«Ce serait une grosse erreur que de supprimer Dakar», vu les nombreux atouts que présente la capitale. C’est du moins l’avis de l’artiste-plasticien Doudou Sarr Ndoye, qui fait son plaidoyer pour dissuader les autorités de l’Etat.

Adossée à un riche patrimoine et une tradition d’ouverture, Dakar a accueilli des manifestations culturelles de grande envergure, dont le Festival mondial des arts nègres et plusieurs éditions de la Biennale de l’art africain contemporain. C’est en son sein que le Grand Théâtre, le Théâtre national Daniel Sorano ainsi que d’autres infrastructures culturelles sont implantés comme le musée d’art africain Théodore Monod, le Village des arts, des galeries dont la Galerie nationale d’art pour ne citer que celles-là. Suffisant pour voir Doudou Sarr Ndoye, artiste-plasticien, qui se définit comme un artiste engagé, de monter au créneau pour condamner le projet de «suppression de la ville de Dakar», une idée agitée ces temps par les autorités. «Ce serait une grosse erreur que de supprimer Dakar», déclare l’artiste-plasticien qui estime que «Dakar est une ville culturelle». «Dakar a une histoire, une particularité, et renferme un symbolisme. Dakar est une ville lumière», indique celui qui vit à Cambérène.
«Après avoir quitté le nord, les Lébous se sont installés au niveau de la Patte d’Oie, là où se trouve le stade de l’Amitié (actuel stade Léopold Senghor). C’est là qu’on appelle Mbouxéhe, qui est le premier site lébou. C’est après que les villages de Yoff, Ouakam et Ngor ont été fondés par les Lébous. Dakar est une ville lumière. parce que l’homme de Dieu, Seydina Limamou Laye (Psl), a fait mille ans dans la presqu’ile du Cap Vert, dans la grotte de Ngor avant de apparaîtra  dans la communauté léboue», a tenu à préciser l’artiste-plasticien qui vit à Cambérène et qui milite pour que «Dakar ne soit pas rayée de la carte».
«Dakar est une ville  culturelle, religieuse et politique. Eliminer Dakar, c’est supprimer toute une ville religieuse et culturelle. Culturelle parce que même dans la communauté layène, on peut dire qu’il y a un message culturel.  Parce qu’il y a des fidèles qui sont venus du Walo, du Gandiol, du Djolof et autres. La communauté layène est porteuse d’un message culturel. Nous n’avons pas besoin d’un projet de destitution de la région de Dakar qui mène à nulle part», défend l’artiste-plasticien. Et ce dernier d’évoquer les effets «néfastes» du Covid-19 sur le secteur des arts visuels, tout en plaidant en faveur de celui-ci.
Remerciant le ministère de la Culture pour avoir permis que les artistes soient indemnisés avec notamment une enveloppe de 500 mille francs Cfa pour ceux parmi eux qui ont eu à présenter leurs projets et d’autres qui ont bénéficié d’une enveloppe 250 mille francs pendant que d’autres ont vu leurs œuvres achetées pour le patrimoine national, Doudou Sarr Ndoye sollicite encore l’appui des autorités. «Les artistes des arts visuels ont besoin de rallonge. Il n’y a pas de galeries, il n’y a pas d’expositions. L’Etat du Sénégal doit revoir la situation de ces artistes et vraiment pour les soulager», plaide-t-il.
Le renforcement des mesures relatives à la pandémie de Covid-19, avec l’instauration de l’Etat d’urgence assorti d’un couvre-feu à partir de 21 heures, ne fait que rajouter aux difficultés des artistes qui notent que le président de la République a répondu au plaidoyer des artistes musiciens en leur octroyant 2,5 milliards en plus des 3 milliards de francs qu’il leur avait accordés dans la première tranche dégagée dans le cadre de l’appui apporté à leur secteur dû à l’impact du Covid-19.
Même s’il dit s’investir dans la vente en ligne au même titre que ses autres collègues artistes, Doudou Sarr Ndoye avoue qu’ils n’y trouvent pas leur compte. «Ça ne marche pas. La vente est à la baisse», s’offusque l’artiste-plasticien sans avancer de chiffre.