COP 26 – Financement de l’action climatique : L’appel de l’Afrique de l’Ouest

Avec 5 pays sur les 10 les plus vulnérables aux changements climatiques, l’Afrique de l’Ouest subit les chocs liés à ce phénomène avec la dégradation des ressources naturelles et de la biodiversité, les conflits grandissants entre les usagers de l’eau et de la terre, les migrations internes et externes plus abondantes, l’accentuation de l’insécurité alimentaire et de la pauvreté dans certaines zones. Face à cette situation, elle appelle les grandes puissances qui traînent encore les pieds, comme le montre la dureté des négociations au niveau de la Cop 26, et demande plus d’effort pour financer l’action climatique.Par Ousmane SOW
– Alors que la Cop 26 a baissé ses rideaux à Glasgow, l’Afrique essaie de faire entendre sa voix au milieu de la bataille des grandes puissances, les plus grandes émettrices de gaz à effet de serre. Dans une déclaration conjointe, la Cedeao, le Cilss et l’Uemoa ne cachent pas leurs préoccupations que les 5 pays les plus vulnérables aux changements climatiques se trouvent en Afrique de l’Ouest, après avoir rappelé qu’un réchauffement climatique de +1,5°C comme de +2°C sera dépassé au cours du XXIe siècle, à moins que des réductions importantes d’émissions de dioxyde de carbone (Co2) et d’autres gaz à effet de serre ne se produisent dans les prochaines décennies, et une température estimée à la fin du siècle à +2,7 °C est prévue par tous les experts. Selon ces trois organisations sous-régionales, l’Afrique de l’Ouest subit «déjà des impacts visibles et fait face à des enjeux colossaux tels que les dégradations des ressources naturelles et de la biodiversité, les conflits grandissants entre les usagers de l’eau et de la terre, les migrations internes et externes plus abondantes, l’accentuation de l’insécurité alimentaire et de la pauvreté dans certaines zones». «Nous sommes maintenant en état d’urgence climatique», indiquent le Cilss, la Cedeao et l’Uemoa, qui appellent la Cop 26 et la Cma 3 «à reconnaître cet état d’urgence et à souligner l’urgence d’une action accrue pour lutter contre le changement climatique». Ils affichent aussi l’engagement des pays d’Afrique de l’Ouest dans la lutte contre le changement climatique et déclarent que «leurs Cdn (Contributions déterminées nationales) ont été revues et mises à jour».
En revanche, ils ne cachent pas leur déception en constatant que le financement de l’action climatique cumulé est de 79,6 milliards de dollars en 2019, loin derrière l’objectif collectif de 100 milliards de dollars par an d’ici 2020, d’après le dernier rapport de l’Ocde. «Nous appelons à ce que la Cop 26 se concentre sur le financement de l’action climatique et la mobilisation effective de 100 milliards de dollars par an, jusqu’à ce qu’un nouvel objectif collectif très ambitieux de financement de l’action climatique soit adopté d’ici 2025 et réitérons l’idée que le processus de négociation sur la finance-climat doit être inclusif et bien informé, en particulier par le Comité permanent du financement sur les besoins des pays en développement», expliquent les pays de l’Afrique de l’Ouest.
Par ailleurs, ils demandent que le nouvel objectif de financement de l’action climatique «soit fixé à un niveau cohérent, avec les trajectoires requises pour atteindre l’objectif de l’Accord de Paris», l’établissement d’un calendrier commun de 5 ans pour les Cdn afin d’éviter une ambition et une flexibilité faibles, l’opérationnalisation de l’Objectif mondial d’adaptation en vue de fournir un financement adéquat, l’opérationnalisation du Réseau de Santiago et des recommandations claires pour financer les pertes et dommages et une approche équilibrée de l’atténuation, l’adaptation et l’inclusion dans le cadre du Bilan mondial contre les réchauffements climatiques (Gst, renforcement des capacités des pays en développement).
Stagiaire