L’Alliance des mouvements pour la force et l’intensité du travail (Am-fit) appelle le gouvernement sénégalais à mettre en œuvre, sans délai, un programme spécial de réserves alimentaires et ceci dès cette campagne agricole, pour prévenir cette famine annoncée par la Banque mondiale, le Pam, la Fao et l’Onu.

Par Ousmane SOW – Les effets de la crise ukrainienne commencent à se faire sentir. La crise a secoué l’économie mondiale et perturbé les chaînes d’approvisionnement de céréales…Et le Sénégal, loin des destructions directes provoquées par l’Armée russe sur le sol ukrainien, pourrait être confronté à la famine, qui ne résulterait pas d’une calamité naturelle comme en 1973. Si la Banque mondiale, le Pam, la Fao et les économistes prédisent la famine pour certaines régions du globe, les analystes les plus avertis prévoient que la crise durerait jusqu’en 2024 et donc, la plupart des pays exportateurs de vivres garderont pour leurs propres populations, leurs réserves pour faire face à la diminution de leur production du fait de la pénurie attendue d’engrais. «Il faut se préparer à toute éventualité. C’est une exigence de l’heure, une question de souveraineté et de sécurité nationale. Il ne faut pas attendre qu’il y ait des dégâts et si on ne fait rien, ce serait une catastrophe», avise Sanoussi Diakité, président de l’Alliance des mouvements pour la force et l’intensité du travail (Am-fit).
En conférence de presse mercredi pour attirer l’attention nationale et internationale mais surtout interpeller le gouvernement du Sénégal sur un péril qui se profile à l’horizon, à court terme, en raison d’une crise alimentaire résultant de la guerre en Ukraine, le président d’Am-fit appelle le gouvernement à mettre en œuvre, sans délai, un programme spécial de réserves alimentaires et ceci dès cette campagne agricole. Selon Sanoussi Diakité, il n’y aurait ainsi aucune excuse à l’inaction, car l’immobilisme est souvent la cause de nos difficultés. M. Diakité craint que le Sénégal ne puisse pas importer les 978 000 tonnes de riz dont il a besoin en moyenne par an, ni les 600 à 700 000 tonnes de blé qu’il consomme chaque année, à cause de cette crise. Selon lui, il ne s’agit pas d’être alarmiste, mais il faut faire montre du sens des responsabilités. «Allons-nous attendre que la famine s’installe et trouver par là le prétexte d’un appel au secours d’une hypothétique et conditionnée aide internationale ? Ou alors, allons-nous sonner maintenant et tout de suite la mobilisation nationale pour l’empêcher de s’installer ? Le gouvernement est interpellé, sa responsabilité est pleinement engagée pour prévenir cette crise. Il doit se montrer proactif et agir», analyse-t-il. D’après lui, l’Etat a les moyens et toutes les ressources pour assurer la souveraineté économique afin de prévenir cette famine annoncée. «Nous n’avons pas à dépendre de l’extérieur, ni à faire un endettement outrancier qui fait qu’aujourd’hui, l’encours de la dette représente jusqu’à 64% de notre Pib, et c’est intenable», a-t-il souligné.

Mesure alternative pour faire face
Sanoussi Diakité, inventeur, ingénieur des systèmes de formation et d’insertion et ancien Directeur général de l’Office national de formation (Onfp), explique que ce programme consisterait à organiser dans chaque village ou groupe de villages, un champ collectif de production de céréales pour alimenter un grenier sécuritaire et préventif placé sous la responsabilité du chef de village. M. Diakité pense que les moyens pour financer un tel programme existent. «Il suffit d’effectuer un prélèvement sur les 70 milliards de budget dégagés pour la campagne agricole 2022-2023, sur les fonds de la Derf/f ou sur les 150 milliards annuels du Programme d’urgence pour l’emploi et l’insertion des jeunes. Les jeunes seront chargés de la conduite de la production et seront rémunérés.» L’objectif, conclut-il, serait de constituer un stock de 2 à 3 millions de tonnes de céréales dans les différentes spéculations, mil, riz, maïs, sorgho, fonio, à travers une répartition géographique tenant compte des spécificités culturales des différentes zones.