Deux jours de réflexion à la prison locale de Khouribga où des détenus ont pu, aux côtés de spécialistes de la question, s’interroger sur les lois marocaines sur l’immigration, mais également l’image de l’immigré dans le cinéma africain. C‘était en marge de la 20e édition du Festival du cinéma africain de Khouribga.

Pour réfléchir sur la problématique de l’image de l’immigré dans le cinéma africain, mais également sur la loi sur l’immigration au Maroc ainsi que les droits et devoirs des migrants africains, des personnalités de divers milieux professionnels se sont retrouvés durant deux jours à la prison de Khouribga au Maroc. L’objectif des initiateurs de cet espace de réflexion, qui ont ainsi voulu faire de «la prison un espace de prise de parole», est de mettre un accent sur les maux de la société. Ainsi, le secrétaire général du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (Ccme), Abdalah Boussouf, en évoquant l’immigration et l’intégration africaine, a mis l’accent sur l’expérience marocaine qui «se caractérise par une intégration et une approche fondée sur la dignité et le respect des droits et des valeurs humains». Cette approche, explique-t-il, favorise une meilleure intégration culturelle. Puisque l’étranger se sent forcément comme «chez lui».
Khadija Souari, un acteur associatif du Maroc, pense que «les composantes sociales comme la culture constituent le socle commun pour une intégration culturelle» puisque, expli­que-t-elle, l’échange culturel et son apport au Maroc pour les résidents étrangers comme dans les pays d’accueil de Marocains sont inestimables. Cet avis est d’ailleurs partagé par sa compatriote Fatima Ait Belmadi. Laquelle, dans un exposé très scientifique, a démontré, chiffres à l’appui, les retombées de la politique migratoire marocaine qui s’articule autour de l’équilibre entre le sécuritaire et le migratoire. Le cinéaste congolais, Balufu Bakupa Kinyinda, a porté un regard analytique sur l’image de l’immigré et de l’émigré dans le cinéma africain. Et il constate que la représentation que l’on fait de l’immigré ou de l’émigré dans le cinéma est «inhérente aux motifs et choix de nos réalisateurs». «Les procédés cinématographiques peuvent faire des frontières un point de rencontre ou un lieu de conflits et d’obstacle», explique Balufu Bakupa Kinyinda. Il précise que «la fabrique du départ est présidée par le désir de partir et de combler un manque». Et c’est justement ce regard, croit-il savoir, que les cinéastes africains tentent tant bien que mal à faire ressortir à travers l’image.
Au second jour du colloque, le secrétaire national des droits de l’Homme au Maroc, Mohamed Sebar, a abordé la problématique du dossier de la migration des étrangers africains au Maroc. En exposant la politique migratoire marocaine, il a notamment détaillé les procédures mises en place pour l’intégration des étrangers en insistant sur le fait que son pays ait toujours agi «juridiquement et humainement de façon correcte». C’est d’ailleurs ce qui a entraîné «une régularisation de la situation des ressortissants africains vivant au Maroc». Toutefois, Mohamed Sebar mentionne que les options prises par les autorités marocaines face à cette question des migrants africains sont «dictées par la conjoncture actuelle», car «le Maroc qui était un lieu de passage est devenu un lieu de résidence et d’accueil pour des milliers d’Africains et d’Asia­tiques». «Heureusement que le royaume chérifien a mis en œuvre les bases d’une nouvelle politique migratoire», a-t-il conclu.
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