Le chef de l’Etat avait accordé 50 milliards de francs Cfa au secteur du tourisme dans le cadre de son plan de relance. Néanmoins, cette décision présidentielle est bloquée par des lourdeurs au niveau du ministère. La Fédération du patronat du secteur voudrait que les choses s’activent, tout en insistant que cette cagnotte n’est pas à partager avec les acteurs de l’aéronautique par exemple.
Les acteurs du secteur du Tourisme attendent la concrétisation de la promesse du chef de l’Etat et la mise à leur disposition des 50 milliards de francs Cfa du fonds de relance qui doivent leur permettre de mettre à niveau leurs infrastructures, pour qu’elles soient prêtes à la compétition qui va s’ouvrir dès la fin de la crise économique liée au Covid-19. Le président de la Fédération des organisations patronales de l’industrie du tourisme du Sénégal (Fopits), Mamadou Racine Sy, n’a pas mâché ses mots hier, au cours d’une rencontre avec la presse, dans l’enceinte du King Fahd Palace hôtel.
M. Sy a indiqué que les milliards du fonds de relance ne doivent pas faire l’objet d’un partage avec les acteurs du secteur aéronautique qui ne devraient pas en bénéficier, selon ce qui avait été convenu lors de leur rencontre avec le chef de l’Etat. Pour ses collègues de la Fopits et lui, ce montant est destiné aux hôteliers, aux agences de voyage, ainsi qu’aux sociétés de location de véhicules, toutes structures fortement impactées par la crise du secteur.
Rappelant les efforts et les engagements de l’Etat, qui ont permis à plusieurs structures du secteur de tenir encore, le président de la Fopits a tenu à souligner qu’en plus des 50 milliards, le secteur attend toujours 15 autres milliards du crédit hôtelier, et qui tardent à être débloqués. Le patronat du secteur a souhaité que cet argent soit mis à la disposition de leur banque partenaire, la Banque nationale de développement économique (Bnde), pour lui servir de fonds levier afin de permettre de débloquer plus de financement qui prendra en charge les travaux de rénovation et payer les fonds de roulement des entreprises du secteur.
Racine Sy a insisté que le secteur touristique est sinistré, et que, malgré les efforts dans la lutte contre le Covid-19, la sortie du marasme n’est pas espérée avant 2023, au mieux. D’ailleurs, la situation est telle que, selon leurs chiffres, environ 40 mille emplois seraient déjà perdus depuis le début de la crise, il y a un an. Quant aux hôtels, c’est environ 400 emplois qui seraient déjà perdus dans l’ensemble. Le président de la Fédération a noté : «notre chiffre d’affaires a été divisé par 10 depuis le début de la pandémie», et personne ne voit encore le bout du tunnel.
C’est pourquoi l’accompagnement de l’Etat ne doit pas tarder, au risque de voir disparaître encore d’autres entreprises.
Licenciements : un acte de survie
Quant à celles qui désirent encore résister, plusieurs, à l’instar du King Fahd Palace et d’autres hôtels plus petits, ont dû réduire leur personnel. Mamadou Racine Sy, parlant en son nom comme celui de tous ses collègues dans la même situation, a affirmé que «toutes les procédures de licenciement ont scrupuleusement respecté la loi», mais que, en ce qui le concerne, il a pris l’engagement de reprendre en priorité le personnel déflaté, quand la situation économique le permettra. Ces allègements de personnel comme il les appelle, ont été justifiés par le fait que, pendant 6 mois, plusieurs entreprises du secteur du tourisme étaient obligées de s’endetter pour faire face à leurs charges de personnel. «Cela n’est pas concevable, mais nous l’avons fait, pour préserver les emplois. Mais en un moment, cela ne pouvait plus continuer, et nous avons été obligés d’arrêter.» Le King Fahd a ainsi déflaté 76 employés aux dire de son employeur. «Cela ne s’est pas fait de gaieté de cœur, car on n’a jamais envie de priver une personne de son gagne-pain, mais c’est la survie de nos entreprises qui était en jeu», explique-t-il.
L’Etat a, il est vrai, accordé des exonérations fiscales aux hôteliers, jusqu’à la fin de l’année. Mais ils ont introduit une demande pour prolonger les exonérations jusqu’à la fin de 2023. Et surtout, ils insistent pour qu’elles prennent également en compte, les entreprises de location de véhicules, ainsi que les agences de voyage, tous inclus dans la même galère.