Les populations du village de Mbawane, riverain du site de l’usine de fabrique de farine et d’huile de poisson de Cayar, sont très remontées contre les autorités. Elles ont manifesté leur colère en accueillant hier avec des brassards rouges le ministre des Pêches et de l’économie maritime, Alioune Ndoye, en visite dans les quais de pêche de Cayar et Fass Boye. «Non à Barna», ont-elles décliné devant le ministre qui a arrêté son cortège pour les écouter. A l’origine du courroux de ces populations, «les conséquences environnementales désastreuses avec le déversement des eaux usées et souillées et l’odeur nauséabonde que l’usine dégage depuis le démarrage de sa production». Ce qui, aux yeux des populations, a engendré «l’apparition de plusieurs infections respiratoires dans la zone». Ainsi, elles ont lancé un appel au ministre pour qu’«une telle injustice soit réparée», conformément «à la Constitution, donc au Code de l’environnement qui nous garantit un environnement sain et qui lutte contre les différentes sortes de pollutions». «Ces genres d’usines, de grands pollueurs, devraient être dans les normes implantées à l’extérieur des villes, mais à Cayar l’usine a été installée au cœur de la zone habitable», dénoncent les populations.
Après avoir sagement écouté les doléances des habitants, Alioune Ndoye explique : «S’il y a problème, il faut donc qu’on s’assoie autour d’une table pour discuter parce que moi je ne prends pas de décision à la légère.» Il prend ensuite congé des manifestants.
Au banc des accusés, le directeur général de Barna Sénégal, Babacar Diallo, comprend cette montée de colère. Il dit : «Dans tout projet il y a toujours des réticences. Mais ce qui nous intéresse au niveau de Barna Sénégal, ce n’est pas une minorité opposante, mais les 25 mille habitants de la commune qui y trouvent leur compte. Ce qui nous intéresse, c’est la jeunesse de Cayar qui est là et qui voulait faire l’émigration clandestine, et qui préfère aujourd’hui rester ici et travailler avec nous.» Malgré les protestations, M. Diallo se «réjouit» du soutien de la population. Il emploie «860 personnes dont 60 emplois directs, 300 indirects et 500 femmes avec qui nous avons une ligne de crédit au niveau d’une banque de la place. Nous les avons financées à hauteur de 100 millions de francs Cfa.» Quid de la pollution provoquée par l’usine ?
«Barna Sénégal est un projet de 7 milliards F Cfa. C’est une usine leader au niveau de l’Afrique de l’Ouest. C’est à Barna Sénégal que vous voyez des types de machines spécialisées dans le traitement des odeurs et des eaux usées. Toutes les normes environnementales sont respectées. Nous avons notre certificat de conformité environnementale. Et au niveau du ministère de l’Environnement, nous avons notre attestation d’exploitation», enchaîne Babacar Diallo, qui est assez optimiste sur la poursuite des activités de son usine dans un contexte de défiance. In fine, il ne comprend pas ce tollé autour de l’implantation de Barna Sa à Cayar. «Le Sénégal partage la même biomasse que la Mauritanie qui compte aujourd’hui une vingtaine d’usines de farine de poisson, de même que la Maroc qui en compte une trentaine et la Gambie, un petit pays, ou il y a 3 usines. Au Sénégal, nous en avons 4», détaille-t-il.
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