23 juin 2011-23 juin 2021 : 10 ans après son surgissement dans le champ politique, le Mouvement des forces vives de la Nation (M23), créé au lendemain des émeutes contre le fameux projet de loi dit de dévolution dynastique, de l’ancien Président Abdoulaye Wade, qui voulait instituer l’élection simultanée d’un Président et d’un vice-président au suffrage universel direct, a été hier célébré dans la division. Des milliers de manifestants ont défilé hier à la Place de la Nation, afin de marquer le dixième anniversaire du Mouvement des forces vives de la Nation (M23). Ils ont démontré que le mouvement était bien en vie. Au même moment, ailleurs à Dakar, d’autres leaders politiques, de camps opposés, ont rassemblé leurs partisans, pour commémorer la même journée.Par Ousmane SOW

– Quand un Peuple est uni, il est fort, mais quand il est divisé, il est faible. Hier, le M23 dans sa frange alliée au pouvoir en place, a tenu à prouver encore sa capacité de mobilisation qui lui était reconnue en 2011. Ils ont célébré très massivement. Pour autant, ce n’était pas une célébration, selon Amadou Sarr, coordinateur de M23. «Aujourd’hui, c’est une commémoration. Il y a des gens qui ont voulu nous imposer des tam-tams. Et avant la date, on leur avait bien dit qu’on ne fête pas mais on commémore», a-t-il indiqué. «De ces 10 ans, contrairement aux apparences, le Peuple sénégalais a réalisé de grandes avancées. Mais les leaders politiques croient que toute progression ou avancée se fait grâce à eux», dit-il sur un ton ferme.
C’est en effet, le 24 juin 2011, qu’a été créé le M23, par une coalition d’acteurs politiques de l’opposition et de la Société civile. La Place de l’Obélisque n’a cessé de grossir hier, au point de remplir toute l’esplanade et les axes. En l’absence du chef de l’Etat, le président Macky Sall, et leader du mouvement, les manifestants étaient impossibles à dénombrer, mais la mobilisation impressionnante semblait proche d’une campagne politique dans le contexte actuel, en vue des élections locales. «Oui à la République et non à la terreur», pouvait-on lire sur les t-shirts. De nombreux drapeaux aux couleurs nationales flottaient et des pancartes ont réapparu parmi la foule qui regroupait diverses composantes de la société civile et politique. La cérémonie s’est tenue entre 17h à 18h. Dans la loge officielle, onidentifiait entre autres, le ministre de la Santé et de l’action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, la ministre de la microfinance, Zahra Iyane Thiam, Abdou Karim Sall, Me El Hadji Diouf, et des responsables de la Société civile. Ainsi que des anciens collaborateurs ministériels comme Amadou Ba, ex-Grand argentier de l’Etat.
Avant les allocutions des autorités, la foule a observé une minute de silence en mémoire des disparus du 23 juin 2011. Fatoumata Guèye Diouf, coordinatrice nationale de Macky2012 et par ailleurs adjoint au maire des Hlm, qui a assisté à la célébration des 10 ans de M23, une célébration qu’elle ne limitera pas tout simplement pour le M23. «Depuis que le monde est monde, aucune lutte n’a était menée sans les femmes. Toutes les grandes luttes ont été menées par les femmes. Nous occupons cette place aujourd’hui, et nous comptons faire du Sénégal, un havre de paix où les femmes seront mises en avant», dira-t-elle avant d’exprimer un sentiment de satisfaction. De son côté, Mouhamadou Barro, membre du M23, a salué la posture du chef de l’Etat d’avoir accompagné l’esprit du M23. «Les combats démocratiques doivent être menés dans la paix et la quiétude. Il y a eu beaucoup de mouvement populaire et beaucoup de débordement dans cette partie de la Place de l’Obélisque», déplore-t-il. Selon lui, les partis de l’opposition, des gens qui sont rompus à la tâche et qui connaissent le mouvement citoyen, sont en train d’instrumentaliser un combat qui n’était pas à l’origine un combat politique. «Il y a eu beaucoup de dérives. Mais la logique du M23 continue d’être une logique citoyenne même si la grande majorité de cette mouvance a accédé au pouvoir», a souligné M. Barro, membre du mouvement des forces vives de la Nation.
Membre actif de ce mouvement, il déclare que «le M23 ne doit pas se mêler dans les batailles politiques entre opposition et pouvoir mais il doit être à équidistance en restant sur les grands principes, sur les combats démocratiques et sans calcul politicien». Les membres du M23 ont salué la démocratie sénégalaise qui s’est enrichie d’une expérience féconde. «C’est une date pour la restauration de l’Etat de droit et un rayonnement de la démocratie», a affirmé Pape Malick Ndour, Direc­teur général du Programme des domaines agricoles communautaires (Prodac).