Révélation de la Can 2019, la sélection malgache traverse des moments compliqués et la Fédération, officiellement dirigée par un président recherché par Interpol, est la cible de nombreuses critiques. Une situation qui préoccupe le chef de l’Etat.

La Can 2019 semble aujourd’hui bien loin. Mada­gascar, qui avait atteint les quarts de finale pour la première phase finale de son histoire, n’a pas réussi à se qualifier pour la prochaine édition, qui aura lieu au Cameroun en 2022. Et les deux défaites concédées face au Bénin (0-1, le 2 septembre à Antananarivo) et à la Tanzanie (2-3, le 6 septembre à Dar es-Salaam) lors des deux premières journées du deuxième tour des qualifications pour la Coupe du monde 2022 ont confirmé l’ampleur du problème. Les Malgaches ont compromis leurs chances d’accéder au troisième tour, en mars 2022.

Le chef de l’Etat voulait qu’on maintienne Nicolas Dupuis
Une situation face à laquelle Andry Rajoelina ne cache pas son agacement. Le chef de l’Etat s’était déjà prononcé publiquement contre la suspension du sélectionneur français, Nicolas Dupuis, qui avait conduit les Barea en quarts de finale de la Can en 2019. Il avait regretté «une décision unilatérale [et prise] sans concertation» en avril dernier, mais ne s’en était pas mêlé davantage, respectant le choix de la Fédération malgache de football (Fmf).
Les griefs de Raoul Rabekoto, le président de la FMF, à l’égard de Dupuis étaient de plusieurs ordres. Il y avait bien sûr l’élimination de la Can 2022, mais il lui reprochait aussi de s’être mêlé des affaires administratives, financières et commerciales de la Fédération, sans toutefois en apporter la preuve concrète. Il lui a donc préféré Eric Rabésandratana, un ancien joueur du Psg, sans tenir compte de l’avis du Comité exécutif. Andry Ra­joelina n’avait donc pas tenté de s’opposer à la nomination de Rabésandratana, qu’il avait cependant déplorée en privé.
Pour marquer son soutien à Dupuis (l’Etat prenait en charge 8000 des 12 000 euros de salaire du technicien, les 4000 euros restants étant versés par la Fmf), le Président malgache l’avait néanmoins propulsé en juin à la direction de la section football de l’Académie nationale du sport de haut niveau, une structure récemment créée.
C’est un fait, Rajoelina a beau s’astreindre à une certaine réserve, il suit de très près la sélection nationale et ses tourments. «Mais un président de Fédération [Raoul Rabekoto] en cavale et les mauvaises performances du onze national, ce n’est pas positif pour le pays.»

Le président de la Fédé visé par une enquête
En effet, Rabekoto est visé par une enquête pour abus de fonction, faux en écriture publique et usage de faux. Il est soupçonné d’avoir détourné 25 millions d’euros entre 2009 et 2018, lorsqu’il était le Directeur général de la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnaps). En fuite en Europe, il est visé par un mandat d’arrêt d’Inter­pol et risque, s’il devait être reconnu coupable, une con­damnation au pénal. La Fmf pourrait alors demander à la Fifa de le destituer de son poste de président.
Rabésandratana, dont les relations avec certains joueurs se sont dégradées et qui n’a pas répondu aux sollicitations de Jeune Afrique, pourrait voir son sort scellé dans les prochains jours. Nicolas Dupuis devrait, lui, être prochainement promu à la tête de la Direction technique nationale.
Avec Jeune Afrique