les chances», enchaîne-t-il. Il a également réitéré l’appel à la tolérance zéro en matière de harcèlement moral et sexuel dans le sport dans les pays respectifs car, selon lui, «la législation seule ne suffit pas», il faut donc «créer des normes et procédures dans les fédérations et comités olympiques».
Certes, pendant le débat, les femmes athlètes et dirigeantes sportives ont demandé plus de sensibilisation et de plaidoyer auprès des communautés et des comités sportifs. Elles veulent plus de femmes à des postes de responsabilité, plus de suivi des politiques mises en avant pour le secteur des femmes, plus de financement pour la formation, l’inclusion de plus de cours dans les universités et la formation de journalistes sportives. Elles ont également demandé aux comités des actions concrètes visant à éliminer les stéréotypes sociaux, culturels et religieux qui empêchent les femmes de participer au sport, la mise en place et l’application d’un cadre législatif solide et l’amélioration des infrastructures sportives dans leurs pays respectifs afin de garantir une parité effective dans le sport.
Mustapha Berraf, président de l’Association des comités nationaux olympiques d’Afrique (Acnoa), estime que le forum a apporté des stratégies «réalisables» qui permettront de pérenniser l’égalité des sexes sur le continent. «Cela nous donne une direction et le résultat de la ligne directrice de notre plan stratégique 2020-2024 qui met la femme au centre de toutes ces préoccupations dans la promotion du sport. L’Acnoa que j’ai le privilège de présider, souhaite résolument simplifier, avec tous les acteurs du sport continental, une approche progressive de l’action en faveur des femmes africaines dans le sport», a-t-il réitéré.
Le forum, qui s’est tenu lundi et mardi derniers, a réuni 54 pays africains et des experts mondiaux, ainsi que des représentants de la communauté sportive capverdienne. L’événement a été ouvert par José Maria Neves, président de la République du Cap-Vert, qui, par vidéoconférence, a appelé à un plus grand investissement dans la formation afin que personne, pas même les handicapés, ne soit laissé de côté, en promouvant l’inclusion et la massification des femmes dans les différentes disciplines sportives de la région.