Conséquences des manifestations sur le secteur du tourisme : Les craintes de Doudou Gnagna Diop
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A la faveur d’un face-à-face avec la presse, le président de l’Organisation nationale pour l’intégration du tourisme sénégalais (Onits), Doudou Gnagna Diop, estime que les tensions socio-politiques ayant occasionné une dizaine de morts au Sénégal vont avoir de terribles répercussions sur le secteur touristique.
Le président de l’Organisation nationale pour l’intégration du tourisme sénégalais (Onits), dénonce les manifestations ayant occasionné une dizaine de morts au Sénégal. Face à la presse, Doudou Gnagna Diop estime que ces émeutes «pourraient impacter gravement le secteur touristique». Le directeur d’Elite école hôtelière et touristique (Eeht) d’expliquer que «le Sénégal n’a jamais développé le tourisme intérieur. C’est-à-dire créer un marché touristique sur le plan national». Par conséquent, «s’il y a une crise comme celle de ces derniers jours, l’impact sera fortement négatif». Ce d’autant que «le secteur touristique sénégalais dépend à 80 voire 90% des marchés émetteurs. Cela veut dire que la clientèle vient de l’extérieur. Et donc, si notre pays vit des tensions socio-politiques, cela va avoir de terribles répercussions sur le secteur touristique parce que le touriste ne vient pas ici». En clair, assure-t-il, «le touriste vient dans des zones où il y a la paix. Le touriste ne va là où il y a la guerre. Pour dire, nous risquons de faire «un marché zéro», si on y ajoute les effets désastreux de la pandémie du Covid-19 qui sévit depuis un an, vidant complètement les hôtels». En guise de solution, M. Diop recommande de développer «un tourisme national, intérieur». Une proposition qu’il dit formuler depuis 40 ans. «Si on l’avait opté aujourd’hui, les impacts seraient moins douloureux», martèle-t-il. Dans son diagnostic, le président du Front social pour le tourisme indique : «On ne peut pas avoir une industrie nationale comme le tourisme et que la plus-value ne soit pas créée localement. Si on a 80 % de cette plus-value créés par les foyers émetteurs, on comprendra que notre économie ne puisse pas être viable pour la population sénégalaise. D’abord, le tourisme est local, parce que le touriste vient pour découvrir et être en contact avec les populations locales. Or, si ces dernières ne s’y retrouvent pas, elles vont plonger dans la frustration, l’insécurité et le sous-développement.» M. Diop regrette ainsi la situation au niveau de «la station balnéaire de Saly Portudal où, depuis un an, les hôtels ne fonctionnent presque pas. La paupérisation de la population locale s’aggrave. Plus personne ne travaille. Ceux qui avaient l’occasion de travailler avec la transversalité du tourisme ont perdu ce privilège». Et contrairement au Sénégal, «il y a des hôtels qui continuent d’ouvrir dans d’autres pays, malgré la crise sanitaire». Pour simplement dire que «nous n’avons pas bien choisi notre tourisme. Si par exemple la conception des hôtels était faite comme dans certains pays africains, la famille sénégalaise pourrait voyager, découvrir, aller séjourner dans un site touristique dans des conditions adaptées à notre mode vie et notre pouvoir d’achat».
Outre le développement du tourisme local, le promoteur touristique pense que «l’industrie touristique sénégalais a besoin d’un circuit de distribution, d’une centrale d’achat pour éviter certains manquements qui sont vraiment inconcevables». Il estime ainsi que pour «sauver l’industrie nationale touristique et hôtelière au profit surtout des générations futures, il est temps pour notre gouvernement d’approfondir la réflexion sur tous ces paramètres à travers la tenue des assises du tourisme, en vue, entre autres, de la mise sur pieds d’une centrale d’achat pour l’industrie touristique et hôtelière. Une telle initiative pourrait créer beaucoup d’emplois et aider les producteurs dans la création de coopératives, avec beaucoup d’autres opportunités».