Cinéma – Palmarès du Festival du film documentaire de Saint-Louis : Le Grand Prix du jury à Samira El Mouzghibati

Le Festival international du film documentaire de Saint-Louis a baissé ses rideaux, ce samedi, par la remise des récompenses. Pour cette année, c’est le film «Les miennes» de la réalisatrice belge, d’origine marocaine, Samira El Mouzghibati, qui a reçu le Grand Prix du jury.
Par Ousmane SOW (Envoyé spécial à Saint-Louis) – La 16ème édition du Festival international du film documentaire de Saint-Louis, qui s’est déroulée du 29 avril au 3 mai, a pris fin, ce samedi, avec la remise des prix, à l’Institut français de Saint-Louis. C’est le long métrage documentaire Les miennes de la réalisatrice belge, d’origine marocaine, Samira El Mouzghibati, qui a remporté le Grand Prix du jury Stlouis’Docs. L’œuvre de Samira El Mouzghibati est un documentaire de 96 minutes qui se penche sur la question du lien maternel. La réalisatrice Samira El Mouzghibati filme sa mère et ses quatre sœurs, entre la région du Rif au Maroc, d’où sa famille est originaire, et Bruxelles, la ville où elle a grandi. «Etant la dernière de cinq sœurs, je sais que j’ai hérité d’une part douloureuse de leur histoire. En réaction à un évènement tragique passé sous silence, s’est créé un clan de sœurs dont ma mère était exclue. Depuis lors, entre nous, nous l’appelons «ta mère», comme si elle n’était plus des nôtres. Elle va s’exprimer pour la première fois», a écrit la réalisatrice Samira El Mouzghibati. Le jury a décerné également une mention spéciale à Catcher, du réalisateur Derhwa Kasunzu de la République démocratique du Congo. Un film qui, selon le jury, est «à la fois un acte de foi et de résistance, un film qui cultive l’émerveillement et la fraternité, contre l’oubli, l’effacement, la désolation et la disparition. Un film où les personnages nous fascinent et nous bouleversent».
Dans la catégorie court-moyen métrage, sur les 15 films proposés, le Prix du meilleur court métrage est attribué à Ibuka, Justice, du réalisateur Justice Rutikara du Rwanda. «Il faut déjà se réjouir de la grande qualité de films sélectionnés proposée à notre appréciation. Il est aussi souligné dans ce panorama, la diversité des sujets, des regards, des discours et des perspectives sur des questions aussi importantes que les enjeux mémoriels, les luttes sociales et politiques sur le continent, la justice, entre autres. Mais le jury recommande, toutefois, une plus grande attention pour les conditions de projection qui pourraient être meilleures pour coller aux nobles et belles prétentions de Stlouis’Docs, qui est un grand festival.» L’appel est lancé par le journaliste et critique de cinéma Aboubacar Demba Cissokho, président du jury des courts métrages. Le jury a également décerné une mention spéciale au film Les témoins de l’ombre de Ousmane Z. Samassékou du Mali.
«Kerool» et «Les coulisses du combat» distingués par Wido
Pour la compétition nationale, le film de Mame Woury Thioubou, «Kerool», a remporté une mention spéciale. Le documentaire de 15 minutes revient sur les évènements de 1989, entre le Sénégal et la Mauritanie, avec la déportation de milliers de négro-mauritaniens entre le Sénégal et le Mali. Le film raconte cet exil sans fin que vivent les réfugiés menacés d’apatridie, 34 ans après les évènements. Le Grand Prix Wido est attribué à Yvette Haberisoni pour Les coulisses du combat. A travers ce film sorti en 2025, la réalisatrice burundaise basée à Dakar dévoile ses luttes invisibles et sa résilience. Une ode à l’acceptation de soi et à la dignité humaine.
Pour le jury critique de l’Association sénégalaise de la critique cinématographique (Ascc), deux mentions spéciales ont été décernées. La première mention spéciale a été attribuée à Afrikki de Gaëlle Leroy, «pour sa structure narrative», explique la journaliste à Radio futurs médias, Ana Rocha. Et la deuxième mention à Hind Meddeb, la réalisatrice franco-tunisienne, pour son long métrage Soudan, souviens-toi, un film qui immortalise la révolution soudanaise de 2019 avec une caméra-poème. Le jury de la critique distingue ainsi le film capverdien Pririnha, de Natasha Craveiro. Pour rappel, cette année, le Sargal Doc a mis à l’honneur les réalisateurs Mary Jiménez et Bénédicte Liénard «pour leur précieuse contribution à la création documentaire». Un prix remis par Germain Coly, directeur de la Cinématographie. Par la même occasion, un hommage aussi, bien mérité, a été rendu au célèbre faux lion de Saint-Louis, Déthié Faye, qui illustre l’affiche du festival de cette année.
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