La célébration du rite traditionnel du Kankourang a été assombrie ce week-end à Ngaparou et Kolda où des violences ont éclaté, causant des pertes en vie humaine. Face à ces dérives, le ministre de la Culture, de l’artisanat et du tourisme, Amadou Bâ, a réagi par voie de communiqué, dénonçant une dérive inquiétante qui menace un pan essentiel du patrimoine immatériel sénégambien.Par Ousmane SOW – 

Le ministre de la Culture, de l’artisanat et du tourisme, Amadou Bâ, a condamné, jeudi, les violences ayant émaillé les récentes célébrations du Kankourang dans plusieurs localités du pays, en particulier à Ngaparou et Kolda, et ayant entraîné des pertes en vie humaine. «Il m’a été donné de constater des scènes de violence inouïe ayant conduit à des pertes en vie humaine au cours de la célébration des festivités marquant la sortie traditionnelle du Kankourang, rite d’initiation culturelle mandingue, dans la commune de Ngaparou et à Kolda», a déclaré le ministre dans un communiqué. Pour Amadou Bâ, ces actes «inexplicables et déplorables» ne font que désacraliser une pratique reconnue par l’Unesco depuis 2005 comme patrimoine immatériel transnational du Sénégal et de la Gambie.
«Les autorités administratives locales constatent et dénoncent l’écart qui se creuse de plus en plus entre la fonction traditionnelle de ce rite et ce qu’il tend à devenir, au point de susciter souvent des mesures d’interdiction», a relevé Amadou Bâ. A cet effet, il a lancé un appel à la responsabilité des communautés détentrices et gardiennes de ce patrimoine culturel, ainsi qu’à l’engagement individuel et collectif. «J’en appelle à la responsabilité des communautés détentrices et gardiennes de ce riche héritage culturel, et à l’engagement individuel et collectif de tout un chacun, notamment des entités en charge de la perpétuation de ce legs, pour préserver et promouvoir cet instrument de cohésion, de communion et de transmission de savoir, de savoir-faire et de savoir-être aux générations futures», lance le tout nouveau ministre de la Culture, Amadou Bâ. Dans le communiqué, il a rappelé que le Kankourang, «loin de prôner la violence, doit plutôt jouer un rôle d’éducation, voire de formation et de préparation des jeunes à la vie adulte, de régulation, de préservation et de sauvegarde de nos valeurs culturelles et sociales». «Les violences engendrées par la sortie de ce personnage mythique des peuples de la Sénégambie constituent de plus en plus une tache sombre sur le rayonnement de la culture sénégalaise, et une réelle menace à la crédibilité de ce rite», rappelle-t-il. Amadou Bâ assure enfin que l’Etat ne restera pas passif.
«Le ministère de la Culture, de l’artisanat et du tourisme, en rapport avec les autorités compétentes, prendra toutes les mesures appropriées pour la préservation de ce patrimoine immatériel, dans le strict respect des lois et règlements en vigueur», a-t-il affirmé.
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