Accusé d’avoir ôté la vie à Babacar Diagne en 2011, Kaïré Ndiaye risque les travaux forcés à perpétuité. Il a été attrait hier devant la Chambre criminelle. Les faits en question se sont produits à Guédiawaye à la suite d’un combat de lutte.

L’accusé Kaïré Ndiaye va finir le reste de ses jours sur terre en prison, si le Tribunal suit le réquisitoire de l’avocat général de la Chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Dakar. Attrait hier à la barre pour «assassinat», Ndiaye a vu le ministère public requérir à son encontre les travaux forcés à perpétuité. Agé de 18 ans à l’époque, le jeune homme avait ôté la vie à Babacar Diagne au cours de violences entre supporters de deux camps à la suite d’un combat de lutte. Nous sommes le 3 sept 2011. Ce jour-là vers 21 heures, le papa de la victime informait les éléments du commissariat central de Guédiawaye du malheur qui vient de s’abattre sur son fils. D’après ses informations, il avait été poignardé par deux individus non encore identifiés. Le corps sans vie fut transporté à l’hôpital Roi Baudouin. Après un transport sur les lieux, les enquêteurs ont constaté sur place une large plaie à l’épaule gauche de la victime, mais aussi au cou. L’arrestation du mis en cause a été facilité par la collaboration d’un certain Doudou Diop Alias Boy Djinné, dont la rumeur désignait au départ comme étant le coupable. Entendu à la police, Boy Djinné a nié toute implication dans cette affaire. Il sera trahi par le vigile et l’infirmier du poste de santé de Médina Gounass où les premiers soins lui ont été administrés, après sa blessure à l’avant-bras. Alors devant l’évidence, il a reconnu avoir participé à la bagarre. Mais il révélera aux enquêteurs que le coup fatal à Babacar Diagne est l’œuvre de Kaïré Ndiaye. C’est ainsi que 4 jours après les faits, la police a mis la main sur le véritable auteur supposé du crime. Selon Kaïré, c’est à la suite d’un verdict contesté de la séance de lutte qu’une bagarre généralisée a opposé les deux camps. Et d’après lui, il a riposté avec une corne après qu’il a reçu des coups de gourdin du défunt. Après son forfait, l’accusé avait confié l’arme du crime tacheté de sang à son ami Mamadou Seck. Ce dernier, qui n’a pas comparu, risque 3 ans de prison ferme pour non dénonciation de crime, mais aussi pourrait payer la somme d’un million de francs Cfa d’amende du fait de trouble à l’ordre public causé, selon le Parquet. Au cours de l’information judiciaire, le neveu du disparu a indiqué que durant la bagarre, les filles ont été exfiltrées. Et c’est sur le chemin du retour, dit-il, que son oncle et lui ont été attaqués par deux individus dans la pénombre. La victime a été rouée de coups, le certificat de genre de mort fait état d’une blessure large de11 cm et de vaisseaux du cou sectionnés. A la barre, l’accusé dit avoir répondu à un coup, mais qu’il n’avait pas l’intention de donner la mort. «Ces assertions servies ici ne sauraient prospérer. Les parties du corps visées sont assez édifiantes sur la hargne de son auteur», assène l’avocat général au mis en cause. Pour le Parquet général, ne pas reconnaître les faits aujourd’hui, «c’est manquer de respect à la mémoire de la victime. Il dit avoir reçu un coup de gourdin à la jambe de la part de la victime et aucun élément ne le montre». Le ministère public a requis les travaux forcés à perpétuité. En réponse, Me Abdoulaye Tall de la défense dira que «rien ne prouve que Kaïré avait poursuivi Babacar Diagne». Et d’ajouter : «On ne peut pas condamner une personne sur la base d’allégations qui ne sont fondées sur aucun élément de preuve. Il n’y a pas de préméditation, ni de guet-apens.» Son confrère Me Ciré Clédor Ly a abondé dans le même sens. Ils ont plaidé la disqualification des faits d’assassinat en coup mortel. Ils ont aussi sollicité du Tribunal de retenir l’excuse de provocation et l’excuse de minorité. Eclairage sur tout cela le 11 septembre.

msakine@lequotidien.sn