Les villes saintes de Tivaouane, Ndiassane, Thiénaba, Keur Mame El Hadji Ndiéguène, Keur Cheikh Ibra Fall, entre autres, s’apprêtent à accueillir plusieurs millions de fidèles musulmans, pour l’édition 2024 du Mawlid Al Naby célébrant l’anniversaire de la naissance du Prophète Mouhammad Rassoulilah (Psl). Une parfaite illustration de l’effectivité d’une «capitale confrérique» que constitue la région de Thiès, laquelle offre au monde un exemple de stabilité et de coexistence communautaire pacifique au sein de l’écrasante majorité musulmane. Des musulmans qui ne sont pas de la même obédience confrérique, mais qui vivent leur islam en paix et en harmonie avec les enseignements du Saint Coran et de l’essence du message mouhammadien. Une «richesse» née du modèle confrérique incarné par d’éminents érudits de l’islam, à une époque où «ne pas être Thiédo et être dans l’islam était si rare qu’il devenait un trait distinctif pertinent», qui ont fini par asseoir, de façon permanente et constructive, le dialogue intrareligieux et celui interreligieux. Des hommes de Dieu qui se sont surtout révélés aux animistes, de la trempe du fondateur du village de Ndiassane, Cheikh Bouh Kounta, qui faisait connaître la religion musulmane et ramenait à l’islam un nombre considérable d’adeptes, du fondateur de la première institution d’enseignement supérieur en Sénégambie, l’Université de Pire, au 17e siècle dans le Kajoor (Cayor), Omar Fall (1555-1638), plus connu sous le nom de Xaali Amar Faal, qui était un Prince descendant de Decce Fundjoogu, premier Damel (roi) du Kajoor indépendant. Il y a aussi Tafsir El Hadji Ahmadou Barro Ndiéguène de Keur Mame El Hadji de Thiès, né à Kassass, à Kaffrine, en 1825 et rappelé à Dieu en 1936, qui fut un érudit de l’islam. Homme de Dieu d’une dimension exceptionnelle, pacifique, il a fortement participé à l’islamisation de Thiès, la rebelle et la païenne.Par Cheikh CAMARA-Correspondant –

La philosophie du Prophète Mohammad (Psl) a imposé à tous les musulmans, à la communauté tout entière, le devoir de propager la vérité, convertir les infidèles. Les musulmans désignent ce prosélytisme par le mot «Dawa», qui signifie littéralement appel, incitation, invitation à la foi islamique. A la question de savoir «qu’est-ce qui les a attitrés sur ladite zone ?», nombre d’islamologues de s’accorder sur une cause : «La présence très dense des «Tiédos».» Ils expliquent que «la région de Thiès, c’est presque la capitale, le bastion du tiédoisme. En conséquence, les hommes religieux, les Cheikh, dans leur dynamique d’islamisation, se sont fortement intéressés à l’empire du Cayor». C’est ce qui explique la présence de nombre de Cheikh en zone cayorienne, note le professeur d’arabe Ismaïla Diop, qui rappelle que «la famille Al Kountiyyou s’est d’abord installée dans le Cayor des profondeurs avant d’effectuer un élargissement avec la cité de Ndiassane». Il distingue, «un peu en retrait dans la ville de Thiès, mais toujours en zone cayorienne, l’arrivée de la famille Ndiéguène à Keur Mame El Hadji et de Cheikh Ibrahima Fall envoyé à Thiès par Serigne Touba». Sans oublier la famille Seck de Thiénaba, qui fait la jonction entre le Cayor et le Baol. C’est maintenant, remarque-t-il, «ce qui leur a permis d’installer des foyers ardents sur l’espace cayorien qu’ils ont réussi à quadriller». Et que «c’est dans cette logique de quadrillage que El Hadji Maodo de Tivaouane est allé dans le Cayor des profondeurs pour aussi créer la cité de Diacksao». Et tous ont prêché avec une éloquence persuasive et procédait en milieu «tiédo» à des conversions massives, pour finir par avoir beaucoup de fidèles sur qui ils eurent beaucoup d’autorité.