Les femmes doivent accéder à l’information dont a accès tout le monde : c’est la conviction de Diana Senghor, directrice générale de l’Institut Panos Afrique de l’Ouest. Mme Diana Senghor l’a souligné hier à Saly, lors de l’ouverture du Colloque régional sur l’accès à l’information. Pour étayer ses propos, elle brandit le cas du Covid-19. «On sait combien il y a de malades, mais on ne sait pas combien il y a de femmes parmi ces malades. On sait que les conséquences de la crise sanitaire vont être économiques et sociales. Ces conséquences, elles, se font déjà sentir et on sait que ce sont les femmes qui sont les plus touchées par ces conséquences, c’est une injustice, une inégalité», clame la Dg de l’Institut Panos Afrique de l’Ouest.
C’est pourquoi elle invite les autorités à prendre des mesures importantes en faveur des femmes face à la crise post Covid-19. A en croire Mme Senghor, si le gouvernement veut un plan de relance efficace, il faut qu’il y ait des données en direction de ces groupes telles que «comment est-ce que les femmes ont perdu davantage de revenus quand elles sont dans le petit commerce. Mais il faut également que ces réponses soient appropriées. Il faut que les femmes soient incluses dans les réponses pour la relance économique et le plan social. Si on veut qu’elles soient incluses, il faut qu’elles parlent de manière efficace. Donc, il faut avoir une information sur les femmes et leur permettre l’accès à l’information. C’est un objectif, l’accès à l’information qui est poursuivi par le gouvernement du Sénégal. Donc, nous avons bon espoir que le processus actuel pour l’adoption d’une loi sur l’accès à l’information prendra en compte très sérieusement la dimension genre», a déclaré Mme Senghor.
En écho à ces propos, Mamadou Saliou Sow, secrétaire d’Etat auprès du garde des Sceaux, ministre de la Justice, chargé de la Promotion des droits humains et de la bonne gouvernance, a profité de cette tribune pour exposer sur l’expérience du Sénégal dans l’élaboration du projet de loi sur l’accès à l’information. Selon lui, l’avant-projet de cette loi a été partagé non seulement avec les administrations et les institutions, mais aussi avec les organisations de la Société civile et le secteur privé.
«Aujourd’hui, nous avons été invités par l’Institut Panos qui en réalité souhaite, dans le cadre de la préparation et de l’élaboration de cet avant-projet, qu’on tienne en compte de l’aspect genre. Donc, c’est très important. Nous avons entendu les suggestions de la directrice de l’Institut Panos que nous allons essayer de mettre en œuvre. Et il est important de rappeler que cette loi et cet avant-projet de l’accès à l’information sont un droit fondamental. Il est garanti non seulement par notre Constitution, mais aussi par les instruments nationaux et internationaux auxquels le Sénégal a adhéré», explique Mamadou Saliou Sow. «Cette loi va permettre à tout citoyen de saisir toute administration pour obtenir des informations relatives à la gestion des affaires. Enfin, avec ce projet de loi, le citoyen aura la possibilité non seulement d’obtenir des informations, mais si tel n’est pas le cas, il a la possibilité d’avoir des recours pour avoir gain de cause», a encore fait savoir le secrétaire d’Etat chargé de la Promotion des droits humains et de la bonne gouvernance.
Le Sénégal a pris, dans cet avant-projet de loi, des dispositions spécifiques, notamment à propos des Collectivités territoriales, pour qu’elles permettent aux citoyens de saisir le maire ou le président du Conseil départemental afin d’obtenir des informations qu’ils voudraient avoir.
En plus de cela, cette loi va permettre la mise en place d’une commission nationale d’accès à l’information qui sera changée de vérifier et de contrôler l’effectivité de cette loi.