La plateforme Jammi Rewmi œuvre pour la prévention des violences politiques et entend faire signer une charte aux acteurs. Alioune Tine en a profité pour appeler le chef de l’Etat à prendre de décisions opportunes pour des élections apaisées et transparentes.

Par Dieynaba KANE –

«Que celui qui assure les responsabilités au plus haut niveau nous rassure, qu’il prenne toutes les décisions opportunes pour que la paix revienne et qu’on ait des élections transparentes, démocratiques et apaisées.» C’est l’appel lancé hier par Alioune Tine lors de la présentation de l’étude réalisée par la plateforme Jammi Rewmi pour la prévention de la violence. Analysant la situation qui prévaut en cette période de pré-campagne, le fondateur d’Africa Jom center constate «une incohérence» dans la démarche des autorités. «On arrête des gens, on libère certains, on a une espèce de confrontation entre l’Exécutif et le Judiciaire. Il ne faut pas qu’on fragilise nos Etats dans ce contexte de menace global», a-t-il prévenu. Et l’ancien président de la Raddho d’ajouter : «Il faut qu’on ait une administration non partisane, une justice indépendante et impartiale parce que c’est cela qui va amener la confiance et le calme. Il faut qu’on fasse en sorte d’avoir des élections transparentes, pacifiques et apaisées.» Pour y arriver, il en appelle à «la responsabilité absolue de l’ensemble des acteurs de l’opposition, du pouvoir, de l’Administration et de la Justice.»

«Si les enjeux du pouvoir sont plus élevés, c’est à cause des ressources»
Lors de cette rencontre, Alioune Tine a rappelé la démarche adoptée à l’époque par le Président Diouf quand le Sénégal avait connu une situation similaire. «Personne n’avait plus confiance en l’Administration, Diouf a pris un Général et en a fait ministre de l’Intérieur, et a mis un autre à la tête de l’Onel (Observateur national des élections). Cela nous a permis d’avoir des élections assez apaisées en 1998 et 40% de l’opposition au Parlement (…). Cette fois-ci, on a l’impression que plus on avance, plus on a de la tension», a-t-il souligné. Mais M. Tine est aussi convaincu que si «les enjeux du pouvoir sont plus élevés au Sénégal, c’est à cause des ressources». «Il ne faut pas que les ressources soient un enfer pour le Sénégal», a-t-il alerté.

Une charte sous la supervision de la Société civile et des khalifes généraux
La plateforme Jammi Rewmi, qui regroupe plusieurs organisations de la Société civile, a réalisé une étude sur les déterminants de la violence au Sénégal. Celle-ci, d’après Moundiaye Cissé de l’Ong 3D, a montré qu’il y a des «violences institutionnelles qui découlent du fait que des institutions comme la Justice ou la Police procèdent à des traitements sélectifs et aussi de l’im­puni­té par exemple avec ceux qui sont proches du pouvoir». A cela, il ajoute, entre autres, «les crises mal gérées, les inégalités dans la distribution des ressources». Outre cette étude, la plateforme a travaillé sur un plan d’actions pour les 3 prochaines élections pour que les violences puissent être prévenues. «Nous sommes dans un contexte très compliqué où il y a une ceinture de feu qui nous entoure. Le Sénégal doit se doter d’un plan national de prévention de la violence», a préconisé Moundiaye Cissé. En plus de la sensibilisation, les membres de cette plateforme vont élaborer une charte qui sera signée par les acteurs. «Cette charte va nous permettre de faire prendre des engagements aux acteurs politiques sous la supervision des acteurs de la Société civile et aussi des khalifes généraux», a fait savoir M. Cissé.
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