C’est une légitimité politique que la junte au pouvoir voulait après les sanctions de la communauté ouest-africaine. Elle semble l’avoir acquise hier vendredi. Les Maliens sont sortis en masse pour soutenir le président de la Transition, Assimi Goïta, et ses hommes.Par Malick GAYE

– Une marée humaine ! L’adjectif n’est pas trop pour qualifier le rassemblement que les Maliens ont organisé ce vendredi. «Trop, c’est trop ! Nous voulons dire à la Cedeao que nous ne sommes pas d’accord avec elle», a déclaré Bakora Konaté, le Secrétaire général du Collectif national des acteurs de marché du Mali, au micro de Rfi. Cette  réaction, c’est l’objectif que la junte voulait atteindre en initiant cette rencontre. En effet, discrédités par les sanctions des chefs d’Etat de la communauté ouest-africaine qui veulent réduire le temps de la Transition, Assimi Goïta et ses hommes devaient trouver une légitimité auprès des Maliens. Il faut une union sacrée autour de l’essentiel, afin d’envoyer un message clair à la communauté ouest-africaine. C’est désormais chose faite. Les Maliens sont sortis en masse réaffirmer leur patriotisme. Mais avec la dureté des sanctions, cet élan de solidarité risque de se retourner contre la junte. En effet, pendant combien de temps, le Mali pourra vivre en autarcie et ce, malgré le soutien de la Guinée et de l’Algérie ?
En isolant le Mali, la communauté ouest-africaine vise officiellement à faire respecter l’ordre constitutionnel mais en filigrane, elle mise sur une bombe sociale. Car, si les Maliens ne peuvent pas vivre, il ne fait pas de doute que le pouvoir en place va payer les pots cassés.
Cinq ans ! Ou peut-être quatre, après une ultime concession…
C’est  le chronogramme proposé par les dirigeants maliens à l’organisation ouest-africaine, qui explique la sévérité des sanctions. Hors de question pour la Cedeao de voir le pays, un an et demi après la chute de Ibrahim Boubacar Keïta, plonger dans une période si longue que le terme de «transition» ne semble plus tout à fait adapté pour la qualifier.
Peu convaincus par les dernières concessions suggérées par le chef de la Diplomatie malienne, les dirigeants de la région ont donc décidé de couper le robinet. Ainsi, la fermeture des frontières entre le Mali et les pays membres de la Cedeao, le gel des actifs maliens au sein de la Banque centrale des Etats de l‘Afrique de l’Ouest, la suspension des transactions sauf pour les produits de première nécessité et pharmaceutiques, une coupure des aides financières et le rappel des ambassadeurs des pays membres au Mali, ont été décidés.
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