Dans son dossier de «viols suivis de menaces de mort» dont il est accusé, le leader de Pastef regrette le «parti-pris» du président de l’Union des magistrats sénégalais. Ousmane Sonko a rappelé le silence de l’Ums dans beaucoup d’affaires judiciaires.Par Babacar Guèye DIOP
– Ousmane Sonko et les magistrats : jugement 3. Le leader de Pastef a ouvert les hostilités vendredi accusant l’institution judiciaire de «bras armé de l’Exécutif pour liquider des opposants». Lundi, l’Union des magistrats sénégalais (Ums) a rejeté ces accusations du député qui, selon elle, «ignore le fonctionnement de la Justice». Dans une déclaration publiée hier, Ousmane Sonko est revenu à la charge pour dénoncer le «manque de sincérité» des propos du président de l’Ums. D’après M. Sonko, les déclarations de Ousmane Chimère Diouf «trahissent d’emblée un parti-pris flagrant et la frilosité qui caractérise désormais (leur) organisation «syndicale»».
Dans l’accusation de «viols suivis de menaces de mort» dont il fait l’objet depuis février 2021, Ousmane Sonko a relevé 2 sorties de la «plaignante» Adji Sarr et 11 au moins de ses avocats. Pendant ce temps, précise le leader de Pastef, il n’y en a eu aucune ni de sa part ni de ses conseils. «Vous étiez où, vous Union des magistrats face à ces violations flagrantes et ce piétinement de l’institution judiciaire ? Où étiez-vous lorsque le juge d’instruction refusait de laisser entrer mes avocats pour assister leur client lors de la première audition, en violation des droits de la défense ? Que dites-vous lorsque, depuis 9 mois maintenant, la Justice refuse de répondre aux courriers de mes avocats tendant à la levée de cette mesure de contrôle judiciaire, n’est-ce pas là un déni flagrant de Justice ?», s’interroge l’ancien inspecteur des impôts et domaines.
«Toutes les entreprises de liquidation politique ont eu pour support le pouvoir judiciaire»
Ousmane Sonko se pose aussi des questions sur le mutisme de l’Ums quand «le procureur Serigne Bassirou Guèye falsifiait le Pv d’enquête de la Gendarmerie nationale pour y inclure des images à caractère obscène, uniquement pour charger le dossier». Il ajoute : «Vous étiez où lorsque l’Exécutif, qui n’a aucun égard pour vous, choisit un juge qui a déjà pris position à charge contre moi pour instruire l’affaire ?» L’opposant n’a également vu «aucune réaction» de l’Ums sur les «violations» des droits de Khalifa Sall et de Karim Wade. Malgré tout, M. Sonko précise n’avoir «aucun problème avec la magistrature au sein de laquelle (il) compte énormément d’amis» et demeure convaincu que «l’écrasante majorité d’entre eux font leur travail avec honneur, loyauté et dignité».
Pour lui, le président de l’Ums cherche à donner un «signal positif à la chancellerie». Parce que le député-maire de Ziguinchor considère que «toutes les entreprises de liquidation politique, de Mamadou Dia à ce jour, ont eu pour support le «pouvoir» judiciaire, qui s’est rarement comporté dans ce pays comme un vrai pouvoir, alors qu’il doit en être un». En attendant, Ousmane Sonko renvoie le président de l’Ums à cette maxime de Platon : «Un bon juge est celui qui a acquis une connaissance de l’injustice.»
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