Le ministère de la Culture a, conformément à la volonté du président de la République, procédé hier à sa revue annuelle conjointe 2018. Présidant l’atelier de présentation et de validation de ce document où sont consignées les performances et les contre-performances de son secteur, le ministre de la Culture Abdou Latif Coulibaly a insisté sur les failles et manquements.

Les gens disent souvent que le linge sale se lave en famille. Mais hier, lors de l’atelier de validation de la revue annuelle conjointe 2018 du ministère de la Culture, le ministre Abdou Latif Coulibaly ne s’est pas gêné pour laver le linge sale de son ministère sur la place publique. Dans l’exercice qui consistait à rendre compte des résultats enregistrés au cours de l’année 2017, autrement dit faire le bilan des réalisations de chaque département du ministère de la Culture et des actions prioritaires pour 2018, M. Coulibaly a relevé les négligences, les oublis et le manque de coordination des directeurs, chefs de service et division de son ministère, en présence des représentants des ministères de l’Economie et des finances, de la Femme, famille et de l’enfance et autres. «Ce rapport, je l’ai reçu ici, aujourd’hui même. C’est vrai que j’étais en voyage, mais je pouvais le recevoir par voie électronique et le lire avant de venir. Tout ce que je dis, je le dis avec des réserves. Parce que je ne sais pas ce qui a été fait ou non. Mais il me semble qu’il y a quelque chose qui est insuffisant, nettement insuffisant dans ce document. Ce n’est pas la faute de la Cep (Cellule d’évaluation et de planification), mais des divisions et chefs de service. C’est inacceptable», s’est indigné le ministre de la Culture juste après la présentation du rapport par Ndèye Khoudia Diagne, coordonnatrice de la Cep du ministère de la Culture.
En effet, l’un des motifs du courroux du ministre de la Culture a été le fait que ce document rapporte que le ministère de la Culture n’a effectué que 61,70% de son budget. «Presque 34 voire 35% du budget n’ont pas été utilisés. Je voudrais simplement avoir une explication globale. Je voudrais savoir pour chaque direction, pourquoi on n’a pas exécuté le budget. Je veux une explication. Parce que la performance globale du ministère dépend de nos capacités à exécuter notre budget. Si on n’est pas été capable d’être présents à nos réunions à temps, c’est la preuve quelque part qu’on ne fait pas le travail qu’il faut. Ce n’est pas un reproche», dira-t-il.
Listant par ailleurs les manquements notés dans ce document, le ministre va déclarer : «Je crois que la Dpc (Direction du patrimoine culturel) a quand même développé des activités importantes qui ne se limitent pas simplement à la réhabilitation de certaines infrastructures que je n’ai pas vues dans la revue des résultats que nous avons pu enregistrer dans ce domaine. Il y a aussi d’autres perspectives qui sortent dans le département Patrimoine culturel. On ne l’a pas vu. Nous avons aussi la Biennale en préparation et ça comporte énormément d’innovations majeu­res, avec des perspectives assez réelles du développement du marché des arts. Je n’ai absolument rien vu sur les Manufactures des arts décoratifs de Thiès, le Musée des civilisations noires… Le Monument de la Renaissance n’est pas dans ce document. Qu’en est-il du Grand Théâtre ? Les activités des centres culturels régionaux ne sont pas reportées. Il y a quand même des choses assez importantes qui ont été faites», va-t-il lancer.
D’un air dépité, le ministre poursuit sa complainte : «On dirait que nous même on s’affaiblit. Parce qu’on n’est pas capable de restituer tout ce qu’on a fait pour donner des indications de performance et de contre-performance. C’est un travail sérieux.» Cela est, à ses yeux, un travail «extrêmement» sérieux. Certainement le plus sérieux de tous ! Aussi faudrait-il que tout le monde s’accorde sur ce fait et lui accorde une attention toute particulière. «Parce que nous sommes évalués sur cette base. En Conseil des ministres, quand le Président arrive avec ses documents, il se met à lister les ministères. Un budget exécuté à 61%, c’est vraiment la honte pour nous», annonce-t-il, trouvant même à la limite juste la ponction de 1,3 milliard de F Cfa effectuée par les services du ministère des Finances sur le budget alloué à la Culture.
«Si on avait dépensé l’argent, on ne l’aurait pas ponctionné. Si on avait pu consommer à temps, on ne l’aurait pas ponctionné», remarque-t-il avant de s’en prendre aux retardataires. «Je vois que même le coordonnateur des centres culturels régionaux n’est pas là. (Je suis là M. le ministre, répond ce dernier). Vous êtes arrivé en retard. Je vois que le responsable du Contrôle interne est venu bien après. Quasiment la totalité des chefs de service… Voilà même le directeur du Livre et de la lecture qui s’amène alors qu’on a déjà commencé le travail. Il y a même des directeurs qui sont absents. Ça ce sont des indications parfaites par rapport à comment on fait notre travail…», notera-t-il. Il finira par inviter les différentes directions à se mobiliser et à se concerter davantage pour améliorer le travail.