L’octroi de véhicules aux députés décrié par le parlementaire Guy Marius Sagna continue de faire parler. L’ex-député Cheikh Oumar Sy est monté au créneau hier pour afficher sa solidarité en Guy Marius Sagna en louant sa constance. Il dit qu’il y a «des dysfonctionnements plus graves que les primes». Appelant ainsi à des réformes pour remettre les choses à l’endroit.Par Amadou MBODJI – 

La sortie du député Guy Marius Sagna, pour dénoncer certaines pratiques au sein de l’Assemblée nationale et en déphasage avec la rationalisation des dépenses, continue de susciter des commentaires. L’ancien député Cheikh Oumar Sy s’en est fait l’écho en affichant son inquiétude. «Ce qui est préoccupant, c’est la manière dont sont acquis les véhicules. Il y a des rumeurs disant qu’un courtier, Cheikh Seck, aurait géré des marchés de véhicules pour l’Assemblée. Ce n’est pas normal. Il y a des sociétés habilitées pour ça. Cela montre qu’il y a des dysfonctionnements plus graves que les simples primes», constate Cheikh Oumar Sy. En phase avec la démarche du député en critiquant l’achat des voitures en faveur des députés, M. Sy se montre solidaire à l’endroit du député de Pastef en louant sa constance. «Guy Marius Sagna n’a pas changé. Il a toujours été dans la dénonciation, et sur ce point, il a raison. Les promesses de changement n’ont pas été tenues. Les conditions de travail des députés doivent être bonnes, mais il faut éviter le luxe et les abus», affirme-t-il. Parlant de la rupture annoncée, et qui tourne autour de la réforme tant attendue de l’institution parlementaire, l’ex-député note une lenteur dans sa mise en œuvre. «On attendait une vraie rupture. Mais des pratiques demeurent. Par exemple, seuls les membres du Bureau bénéficient de certaines primes, ce n’est pas tous les députés. Il faudrait plus de transparence sur ce qui est légal et ce qui est en dehors du Règlement intérieur», indique-t-il. Quid des réformes portées par le président de l’Assemblée nationale, El Hadj Malick Ndiaye ? Cheikh Oumar Sy salue certaines propositions tout en appelant à la rigueur.
«Certaines propositions circulent, comme la suppression du quorum, la dématérialisation des documents, la rationalisation du poste de vice-président, etc. Mais l’Assemblée nationale doit aussi respecter ses règles internes. On ne peut pas juste changer le nom de l’institution sur les documents officiels sans respecter la loi.» Ce dernier parle d’une évolution dans certaines pratiques au sein de l’Hémicycle destinées à offrir des avantages aux parlementaires.
«Oui, il y a des avantages. A mon époque, je ne me souviens pas que les députés touchaient plus de 500 000 francs pour certaines activités politiques. Mais aujourd’hui, il y a des appuis qui sont versés pour diverses raisons, comme pour la Tabaski. Ce sont des pratiques qui ont évolué», fait savoir Cheikh Oumar Sy. Le député Guy Marius Sagna a proposé une série de réformes visant à supprimer le «sukëru koor» (appui pour la Korité), les 150 000 F Cfa de crédit téléphonique, les 100 000 F Cfa de primes plénières, ainsi que les appuis pour la Korité et la Tabaski, respectivement de 300 000 et 500 000 F Cfa.
Reste à savoir comment le parlementaire de Pastef arrivera à convaincre ses collègues, qui bénéficient de ces avantages, à adopter ces réformes.
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