Des journalistes qui boudent, manque total d’organisation, des heures d’attente… L’installation de Aliou Sall à la tête de la Caisse des dépôts et consignations n’a pas été de tout repos hier. Après plus de 6 heures d’attente, le frère du Président Macky Sall, qui s’est confondu en excuses, a décliné sa feuille de route.

La croix et la bannière… Prendre part à la cérémonie de passation de services entre Thierno Seydou Niane et Aliou Sall à la tête de la Caisse des dépôts et consignations (Cdc) n’était pas loin du supplice pour les invités hier. Dans une salle étroite et ultra-surchauffée, où les climatiseurs soufflaient un vent de canicule, les hôtes étaient priés de rester debout. Pour une cérémonie prévue à 10h, ils étaient loin de se douter que le calvaire venait de commencer. Les heures passaient sans la moindre trace de Aliou Sall et de son prédécesseur. A 13 heures, la presse rue dans les brancards. Le mot d’ordre est de quitter les lieux et boycotter. Une bonne partie s’exécute, d’autres journalistes, traités de «défail­lants», restent à l’affût. «On ne nous respecte pas», crie, en colère, un journaliste. «Gare aux défaillants qui vont rester !», menace-t-il. En attendant la chaleur dicte sa loi dans la salle où on transpire. Sans se désaltérer car les serveurs debout au vu et su de tout le monde rechignent à servir les délicieux boissons et jus de fruits qui décorent les tables. Ce n’est que vers 14h que la pause-déjeuner a été ouverte, sauf que l’alimentation était insuffisante pour tout le monde.
A 15h, une bonne partie des invités vide les lieux et d’autres s’asseyent à même le sol. C’est le cas de l’ancien maire de Guédiawaye, Cheikh Sarr. «C’est compliqué, mais ce sont les exigences de la République», sourit-il visage plein de transpiration. Finalement, l’attente va durer plus de 6 longues heures. Ce n’est que vers 16h18 que Aliou Sall et Thierno Seydou Niane pointent le bout de leur nez. Et là aussi, l’ambiance est indescriptible. Une bousculade s’ensuit entre les invités et les journalistes. Les Forces de l’ordre font parler leur autorité. Visage visiblement harassé qui se noie sous les ovations de ses militants venus de Guédiawaye, Aliou Sall s’est excusé de la longue attente avant de dérouler sa feuille de route. «Je m’engage à me montrer digne de cette confiance du président de la République en servant loyalement mon pays qui est le Sénégal», jure-t-il devant le président de la Commission de surveillance de la boite, Babacar Diamé.
Le maitre mot du nouveau Dg de la Cdc est la confiance : «La confiance des organismes, des partenaires financiers, des citoyens sous le contrôle de ses représentants et de la commission de surveillance… cette confiance tant dans sa quête que sa préservation sera le fil rouge de nos actions», s’engage le frère du Président Macky Sall qui promet également d’«inscrire la Cdc sous ce sceau des normes de qualité et de la certification». Il s’agit, selon Aliou Sall, de «respecter scrupuleusement les ratios et les règles prudentielles de la Cdc qui, malgré son statut d’établissement public spécial, est un établissement financier à part entière où la gestion des risques sera un des processus-clés» A l’endroit de son prédécesseur, Aliou Sall a salué la «grandeur», la «compétence» et «l’homme d’Etat» qu’est Thierno Seydou Niane. Sur un ton ironique, il dira : «Vous ne faites pas partie de ceux qui grincent les dents parce qu’ils ont bougé de position.» Peut-être un clin d’œil à Yaxam Mbaye, Youssou Touré et autres…
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