Commémoration des 50 ans : L’Orchestra Baobab feuillette son album souvenir

Depuis une année, l’Orchestra Baobab parcourt le monde, sur la trace des scènes mythiques qui ont rythmé une carrière de 50 ans. Vendredi dernier, c’est à Dakar, sur la scène de l’Institut français, que le mythique groupe s’est produit. Le moment d’ouvrir l’album souvenir.Thierno Koïté, saxophoniste et chef d’orchestre : «Un nouvel album va sortir au mois d’avril»
«Nous avons commencé à célébrer ces 50 ans depuis 2023. Et nous continuons toujours à fêter pour pouvoir se rappeler les anciens qui étaient là et qui ont formé ce fameux groupe. Nous ne nous lasserons pas de continuer de fêter à chaque fois, parce que ce sont des monuments qui ont créé ce groupe qui vit jusqu’à maintenant. Et nous souhaitons continuer ce travail beaucoup plus longtemps, tant que nous vivrons. L’Orchestra Baobab est un orchestre de variété. On ne fait pas de focus sur un genre de musique. Nous touchons à tout parce que la musique est universelle. L’orchestre joue toujours de la variété. Et l’album dont nous avons entamé le travail il y a 5 ans, va sortir au mois d’avril. Ce n’est pas très facile. A chaque fois, il faut jouer, revoir, rejouer et recomposer. Et là nous sommes presque arrivés à la fin du travail. Dans l’album, on a presque 14 morceaux parmi lesquels les «50 ans du Baobab», «Jambars yi» en hommage aux anciens. Et «Boulen dem», un morceau qui parle de l’émigration clandestine parce que l’avenir de ce pays c’est la jeunesse. L’Orchestra Baobab, nouvelle génération pourquoi, parce que nous jouons avec nos enfants, nos fils. Il n’y a que moi et mon frère Yahya Fall et mon cousin Moussa qui sont les plus âgés. Tout le reste, ce sont nos enfants. Ils essayent de s’adapter à nous et de nous écouter par rapport à ce que nous faisions avec les anciens. Donc, il y a une moitié de ce qu’ils sentent comme inspiration. C’est très important, la nouvelle génération qui arrive là. Nous allons bientôt décrocher, mais il va falloir qu’on accompagne ces jeunes-là pour que le baobab puisse continuer à vivre.»
Papino Kouyaté, Lead vocal : «Pour moi, l’Orchestra Baobab, c’est une grande université»
«J’ai commencé depuis 2021 avec les seniors. Pour moi, l’Orchestra Baobab, c’est une grande université, c’est une institution. Et je suis très fier de faire partie de ce groupe. Déjà, j’apprends beaucoup de choses avec eux et il y a toujours des moments forts. J’ai grandi avec la musique de Baobab. Certes, je ne comprenais pas les paroles, mais je connaissais déjà les morceaux. Et aujourd’hui, cette célébration, c’est une grande chose, surtout pour les vieux parce que, nous, on a rien fait encore. C’est un honneur de jouer pour un anniversaire de plus de 50 ans de carrière. L’Orchestra Baobab, c’est un groupe multidimensionnel, un groupe qui ne doit pas mourir. Et en tant que fils, je demande à tout le monde de nous soutenir. On est là pour porter le flambeau encore plus loin.»
René Sowatche alias Boléro, guitariste : «Il y a une discipline, une maturité dans l’Orchestra Baobab…»
«J’ai rejoint le groupe en 2015. Mais, c’est une toute petite histoire car au début, c’était quand même un peu difficile de reprendre les morceaux, les classiques…Un jour, j’étais en studio, ils avaient besoin d’un guitariste qui pouvait jouer la musique africaine, la salsa… Et quand j’ai joué le producteur était là, ils étaient tous étonnés vu mon âge. A l’époque, c’était étonnant de voir un jeune qui s’imprégnait autant dans la musique de ses papas. C’est ça qui m’a donné la chance de commencer à participer dans le groupe Orchestra Baobab. Et j’ai aussi eu la chance de participer à leur dernier album Tribute to Ndiouga Dieng. Et aujourd’hui dans le groupe, j’ai acquis beaucoup de choses. Il y a une discipline, une maturité dans l’Orchestre Baobab. Et ça me donne beaucoup de poids dans ma carrière professionnelle. Il y a une école Baobab. Tu ne joues pas ce que tu veux. On t’enseigne déjà le savoir et la discipline dans le jeu. C’est vraiment profond. Avec Baobab, les anciens ont su très tôt mettre les jeunes dans le système pour leur enseigner.»
Papa Manou Diop, ami de l’Orchestra Baobab : «J’ai écrit un livre sur l’Orchestra Baobab de 1970 à nos jours»
«J’ai écrit un livre sur l’Orchestra Baobab de 1970 à nos jours qui paraîtra peut-être dans un mois. Le livre s’intitule L’Orchestra Baobab : le panafricanisme. Je suis un ami de l’Orchestra Baobab que j’ai commencé à fréquenter depuis 1974. J’ai des amis comme Thione Seck, Mountaga Kouyaté et Balla Sidibé dont un de ses enfants porte mon nom. De 1974 à 1979, l’orchestre a produit 5 albums qui ont fait le tour du monde. Et ce sont des morceaux qui sont toujours présents dans l’esprit des Sénégalais. En 1979 et 1980, l’orchestre s’est disloqué, et c’est en 2007 que l’orchestre a repris. C’est un groupe qui a marqué son temps. Le Baobab, c’était une famille. Les gens étaient unis. Après la disparition des ténors, les gens avaient pensé que l’orchestre était mort. Ils ne pouvaient pas penser qu’il y aurait des jeunes qui pourraient reprendre ce que fait l’Orchestra Baobab. Thierno Koïté, chef d’orchestre, a joué avec toutes les grandes formations de l’Orchestra Baobab au Sénégal. Il y a Mountaga qui est là, qui à tout le répertoire de l’Orchestra Baobab dans sa tête. Les arrangements, ce sont Mountaga et Thierno Koïté. Il ne peut pas y avoir de faille. Aujourd’hui, comme chanteur, nous avons le fils de Mountaga Kouyaté qui s’appelle Papino et qui reprend tous les morceaux de Balla Sidibé, de Rudy Gomis et de Médoune Diallo. Donc, on n’a pas de problème par rapport à ça. Il y a aussi une fille qui nous a rejoints et qui s’appelle Korka Dieng qui chante aussi très bien et extraordinairement. Elle s’est bien intégrée dans le groupe. Aujourd’hui, il y a un nouveau répertoire parce qu’on s’est dit qu’il faut évoluer un peu et que nous avons aussi des jeunes qui ont leur empreinte à marquer dans la musique sénégalaise. Et c’est ce qu’ils sont en train de faire. Donc, il y a des morceaux arrangés et qui répondent aujourd’hui à la sollicitation du public sénégalais. La preuve, quand l’Orchestra Baobab joue, on remarque la présence des jeunes. Pour les 50 ans, les ressources sont là et on n’a rien à craindre. La relève est assurée.