Omar Yaffa, un autre co-accusé d’imam Ndao, a dit hier toute sa déception née de son voyage au Nigeria, dans le fief de Boko haram. Ce natif de Bignona justifie son voyage par le «Hijra», un voyage consistant à aller d’un endroit où l’on n’a pas la paix vers une terre plus clémente. Que l’accusé explique par une terre où la loi de Dieu, la Charia, est appliquée.
Omar Yaffa présente une vision de la foi différente de ce qu’il avait appris jusque-là et soutient : «Ce que je sais et ce qu’ils font (Boko haram) c’est contradictoire. Car, rien ne justifie le rejet des cartes d’identité et de l’école occidentale.» Ce serait même les raisons qui ont motivé le retour du professeur de français au Sénégal.
Cependant, le procureur lui a rappelé une troisième raison de son intention de retourner dans son pays d’origine. Et, Ali Ciré Ndiaye de lire un extrait de la déclaration de Omar Yaffa, faite devant le juge : «Les gens de Boko haram s’attaquaient à des innocents.»
Pour en savoir davantage sur le but de l’aventure de Omar Yaffa, le procureur lui a demandé si ses objectifs étaient atteints. Sans hésitation, Yaffa a redit à la barre sa déception : «J’ai vécu une déception, je n’ai pas trouvé ce que je cherchais et j’étais fatigué.»
Or, pour le maître des poursuites, dans une déclaration préliminaire, le présumé jihadiste indique s’être rendu au Nigeria «pour soutenir Boko haram, à mener la guerre contre l’Armée locale». Ce que Omar Yaffa nie complétement. Mais au cours de son discours, il déclare avoir entendu des bombardements d’avions lorsqu’il était dans le fief de Boko haram.
Yaffa refuse de reconnaître les réponses que le juge lui a servies relatives à sa formation de jihadiste. Le coaccusé d’imam Ndao soutient aussi n’avoir «subi aucune formation». Et le juge Samba Kane de lui servir les propos recueillis lors de ses interrogatoires, respectivement devant le juge et face aux gendarmes. «Je n’ai subi aucune formation mais, j’ai flirté avec une Kalachnikov.» Et devant les pandores, le mis en cause aurait déclaré avoir été formé. Deux réponses différentes que Omar Yaffa dément catégoriquement.
Le juge Kane ne manquera pas de faire remarquer à Yaffa que ses déclarations sont incohérentes. Pour lui, les propos qu’il a tenus lors de l’enquête préliminaire sont tout à fait opposés à ceux qu’il tient devant la barre.
En plus de cela, l’accusé est revenu brièvement sur leur rencontre avec le chef de Boko haram, Shekau : «Notre rencontre n’a duré qu’une dizaine de minutes et il n’a fait que des rappels sur la foi musulmane.» Et quand Makhtar Diokhané est intervenu auprès du chef de Boko haram pour que les Sénégalais présumés jihadistes puissent rentrer, Omar Yaffa informe que le chef jihadiste a demandé à ce que «les cartes d’identité soient déchirées avant qu’ils ne partent».
Et pour terminer, Yaffa a soutenu que Diokhané leur a fait comprendre : «Shekau n’est pas content de vous (les Sénégalais).» Et Yaffa d’en dire les raisons : «Il a été au courant de notre désaccord sur la question des cartes nationales d’identité.»
Stagiaire