En ce jour, le 8 mars célébrant la Journée de la femme
L’inégalité entre femme et homme dans le monde a toujours suscité de nombreuses controverses au cours des siècles. Bon nombre d’organisations internationales à travers leurs enquêtes ont révélé le discrédit à l’égard des femmes et jugé necessaire de lutter pour une réhabilitation de leurs droits. D’ailleurs, c’est ce que souligne le Rapport d’Onu-Femmes 2018 qui s’interroge sur l’état d’égalité des sexes dans le monde. Il porte à notre attention qu’il y a une légère amélioration dans cette lutte pour les droits des femmes.
Ce Rapport d’Onu-Femmes 2018, illustrant un état des lieux peu optimiste dans la condition de la femme, démontre également que seule l’amélioration des droits des femmes permettra de mieux combattre la pauvreté et autres problèmes auxquels nous faisons face dans le 21ème siècle tels que le réchauffement climatique. (Rapport Onu-Femmes 2018 : l’égalité des sexes, un droit et une nécessité pour l’humanité).
L’Onu-Femmes, en s’interrogeant sur l’égalité des sexes, pose une problématique qui est au coeur de la littérature victorienne (l’ensemble des ouvrages produits pendant le régne de la reine Victoria en Angleterre.) L’écrivain Thomas Hardy, auteur anglais issu de cette période, s’est préoccupé du sort de la femme et a soulevé des interrogations quant à sa place dans la société. II l’a illustré à travers un langage préfiguratif, à savoir l’écoféminisme, dans deux de ses romans Jude the obscure et Tess of the d’Urber­villes. Il serait donc intéressant en ce jour marquant la Journée de la femme de lire et analyser l’état d’évolution de la femme de l’ère victorienne à nos jours.
L’écoféminisme est défini, entre autres, comme un discours qui critique et remet en cause la domination et les pratiques patriarcales dont la femme est victim ; une étroite corrélation est généralement établie, comparant le sort de la femme à celui de la nature. En effet, autant la nature est innocente et sans defense, autant la femme est vulnérable devant le discours et les pratiques patriarcales. Il faut noter que le terme écoféminisme fut inventé par l’éminente féministe française Françoise d’Eaubonne dans son ouvrage Féminisme ou la mort, publié en 1974. Dans cet ouvrage, Françoise d’Eaubonne se contente d’expliquer le rôle important du féminisme à adresser des questions environnementales et de genre. A cette définition canonique de l’écoféminisme, les critiques de la fin du 20ème siècle ajoutent une orientation beaucoup plus élargie de l’écoféminisme. Ils argumentent que l’écoféminisme est un courant littéraire qui parle pour à la fois la femme, l’environnement, et aussi tous les autres groupes marginalisés, y compris les homosexuels, les lesbiennes etc. Pour eux, c’est la même opposition binaire que l’écoféminisme établit entre homme-femme, culture-nature, sujet-objet qui est reproduit entre les groupes marginalisés et la société dans laquelle ils vivent.
Concernant l’auteur que nous analysons dans ce présent travail de recherche, ces trois différents aspects d’opposition binaire (homme-femme, culture-nature, sujet-objet) apparaissent dans ses textes. Thomas Hardy, à l’image des critiques écoféministes de la fin du 20ème siècle, assimile la femme à la nature, et l’homme à la culture, à la société. Thomas Hardy dont les romans se déroulent en Angleterre au 19ème siècle peint une société patriarcale où la place de la femme est confinée au foyer. En vue de mieux décrire cette situation de la femme anglaise qui manque d’espace social et de pouvoir, Hardy a recours à l’écoféminisme pour mieux representer cette condition de la femme.
Dans son roman Jude the obscure, lorsque Jude, le personnage principal, rencontre Sue, elle prône la voix de la nouvelle femme intellectuelle. Elle a des idées très progressistes et taxe toujours Jude de traditionaliste. Dans la troisième section du roman, «at Melchester», elle suggère une nouvelle Bible à Jude en réarrangeant les textes à sa manière. Sue manifeste son desir de changer l’ordre des choses, mais elle finit par être une femme soumise et traditionaliste suite aux décès de ses enfants, entre autres circonstances. Pareille­ment dans Tess of the d’Urber­villes, Thomas Hardy établit une discordance entre ce que la nature demande aux femmes et ce que la société dicte. L’héroine de ce roman, Tess, est l’exemple parfait de la femme objet, et c’est pourqoi dans bien de passages, elle est assimilée à la nature.
Le rapport binaire que l’écoféminisme établit entre culture-nature, et sujet-objet permet de mieux comprendre les relations d’inégalité sociales, politiques, et économiques dans le 21ème siècle. Par exemple, la sous-représentation de la femme sénégalaise dans le champs politique et les pouvoirs de decision montrent qu’à des degrés divers, elle vit le même sort que celui de la femme victorienne. Comme l’illustre d’avantage le magazine Slate, il subsiste des écarts de salaire femme-homme au travail en Angleterre. Et cette même situation existe en Afrique où bon nombre de parents africains, de nos jours, n’ont pas les moyens pour scolariser leurs jeunes filles. Elles se retrouvent vendeuses dans les marchés ou aide-domestiques dans les maisons, donc assujéties très souvent à différentes formes de violences (physique, verbale, psychologique ou sexuelle). Dans la plupart des sociétés, la plénitude de la femme dépend du mari ideal. Les femmes peuvent soit avoir une vie heureuse auprès du mari «parfait» soit malheureuse avec un conjoint agressif ou infidèle.
Je rêve du jour où la femme n’est plus objet, mais plutôt sujet dans tous les secteurs de la vie. En cette Journée de la femme, je souhaite un épanouissement total à toutes les femmes dans tous les niveaux de la vie.
Soukeyna NIANG
ndeyesoukey@yahoo.fr