La Journée nationale de commémoration des résistances aux traites, leur abolition et du souvenir aux victimes de l’esclavage a été célébrée le jeudi 27 avril dernier par l’Institut panafricain de stratégie (Ips). Un panel a réuni en présentiel et en mode zoom, d’éminents experts dont Dr Cheikh Tidiane Gadio, président de l’Ips, qui a relevé une double face de la diaspora en parlant de diaspora historique et de diaspora moderne. La rencontre a été présidée par Aliou Sow, ministre de la Culture. Par Amadou MBODJI  – 

Dr Cheikh Tidiane Gadio, président de l’Institut panafricain de stratégie (Ips), a relevé la double identité de la diaspora. Il s’exprimait le jeudi 27 avril dernier, à l’occasion de la Journée nationale de commémoration des résistances aux traites, leur abolition et du souvenir aux victimes de l’esclavage. «Cette diaspora, elle a une double nature. Il y a la diaspora historique, ceux qu’on a arrachés à l’Afrique par la violence, par la force, et qu’on a amenés, qu’on a appelés les esclaves», a tenu à dire d’emblée Dr Gadio, avant d’en rajouter une couche en parlant de l’autre figure de la diaspora, «la diaspora moderne, les Africains qui ont migré récemment», et sans laquelle «il n’y a pas d’avenir pour l’Afrique». C’est ainsi que cette question a été abordée par l’ancien patron de la diplomatie sénégalaise lors de la Journée nationale de commémoration des résistances aux traites, leur abolition et du souvenir aux victimes de l’esclavage, célébrée jeudi dernier par l’Ips. «J’ai toujours accepté ce que Marcus Garvey a dit, qu’il n’y a qu’un seul type d’Africain : Ce sont les Africains tout court, divisés en Africains sur le continent et Africains en dehors du continent», tient-il à préciser. Si l’esclavagisme est la cause de la diaspora historique, Dr Gadio de soutenir que les individus, par qui cette forme de diaspora s’est faite, «ne sont pas des esclaves, ils ne sont pas nés esclaves, ils ne connaissent pas l’esclavage. Ils ont été forcés, brutalisés». Pour l’ancien chef de la diplomatie sénégalaise sous Wade, les conséquences sont douloureuses pour le continent, comme le rappelle la traite des Noirs. «Je disais que l’Océan atlantique est le plus grand cimetière de l’humanité, des millions d’Africains ont été jetés par-dessus bord. Tout ça a été une sorte de massacre, d’extermination», a dénoncé Dr Gadio, avant de louer la capacité de résilience du continent africain, qui s’est réinventé après cet épisode douloureux de son passé. «Mais Dieu a fait que nous sommes un Peuple résilient. Parce que Dieu aime l’Afrique. Dieu aime les Africains. Aujourd’hui, quand on pensait que nous allions péricliter comme continent, perdre notre population, disparaître, maintenant nous sommes 1 milliard 300 millions d’Africains. On prévoit qu’on sera bientôt 2 milliards. Donc cela prouve notre relation spéciale avec Dieu», fait-il remarquer. Soulignant que «c’est la jeunesse qui est porteuse des espoirs africains. Et c’est cette jeunesse africaine qui doit être respectée, honorée, valorisée, ici et maintenant. On n’a pas à dire aux jeunes vous êtes l’avenir de l’Afrique, non, ils sont d’abord le présent de l’Afrique avant d’être son avenir». Selon Dr Gadio, «ces jeunes, on doit leur donner toutes les chances de se réaliser et de bâtir un continent qui a 1/3 (un tiers) des ressources naturelles du monde et qui a près d’1 milliard de jeunes». «Il ne nous manque qu’une vision d’ensemble pour faire de l’Afrique une puissance mondiale, à côté de la Chine, de l’Inde et des autres pays qui aspirent à la puissance», poursuit-il.

Célébrant le concept du Mémorial de Gorée, Dr Gadio insiste sur le fait que le Sénégal, à travers son Président, son gouvernement, son ministre de la Culture, a pris un engagement ferme de réaliser ce projet. «Il n’est pas que symbolique, il bâtit l’avenir pour nous», se félicite-t-il au cours de ce panel qui s’est tenu en mode zoom, avec l’intervention d’éminents intellectuels. «Voilà pourquoi cette journée est importante, et on espère que quand on va réaliser le monument du mémorial, qu’on pourra l’inaugurer, et en convoquant une troisième conférence des intellectuels d’Afrique et de la diaspora, qui a déjà été convoquée sous le Président Wade et ensuite au Brésil, sous le Président Lula. Il faut que cette conférence revienne en Afrique et soit organisée par le Sénégal, encore une fois», renchérit-il.

Aliou Sow, ministre de la Culture, se réjouit de «la qualité des échanges et surtout des interventions» en soulevant un état de fait. «Il y a deux problématiques que nous avons soulevées par rapport au débat sur les questions de diaspora. Je pense que de plus en plus, les politiques ne lisent pas. On ne lit pas, on est dans des approches très simplistes. Je suis persuadé que  n’eût été l’étendue de votre allocution, cette question de la diaspora, on n’allait pas y penser. Parce que certains ont une approche très réductrice du concept quand on aborde ces questions sur le plan politique», indique le ministre de la Culture, non sans soutenir «que cette diaspora historique a joué un rôle prépondérant dans ce que sont aujourd’hui devenus les Etats-Unis d’Amérique».
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