A l’instar de nombreux pays africains, le Sénégal a démarré hier sa campagne de vaccination contre le Covid-19 par le personnel soignant. Mais c’est le ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr, qui a reçu en premier sa dose. Il a été imité par certaines autorités de l’Etat et des vieilles personnes comme El Hadji Mansour, entre autres. Après ce premier vaccin chinois, le ministre promet le vaccin russe dans un avenir très proche.

La campagne de vaccination est effective depuis hier au Sénégal. Et c’est le ministre de la Santé et de l’action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, qui s’est jeté le premier à l’eau en prenant sa première dose contre le Covid-19. Le chef du département de la Santé s’est fait vacciner avec certaines autorités comme Me Aïssata Tall Sall, ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, le ministre l’Edu­cation nationale Mamadou Talla, le Pr Moussa Seydi, directeur du Service des maladies infectieuses et tropicales (Smit) du Centre hospitalier national de Fann, l’ancien Premier minist­re Souleymane Ndéné Ndiaye, entre autres personnalités, et des vieilles personnes comme El Hadji Mansour Mbaye, président des Communi­cateurs traditionnels.
«Ce qui est fait au niveau du ministère de la Santé est extrêmement fort du point de vue de la riposte. Le Sénégal fait partie aujourd’hui des 7 pays africains à commencer sa vaccination», s’est réjoui Abdoulaye Diouf Sarr.
D’après Diouf Sarr, le Président Macky Sall est convaincu que la vaccination est un levier important pour interrompre la chaîne de transmission. Seulement pour le ministre de la Santé, «il faut continuer dans le cadre de la riposter à combiner la vaccination avec les gestes barrières».
Cette campagne de vaccination, informe-t-il, se déroule au même moment dans les 14 régions où «les gouverneurs sont en train de s’organiser dans les districts et les régions pour conduire la vaccination dans de meilleures conditions». D’après Diouf Sarr, c’est une politique volontariste de vaccination qui est lancée au Sénégal.

Les assurances du Pr Seydi sur le vaccin chinois
Pour le Pr Moussa Seydi, plusieurs raisons expliquent l’intérêt de la vaccination. «D’abord parce que c’est bien toléré. A peu près 200 millions de doses dans le monde, il n’y a aucun décès formellement lié au vaccin, c’est clair. Les coïncidences peuvent exister et penser accuser le vaccin à tort. Je prends l’exemple du vaccin Pfizer qui a été le premier étudié. Il y a eu plus de décès chez les personnes qui avaient pris le Flacivo, c’est-à-dire de l’eau salée. Mais on ne peut pas accuser de l’eau salée. Il y a plus de décès de ce côté que de celui du vaccin. Ceux qui sont décédés ayant pris le vaccin, des études ont été faites et on a vu que cela n’avait aucun rapport avec le vaccin. Donc les conséquences peuvent exister, mais si la vaccination était mal tolérée, ça ce serait su. Ce qu’on entreprend ici est fait avec un virus qui est inactivé, qui n’est pas capable de répliquer dans l’organisme et amener des dégâts», explique-t-il. Avant d’assurer l’efficacité du vaccin attesté avec des résultats scientifiques avérés. «Il y a l’exemple d’Israël qui a pu réduire les hospitalisations des sujets âgés de plus de 58% après avoir vacciné 40% des sujets âgés de plus de 60 ans, et 44% des hospitalisations tout âge confondu après avoir vacciné 45% de la population. Ils ont trouvé à peu près le même taux d’efficacité que celui qui a été trouvé dans les centres. C’est l’importance de l’efficacité du vaccin chinois. Tous les vaccins ne sont pas au même niveau», a ajouté le directeur du Service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Fann.
Toutefois, il reconnaît que «le vaccin Moderna et le vaccin Pfizer» sont plus efficaces que vaccin chinois contre les formes symptomatiques. «Eux, c’est 94 et 95% et le vaccin chinois 79%», dit-il en rassurant tout de même que «le vaccin chinois permet d’éviter les formes graves dans 100% des cas, 28 jours».
Le Professeur Seydi pense qu’il faut se vacciner, parce que c’est l’effet du groupe qui est important. «Vous êtes jeunes, vous pouvez ne pas vous vacciner, mais le virus peut passer par vous pour atteindre quelqu’un d’autre et le tuer. Ne vous dites pas que la maladie n’est pas dangereuse pour moi, donc je ne me vaccine pas», avertit-il en revenant encore sur l’importance de se faire vacciner. «Le virus, s’il n’entre pas dans les cellules, il ne se détruit pas. S’il ne se détruit pas, il ne mute pas, s’il ne mute pas il n’y a pas de variant», explique-t-il.
En tout cas, pour le directeur du Smit de l’hôpital Fann, ce qui est capital c’est la vaccination qui, seule, peut nous permettre de revenir à une vie normale. «Sinon, on ira de recrudescence en recrudescence. Si c’était une maladie saisonnière, elle aurait disparu parce qu’on a fait plus d’un an avec elle. Quelles que soient les conditions climatiques, la maladie est toujours là. La vaccination c’est le cœur de la prévention et seule la prévention peut nous permettre de revenir à une vie normale. Il faut se vacciner parce que le vaccin protège et la maladie tue», avertit-il.
Le Sénégal a démarré la campagne de vaccination avec le vaccin de Sinopharm, mais il est en train de maximiser ses relations commerciales avec certains pays. «Nous sommes en train de finaliser notre relation commerciale avec la Russie pour faire venir le Spoutnik V le plus vite possible dans les jours qui viennent. Mais dans le cadre du Covax, le Sénégal va recevoir sa dotation qui équivaut à 1,3 million de doses. Mais nous n’allons pas nous en arrêter là. Nous sommes inscrits aussi dans l’initiative de l’Ua. L’objectif c’est de vacciner tous les Sénégalais qui doivent l’être», rassure Abdoulaye Diouf Sarr.