Chambres surpeuplées, restaurants submergés, qualité des repas dégradée Le mal-être des étudiants

«La situation à l’Université Iba Der Thiam de Thiès (Uidt) est alarmante, car si les chantiers ne sont pas livrés dans les plus brefs délais, la promiscuité dans les campus sociaux risque de devenir catastrophique. La capacité d’accueil des chambres et des restaurants universitaires est déjà atteinte, exacerbant les conditions de vie et d’études des étudiants.» Le constat émane de la Conférence des amicales d’étudiants (Cae), seule structure dédiée à la défense des intérêts des étudiants de l’Uidt. Elle attire l’attention de l’opinion publique sur «la situation extrêmement préoccupante du campus universitaire concernant les retards significatifs notés dans l’achèvement des travaux et la livraison des pavillons de 1000 lits, du nouveau restaurant et du nouveau service médical». En outre, elle souligne : «Les chambres, désormais surpeuplées, ne peuvent plus offrir un espace de vie décent. Les restaurants universitaires, submergés par le nombre croissant d’étudiants, sont incapables de fournir un service adéquat, entraînant des files d’attente interminables et une qualité des repas dégradée. Un environnement de vie stable est essentiel pour permettre à chacun de se concentrer sur ses études.»
Le président de la conférence, Adama Sow Kébé, et ses camarades rappellent que «le ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, lors de sa visite à notre université, avait promis que ces chantiers, en phase terminale, seraient bientôt livrés afin de soulager la surpopulation au niveau du campus social». Malheureusement, s’inquiètent-ils, «les travaux n’avancent pas comme prévu. Pire encore, aucun ouvrier n’a été aperçu sur le site de construction depuis lors». Les étudiants tiennent à rappeler à leur ministre de tutelle que «l’objectif de stabiliser le calendrier académique, si essentiel pour la continuité et la qualité de l’enseignement supérieur, ne pourra toutefois être pleinement atteint sans des mesures d’accompagnement concrètes». Notamment «la livraison des pavillons de 1000 lits, du nouveau restaurant et du nouveau service médical pour alléger la pression sur les infrastructures existantes et sur le transport des étudiants vivant le plus souvent à 8 km du site de la Vcn».
Adama Sow Kébé et ses camarades trouvent qu’«il est donc crucial que ces mesures soient concrétisées dans les plus brefs délais». Aussi de prévenir : «En l’absence d’actions et de réponses rapides, nous nous réservons le droit de recourir à toutes les initiatives nécessaires pour défendre nos droits et améliorer nos conditions de vie et d’études.» La communauté universitaire de Thiès réclame «la finition et la livraison des infrastructures», mais aussi insiste sur l’urgence de «trouver des salles de cours pour les nouveaux bacheliers orientés». Elle dit constater, «avec beaucoup de regrets et d’amertume, les conditions déplorables de travail des étudiants de l’Uidt». Selon les concernés, l’Uidt, depuis sa création en 2007, n’existe que de nom. Elle est oubliée volontairement dans le programme de construction d’infrastructures universitaires. Elle manque de tout et doit être construite et équipée. Les étudiants de Thiès font remarquer que «leur université a un gros déficit d’infrastructures : 19 bâtiments sont en location. Ce qui fait que près de 40% du budget de l’université vont dans les paiements d’immeubles. L’Ufr des sciences de l’ingénieur est éparpillé dans la ville. Aussi, une absence totale de salles de cours aux normes qui fait que les cours se déroulent dans des chambres transformées en salles de classe et même dans un restaurant universitaire, alors que l’université compte 3500 étudiants. Après l’université Cheikh Anta Diop, nous accueillons le plus d’étudiants». Le coordonnateur du Saes de Thiès, Mamadou Babacar Ndiaye, indique : «Avec un budget de 8 mois sur 12, l’université est incapable de payer les salaires, les cotisations sociales, les fournisseurs et la couverture médicale. L’argent des inscriptions des étudiants, contrairement à ce qui est prévu, n’est pas utilisé pour améliorer leurs conditions d’études, mais pour payer les vacataires.» Les universitaires de Thiès ont exigé un plan d’urgence de 10 milliards pendant 6 ans, devant permettre la construction d’une véritable université, l’adoption, sans délai, de textes réglementaires pour ladite université, le recrutement d’enseignants et de personnels administratifs. Ils veulent un budget capable d’assurer annuellement les salaires, le fonctionnement, les cotisations sociales et la prise en charge médicale. La réhabilitation et le rééquipement de l’école polytechnique, la construction de logements sociaux, d’infrastructures sportives et culturelles pour les étudiants font aussi partie de leurs doléances.
Déjà, lors d’une visite de terrain à la rentrée 2023-2024, pour constater l’état d’avancement des travaux de vacances, les amicales d’étudiants de l’Uidt avaient conclu à «l’urgence de résoudre l’équation du nouveau pavillon de 1000 lits et du nouveau restaurant, à travers l’équipement et la réception dans les plus brefs délais». Elles remarquaient que «l’Uidt a atteint ses limites, la capacité d’hébergement est très largement dépassée, surtout avec le système de «clandotage»».
Des chambres pour 2 personnes que les étudiants occupent par 10 à 16
Les protestataires continuent de s’offusquer : «C’est un vrai casse-tête pour les établissements de disposer de salles pour une programmation des enseignements. Sur le plan social, les étudiants sont dans des conditions inhumaines, avec des chambres dimensionnées pour 2 personnes qu’ils occupent par 10 à 16 et l’aménagement de presque tous les espaces de détente (foyer, salle télé, etc.) transformés en dortoirs pour accueillir les nouveaux.» L’intersyndicale, depuis plusieurs années maintenant, réclame «ces infrastructures qui aujourd’hui ne répondent plus au besoin exprimé pour accueillir tous les étudiants, mais pourraient cependant contribuer à améliorer la situation inacceptable des conditions d’enseignement».