Il a donné son nom au bassin rizicole dont la Société de développement agricole et industriel du Sénégal (Sodagri) a la charge du pilotage et de l’appui-conseil aux producteurs. Le village d’Anambé, à cheval entre les départements de Kolda et de Vélingara, est fatigué. Ses producteurs, qui ont investi les rizières du bassin, ne parviennent pas à faire de bonnes productions n’ayant pas accès aux intrants et aux terres en suffisance, disent-ils. Pour cela, ils réclament la tête du Directeur général dont le bilan est défendu par les agents de la société agricole.

Par Abdoulaye KAMARA (Correspondant) – C’est le temps des déballages. Les producteurs rizicoles du bassin de l’Anambé, ressortissants du village qui a donné son nom au bassin (Anambé), ne sont pas contents du Directeur général (Dg) de la Société de développement agricole et industriel du Sénégal (Sodagri) en charge du pilotage et de l’appui-conseil. Ils accusent Alpha Bocar Baldé de «mauvaise gestion de la boîte, de clientélisme politique, d’avoir contribué au renchérissement des coûts de production et de ne rien faire pour mettre à disposition les terres, des intrants de qualité et à temps». Au cours d’un point de presse tenu dimanche dans ledit village, le porte-parole des producteurs, Chérif Diallo, a pesté : «Nous dénonçons la gestion désastreuse du Dg de la Sodagri, qui a fini de transformer la Sodagri en une société politique sans résultats positifs. Nous dénonçons également l’accaparement du matériel agricole et des parcelles par le Dg et la Fédération des producteurs du bassin de l’Anambé (Feproba). Nous dénonçons la mafia autour des semences de mauvaise qualité par la Sodagri et la Feproba.» Aussi ont-ils réclamé «le départ du Dg de la Sodagri et la dissolution de la Feproba, ainsi qu’un audit de la boîte». Selon les producteurs, «le Dg et la Feproba ont contribué au renchérissement des facteurs de production. Le coût des prestations à l’hectare, qui était de 54 000 francs, est de 94 000 francs actuellement». Et puis, ajoutent-ils, «les intrants agricoles ne sont pas disponibles et les terres aménagées s’étant détériorées, nous réclamons leur réhabilitation». Conséquence, martèlent les riziculteurs du village d’Anambé et alentours, «nous avons faim. Nous achetons du riz importé et sommes endettés. Ce qui constitue un paradoxe».

La Sodagri botte en touche
Réponse du berger à la bergère. Les agents de la Sodagri, interrogés, ont qualifié les accusations des riziculteurs du village d’Anambé d’infondées. Samba Moussa Bâ, en charge des organisations de producteurs à la Sodagri, soutient : «Les terres ne sont pas gérées par la Sodagri. Elles sont confiées aux collectivités territoriales qui les distribuent. La Sodagri procède, tous les 2 ans, à l’audit des terres et à l’affectation ou à la désaffectation des terres qui ne sont pas exploitées.» Pour ce qui concerne le coût des facteurs de production, M. Bâ informe : «Les tracteurs appartiennent à des privés qui fixent leur prix pour amortir les investissements consentis. D’ailleurs, certains privés ont préféré laisser leurs engins dans la vallée du fleuve parce que le coût à l’hectare y est de 150 000 francs. Le coût des prestations des tracteurs de préparation de sol que la Sodagri gère provisoirement, est subventionné et coûte 20 mille francs par parcelle au producteur. L’accès aux financements et aux intrants dépend de la banque partenaire qui n’accorde pas de crédit aux mauvais payeurs. La Sodagri n’a rien à y voir. C’est le cas des semences qui ne sont ni produites, ni certifiées, encore moins notifiées par la Sodagri.»

Aussi, la présidente des productrices de riz du Bassin de Anambé, Mme Kane Ramatoulaye Bâ, a conclu : «C’est juste de la jalousie, l’envie. Leur village a reçu gratuitement la saison dernière, sur initiative du Dg de la Sodagri, 150 tonnes d’engrais Dap sur 2000 tonnes mises en place dont 500 t sur fonds propres de la Sodagri. Ils savent bien que les parcelles se trouvant dans le Secteur G sont en réhabilitation très avancée, 2 autres secteurs sont ciblés. Alpha Bocar Baldé, natif de la localité, ne peut pas faire moins que ses prédécesseurs à la tête de la Sodagri. Il a fait beaucoup mieux. C’est Bocar qui a encouragé les femmes à produire du riz. Et ça marche pour nous.»
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