La vision prospective «Dakar Métropole Internationale 2050» a été lancée, ce mardi 2 septembre 2025, par le Premier ministre Ousmane Sonko. Il s’agit d’un ambitieux plan de modernisation et de réorganisation de la capitale sénégalaise avec la création de grands parcs métropolitains, la réhabilitation de sites comme Hann, Technopole et Keur Massar, la protection du littoral contre l’érosion côtière, mais aussi la promotion de la mobilité douce et des transports propres tels que les bateaux-taxis et le téléphérique Dakar-Gorée. «Dakar Métropole 2050» ambitionne ainsi de corriger les déséquilibres territoriaux, de renforcer l’attractivité du pays et d’améliorer la qualité de vie des citoyens. Il s’agit, selon Ousmane Sonko, d’un projet structurant qui doit mobiliser toutes les Forces vives de la Nation autour d’un engagement collectif pour un Sénégal moderne, équitable et résilient. «Dakar ville verte ne sera pas un slogan, ce sera une réalité végétalisée, respirable et vivable», dira le chef du gouvernement, comme pour rappeler la dimension écologique centrale dans ce projet d’un coût de 5 mille milliards F Cfa sur 25 ans.

A cette occasion, Ousmane Sonko a dénoncé avec fermeté l’urbanisation «sauvage» de Dakar, estimant que la capitale sénégalaise «doit être digne d’une capitale». «L’Etat compte mettre un terme à ce genre de pratique, et ça commencera certainement avec Thiès Ville Nouvelle, où l’Etat, en collaboration avec les opérateurs privés, se donnera les moyens de gérer tous les aménagements en amont avant de passer aux constructions», a déclaré le chef du gouvernement, selon qui Dakar est arrivée à bout de souffle et nécessite une refondation en profondeur. «Dakar a besoin d’un choc d’organisation, d’un acte de refondation. Dakar Métropole n’est pas une projection futuriste d’immeubles ou de gratte-ciels, même si cela peut y contribuer. Il s’agit avant tout de requalification, de restructuration des quartiers et des territoires, de l’offre de logements neufs ou réhabilités, conformes aux standards minimaux, ainsi que de la construction d’équipements publics structurants.» Présenté comme un vaste plan de modernisation et de réorganisation de la capitale, «Dakar Métropole 2050» vise également à promouvoir des pôles économiques, culturels, éducatifs et portuaires.

Le Dakar dont nous rêvons
Toute une vision très belle, très cohérente et fort ambitieuse qui mérite un soutien et un accompagnement de la part de tous les citoyens. Oui, le Dakar dont nous rêvons, ce n’est pas le Dakar où des charrettes disputent la chaussée aux voitures. Ce n’est pas le Dakar où le ramassage des poubelles dans les quartiers se fait avec des charrettes. Ce n’est pas le Dakar où le transport des marchandises se fait avec des «pousse-pousse». Ce n’est pas le Dakar où des «car rapides» et «Ndiaga Ndiaye» assurent respectivement le transport d’environ 361 000 et 73 000 voyageurs par jour, selon une publication de novembre 2021 du Conseil exécutif des transports urbains de Dakar (Cetud). Ces chiffres étant tirés d’un rapport qui fait le total de l’activité de l’Association des transporteurs urbains (Aftu), qui regroupe ces types de véhicules qui ont 30 ans d’âge au minimum.

Le Dakar dont nous rêvons, ce n’est pas transformer la capitale sénégalaise en Ouaga ou Cotonou bis avec des motos Jakarta à tous les coins de rue. Oui, il va falloir attaquer cette grande faiblesse de Macky Sall consistant à autoriser le transport de personnes par des conducteurs souvent irrespectueux du Code de la route. En effet, les mototaxis, communément appelées «Jakarta» au Sénégal, ont fini de noircir le tableau déjà sombre de la circulation routière au pays de la Teranga. Ils ont ajouté du désordre au chaos existant dans nos routes. Et le nombre d’accidents impliquant ces conducteurs en dit long sur leur manière de se comporter. L’on parle de plus de 12 000 accidents dans lesquels les motos étaient impliquées depuis 2022. Un chiffre qui illustre la gravité du problème.
A part le Brt, le Ter et quelques initiatives de transport écologique qui ont amené un peu de neuf avec des espaces aménagés, rien ne va dans cette capitale : anarchie, surpeuplement, saleté, marchands ambulants dans chaque coin de rue, Jakarta, des marchés partout, occupation anarchique de voie publique, bitume défoncée, eaux usées qui se déversent à gogo partout dans Dakar. Et que dire du «Dakar culturel» que nous voulons ? C’est-à-dire le Dakar qui a fait de notre capitale ce grand creuset d’activités culturelles, avec les grands noms de la musique (James Brown, Michael Jackson, Lucky Dube…), du théâtre, de la mode… qui y passent. Et la liste est non exhaustive.

Avec cette présentation, nous nous attendions cependant à des annonces de financements, de chantiers qui vont démarrer. Mais nous avons eu droit juste à un film d’animation. Pouvait-il en être autrement si on sait que «Dakar Métropole 2050» n’est que la continuité du décret 2022-843 du 12 avril 2022 qui approuve le Plan national d’aménagement et de développement territorial (Pnadt), un document stratégique pour l’aménagement du territoire du Sénégal, en vigueur en vertu de la Loi d’orientation pour l’aménagement et le développement durable des territoires (Loadt), encadré juridiquement par la loi 2021-04 du 12 janvier 2021 et par la loi 2022-10 du 19 avril 2022 portant loi d’orientation relative au système national de planification. Ce plan vise à structurer le territoire, à valoriser ses ressources, à réduire les inégalités et à intégrer les défis liés aux changements climatiques et à l’urbanisation. Et il est parti d’un constat fait par tous les acteurs : Dakar concentre une part disproportionnée des structures et de la population sénégalaise. Avec seulement 0, 3% du territoire national, elle concentre près de 50% de la population urbaine et plus d’un quart de la population totale du pays. Elle génère jusqu’à 80% de l’activité économique, en concentrant les infrastructures hospitalières, universitaires, etc. Face à cette hypertrophie, le Pnadt s’impose comme une réponse structurée à ce déséquilibre, visant à décongestionner Dakar, via la création de métropoles d’équilibre et régionales, capables d’attirer population et fonctions urbaines.

Le Pse, toujours plagié et jamais cité
Pour faire ce «Dakar Métropole 2050», ce pouvoir n’est pas allé loin pour confectionner le document. C’est le veinard Victor Ndiaye, le même qui aurait empoché près de 2 milliards de francs Cfa pour faire le document «Vision Sénégal 2050», qui a été encore mobilisé. Ndiaye n’est pas allé loin cette fois encore : il a juste compilé le Pnadt et le Programme national d’appui à la valorisation des ressources et potentialités des territoires (Pavart) sur lequel il avait déjà travaillé par le passé. D’ailleurs, certaines indiscrétions soulignent qu’il aurait «très mal travaillé» dans la réalisation du Pavart.

Ce qui n’a pas échappé à l’ancien Directeur général de l’Agence nationale de l’aménagement du territoire (Anat), qui souligne que le document présenté par le Premier ministre Ousmane Sonko était «à 95%» prêt sous l’ancien régime. «C’est un projet du Président Macky Sall. Je suis content de les voir le terminer. Mais ce que je déplore souvent quand ce pouvoir achève des réalisations en cours, c’est qu’il ne cite pas le Président Macky Sall. Si vous prenez le Plan national de développement territorial du Sénégal, la Métropole internationale de Dakar y figure. Si vous prenez la loi d’orientation sur l’aménagement du territoire, la métropole y est. Il ne restait que le décret d’application pour que tout le monde sache que le Sénégal s’est doté d’une métropole internationale et de métropoles d’équilibre régional. La naissance de la métropole de Dakar obéit à un constat : tout le monde se ruait vers le Plateau. C’est la raison pour laquelle le Président Macky Sall avait insisté sur la création d’autres centralités administratives telles que Diamniadio, avec la création de sphères administratives, l’Université Amadou Makhtar Mbow, le Stade Abdoulaye Wade, le Centre de conférences Abdou Diouf. C’est la raison de la matérialisation de Diamniadio comme principal lieu de déroulement des activités des Joj», dira Djigo sur les ondes d’I-Radio. C’est dire qu’on a beau tenter d’effacer le Pse, il est encore là, toujours plagié, même quand il n’est jamais cité.