Crise dans le système éducatif : Société civile et parents d’élèves préoccupés

L’Union nationale des parents d’élèves et étudiants du Sénégal (Unapees) et la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep) ont exprimé leur vive préoccupation quant à la situation qui prévaut dans le système éducatif. Ces deux organisations appellent l’Etat à ouvrir des négociations sérieuses pour dépasser cette crise et éviter un embrasement du système.
L’Union nationale des parents d’élèves et étudiants du Sénégal (Unapees) et la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep) sont très préoccupées de la tournure que prend la crise qui secoue le système éducatif. «C’est malheureux qu’on en arrive à ce point», fustigent les deux organisations. Pourtant, «ce samedi, à l’heure où le ministre de l’Education nationale faisait son face-à-face avec la presse, nous étions en conclave avec le G6. Ce dernier était dans de très bonnes dispositions, mais malheureusement Serigne Mbaye Thiam s’est précipité et son propos a radicalisé les enseignants», regrette Cheikh Mbow, coordonnateur national de la Cosydep.
Le président de l’Unapees regrette pour sa part le manque de réactivité de l’Etat. Rappelant le préavis de grève des enseignants déposé depuis décembre 2017, il estime que l’Etat aurait pu appeler à des concertations avant même la fin de ce préavis. «Mais la rencontre la plus importante avec les syndicats s’est faite avec le Premier ministre et celle-ci a eu lieu le 19 janvier dernier», note-t-il.
Pour ce responsable d’association de parents d’élèves, le gouvernement a laissé perdurer la grève. Revenant sur l’intervention du ministre Serigne Mbaye Thiam, il soutient que celle-ci a créé des fissures dans les rangs des enseignants. «Nous aimerions assister à un consensus pour d’abord mettre fin à cette grève et ensuite voir dans quelle mesure élaborer un réaménagement du calendrier scolaire et sauver ce qui peut l’être», indique Abdoulaye Fané, président de l’Unapees, qui prévient l’Etat d’un embrasement général de l’école. «Les élèves commencent à entrer dans une spirale de violences en allant jusqu’à s’attaquer à des policiers à Ziguinchor», indique-t-il.
La Cosydep insiste encore sur le dialogue. «Il ne faut pas malgré tout rompre avec le fil du dialogue», conseille Cheikh Mbow. Mais avant cela, le responsable national de la Cosydep suggère au gouvernement la restauration de la confiance. De son avis, il y a un réel problème de confiance entre le gouvernement et les enseignants. D’ailleurs, la Feder a posé comme condition la démission du ministre de l’Education. L’organisation syndicale estime que le départ de Serigne Mbaye Thiam va restaurer la confiance et ramener la sérénité dans les esprits. Le président de la République va-t-il suivre cette voie ?
En tout état de cause, soutient M. Mbow, il faudra appréhender cette question du dialogue avec sérieux. Aussi a-t-il noté d’arrêter d’évoquer des faux liens à connotation politique, comme le disent certains. «Dire que les syndicalistes sont des politiciens est la meilleure façon de compliquer davantage la situation», prévient-il. Pour le coordonnateur national de la Cosydep, au contraire c’est au gouvernement dans un premier temps d’accepter que c’est lui qui a créé cette situation pour n’avoir pas pu respecter les accords qu’il a signés avec les organisations syndicales et ensuite négocier avec les syndicats sur la faisabilité de ces accords et tourner définitivement cette page sombre qui gangrène le système éducatif. Pour ce faire, recommande-t-il, le chef de l’Etat doit se saisir du dossier. «Il doit affronter les résultats de l’étude sur le régime indemnitaire, les mettre sur la table, en discuter et corriger les injustices», plaide Cheikh Mbow.
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