Un atelier sous-régional sur la responsabilité des médias et des professionnels de l’information dans la prévention des conflits en Afrique de l’Ouest. Initiée par Gorée institute, cette activité de renforcement de capacités s’inscrit dans le cadre du plan de travail annuel du programme consolidation de la paix et prévention des conflits de l’institut.

Ils sont au total vingt professionnels des médias, journalistes de la sous-région à prendre part à un atelier sous-régional sur la responsabilité des médias et des professionnels de l’information dans la prévention des conflits en Afrique de l’Ouest. Initié par Gorée institute, son objectif est de promouvoir l’observance des règles d’éthique et de déontologie dans l’analyse des données de conflit, d’encourager les bonnes pratiques professionnelles en faveur de la production d’une information fiable et utile sur des situations de conflit ou de crise violente d’une part, et d’autre part de contribuer à accroître la responsabilité des médias dans la prévention des conflits et la consolidation de la paix.
Revenant sur l’objectif de cette activité, le directeur exécutif de Gorée institute, Doudou Dia, explique : «L’une des motivations pour la tenue de cet atelier est une recherche faite depuis 4 ans sur le rôle des médias dans la prévention des conflits en Afrique de l’Ouest. La recherche a décelé qu’il y a des nécessités fortes de la part des professionnels de l’information et de la communication en termes de renforcement de capacités face aux nouveaux enjeux et défis sécuritaires. Ce sont souvent des questions qui n’ont pas été prises en compte dans leur cursus ou formation journalistique. Il s’agit de l’analyse des conflits, la couverture médiatique en zone de conflit et la question liée à la sécurité.» Dans son discours, M. Dia a insisté sur «la dimension prévention» qui est «est très importante». Selon lui, l’approche proactive est la meilleure pour prévenir et éviter un conflit. Il dit : «Le journaliste joue un rôle central dans tout ce qui est éducation des citoyens, la production d’informations fiables et à la prévention des conflits parce que ce sont des gens de terrain dont le relais est non négligeable.» Expliquant le regroupement de plusieurs professionnels des médias de la sous-région, Doudou Dia soutient qu’on «pense qu’il faut encourager des dynamiques régionales qui permettent à des journalistes d’horizons d’hivers de la sous-région de partager leur expérience et vécu».
Pour sa part, Oumar Brah Sou­leymane, journaliste nigérien, insiste sur l’importance de l’atelier dans l’amélioration de la pratique journalistique en zone de conflit. «Les journalistes ont un rôle fondamental à jouer dans l’éducation et l’information des populations. Notre sous-région, étant confrontée à des problèmes d’ordre sécuritaire depuis un certain temps, il est important d’avoir cette initiative pour renforcer les capacités des journalistes», dit-il. Et de poursuivre : «La formation arrive à point nommé, car elle va renfoncer les compétences que les journalistes ont d’une part et d’autre leur permettre d’améliorer leurs pratiques sur le terrain, notamment dans la prévention des conflits.» En écho, Kablan Bomo Brigitte, reporter-photographe ivoirienne, embouche la même trompette : «Personnellement, cette formation me permet de savoir le comportement à adopter dans certaines situations. Parce qu’on est tous exposé dans l’exercice de notre métier.» Pour une protection des journalistes, elle estime «qu’il faut un effort concerté de tous les chefs d’Etat africains pour leur permettre de mieux exercer et qu’ils trouvent des moyens adéquats pour les journalistes».

L’inertie de la Cedeao

L’Afrique de l’Ouest est minée par l’insécurité avec la montée du dijhadisme, la criminalité transnationale, le trafic d’armes et de stupéfiants, la piraterie, les insurrections et les enlèvements. En plus de cela, certains pays traversent des crises humanitaires générées par le conflit armé au Mali, l’action des extrémistes religieux au Nigeria. Aussi, il y a la sécheresse et l’insécurité alimentaire dans la région du Sahel, en particulier au Niger et au Burkina Faso. Devant ce tableau sombre de l’Afrique et la situation d’instabilité quasi-permanente dans laquelle baigne le continent, il y a lieu de s’interroger sur le mode de fonctionnement de nos Etats pour juguler ces questions. Il est alors impérieux, voire nécessaire de revoir certains mécanismes de fonctionnement de nos institutions.
Le cas de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) qui peine à trouver des solutions intégrées aux problèmes des populations en matière de règlement des conflits est assez évocateur. Sinon, comment comprendre qu’un organisme de la dimension de la Cedeao, avec des organes forts et bien structurés, n’arrive point à trouver une réponse aux multiples crises qui secouent l’Afrique de l’Ouest à cause d’une bureaucratie lourde ? Cela fait de la peine en constatant l’arrivée des contingents étrangers pour régler nos problèmes de sécurité intérieure. Cette situation est inacceptable. Les Etats membres de la Cedeao doivent être capables de trouver les moyens nécessaires pour son fonctionnement tant du point de vue financier que matériel. C’est un postulat qu’il faut changer en imposant une vision commune à l’image du règlement du conflit gambien. Mais c’est l’exemple qui confirme la règle.
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