A l’exception de Ibrahima Ndiaye qui avait écopé de 5 ans en première instance, les autres avaient pris la perpétuité. Jugés à nouveau par la Chambre criminelle, après l’appel interjeté par le Parquet et la partie civile, ils encourent des peines allant de 20 ans à la perpétuité. Ils seront édifiés le 28 avril prochain.

Ndèye Sokhna Lô, mariée et mère de 4 enfants, ne savait pas qu’elle avait rendez-vous avec la mort en sortant de chez elle le 20 décembre 2012. Elle avait croisé ce jour-là des agresseurs aux Parcelles Assainies (PA) de Keur Massar, Unité 11. Les malfaiteurs lui avaient réclamé la modique somme de 15 mille francs. La dame avait refusé de céder à leurs menaces. Ainsi, elle a été entraînée de force dans un bâtiment où elle a fait l’objet d’un traitement inhumain de la part des trois hommes. Après l’avoir dépouillée de tous ses biens, ces derniers ont sexuellement abusé d’elle. Et pour ne pas se tirer des ennuis, ils l’ont battue à mort avant de prendre la fuite. Quand le corps sans vie de la dame a été découvert, l’enquête a été confiée à la gendarmerie de Keur Massar. Mais grâce au téléphone portable de la victime, les agresseurs ont été arrêtés. Interpellé en premier, Ibrahima Ndiaye passe aux aveux en balançant les noms de Modou Ndiaye, Ndiaga Ndiaye et Hamidou Ly. Selon ses premières déclarations, ce sont derniers qui ont violé et tué la victime. A l’en croire, c’est Hamidou Ly qui a bâillonné et maîtrisé la dame. Et après l’avoir violée le premier, il a passé la main aux autres, même s’il prétend ne pas avoir pris part à cette ignoble entreprise. Mais ses déclarations ont permis aux enquêteurs de mettre la main sur le reste de la bande. Jugés en première instance pour association de malfaiteurs, meurtre avec actes de torture et de barbarie, et tortures, vol en réunion, viol collectif, non-assistance à une personne en danger, détention et usage de chanvre indien et détention d’armes blanches sans autorisation administrative, ils ont écopé de la prison à perpétuité alors que Ibrahima Ndiaye a pris 5 ans ferme. Seulement, cette décision ne semble pas être du goût de l’avocat de la partie civile. En fait, la robe noire, qui n’avait pas réclamé de dommages et intérêts, a interjeté appel.
Ils comparaissaient hier devant la Chambre criminelle spéciale de la Cour d’appel de Dakar. Aucun d’eux n’a voulu assumer ses actes. Ibrahima Ndiaye invoque une maladie de troubles hallucinatoires qu’il aurait contractée depuis son enfance pour se justifier. «Ce n’est pas Modou Ndiaye qui m’a remis le téléphone. Je l’ai acheté à Sandaga», a-t-il expliqué. Pour sa défense, Modou Ndiaye confirme ses propos devant le premier juge. Il a hébergé Ibrahima Ndiaye, dit-il, qui a été abandonné par sa famille. Leurs co-accusés ont juré sur tous les saints qu’ils n’ont pas participé à l’agression. Me Alioune Badara Ndiaye enchaîne : «C’est une bouteille de vin vide, un pantalon tâché de sperme et des résidus de chambre indien qui ont été découvert dans la chambre de Modou Ndiaye. Celui-ci, poursuit le conseil de la partie civile, avait reconnu les faits. Ces agresseurs n’ont laissé aucune chance à la victime», se désole Me Ndiaye qui sollicite l’infirmation partielle avant de réclamer 50 millions de nos francs.
Le Parquet général est «écœuré» par l’acte des accusés qui ont emporté la vie de la victime pour 15 mille francs. D’après lui, «tout ce que Ibrahima Ndiaye a dit a été vérifié et à aucun moment il ne s’est trompé dans la description faite préalablement au moment du transport chez Mamadou Ndiaye». «Si Ibrahima Ndiaye a pu faire ces déclarations, il ne peut pas souffrir de troubles psychologiques. Il était présent sur la scène du crime. Il veut faire acquitter les autres en arguant une maladie mentale», précise-t-il. Il ajoute : «Ce jour-là, lorsqu’ils sont arrivés sur les lieux, Ibrahima Ndiaye est resté à l’écart avant de rejoindre ses acolytes. Il a vu Modou Ndiaye poignarder la victime et les autres lui tenir en respect avant de la violer. Celui-ci est le meneur, c’est le général de la délinquance.»
Dans ses réquisitions, il demande au juge de condamner Modou Ndiaye aux travaux forcés à perpétuité, Hamidou Ly et Ndiaga Ndiaye à 20 ans de travaux forcés. Concernant Ibrahima Ndiaye, il pense qu’il n’allait pas porter parce qu’atteint psychologiquement. Selon Me Amadou Sall, «l’enquête a été mal ficelée». Pour lui, les accusés ont été arrêtés dans le tard et aussi il y a une incohérence dans les déclarations de Ibrahima Ndiaye. «On a trouvé dans la chambre de Modou Ndiaye des graines, un couteau et un pantalon taché de sperme. Mais cela ne justifie pas sa culpabilité, car on n’a pas trouvé en aucun cas du sang dans ses habits», fait-il remarquer en plaidant l’infirmation de la décision de la première décision et l’acquittement des accusés qui seront édifiés le 28 avril prochain.