Décrispation politique – Yaw immole son sit-in : Sonko et Co acceptent d’aller aux Législatives

Invoquant plusieurs interventions ainsi que le contexte social et économique, Ousmane Sonko et ses alliés ont parjuré leur promesse de tenir coûte que coûte leur manifestation. Et ils ont accepté que la liste de leurs suppléants seule, représente Yaw aux Législatives. Une véritable reculade ou «sonkolade»…
Reculade ou repli stratégique ? En tout cas, Ousmane Sonko n’est pas mort hier et Dieu merci, il ne s’est pas retrouvé en prison. Le leader de Pastef avait pourtant déclaré, après l’échec de la manifestation convoquée le vendredi 17 juin dernier, que rien n’allait l’empêcher, ainsi que ses collègues de Yaw, de tenir leur manifestation le 29 juin. Et pour montrer sa détermination, il avait affirmé que le Président Macky Sall devait se préparer soit «à (l’) enterrer, soit à (le) liquider» pour l’empêcher de manifester. Au final, rien de tout cela n’a eu lieu.
La conférence de presse qu’il a convoquée hier au siège du parti de Déthié Fall n’a fait que confirmer ce que Ousmane Sonko avait annoncé la veille sur sa page Facebook, à savoir le report de la manifestation qui aurait dû se tenir sur la Place de l’Obélisque. Comme le chef des Patriotes, Mme Aïda Mbodj s’est évertuée à trouver des justifications plausibles pour expliquer le renvoi de ladite manifestation.
Aïda Mbodj a ainsi évoqué le «contexte défavorable, au moment où les Sénégalais sont concentrés sur d’autres priorités comme la Tabaski qui approche, et le début du Hadj». Ousmane Sonko pour sa part, va ajouter d’autres arguments à ceux qui les ont convaincus : «On est dans la phase des examens scolaires. Aujourd’hui beaucoup d’écoles ont fermé, d’autres ont décidé de fermer à midi. Et ce sont nos enfants qui vont faire ces examens. De plus, on est dans la phase de préparation de la Tabaski et tout le monde sait ce que cela représente au Sénégal… Les tailleurs, les vendeurs de moutons, tout le monde nous a suppliés. Et le Préfet de Dakar nous a dit que s’il autorise la manifestation, des Sénégalais vont se faufiler dans la foule pour voler des moutons dans les foirails. Cela est symbolique de l’échec de Macky Sall. Les Sénégalais n’ont même pas de quoi acheter un mouton, ils sont obligés se faufiler pour aller voler des moutons.»
Comme si cela ne suffisait pas, il ajoutera des intermédiations de certaines bonnes volontés : «Il y a l’intervention des milieux d’affaires. L’intervention même de la communauté dite internationale. Moi j’ai toujours dit que je ne crois pas en la Communauté internationale qui est toujours du côté du pouvoir, tant qu’il fait ce qu’elle veut. Ce qui m’intéresse dans cette Communauté internationale, c’est l’Afrique et les Africains. Et je leur rends hommage. Ces artistes, ces intellectuels que je n’ai jamais vus, qui ont fait des déclarations extrêmement importantes parce qu’ils comprennent ce qui est en train de se jouer au Sénégal.» Néanmoins, en fin de compte, indiquera le Patriote en chef, «les arguments les plus importants, ce sont nos propres options stratégiques. Tout ce qu’on devait tirer comme gain, de cette situation, nous l’avons tiré.»
C’est ainsi que la coalition Yewwi askan wi a fini par se résoudre à aller aux élections législatives avec sa liste des suppléants. Même si cela est en porte-à-faux avec la déclaration de Ousmane Sonko qui assurait que «sans la liste nationale de Yewwi, il n’y aura pas d’élections législatives». Cela avait d’ailleurs été le motif des sit-in convoqués les 8 et 17 juin derniers, avec des fortunes diverses. Les partis d’opposition regroupés autour de Yaw, ainsi que leurs alliés de circonstance du Pds et de Wallu, voulaient par ce biais, obtenir la validation de la liste nationale de Yaw, disqualifiée pour défaut de respect de la parité. Or hier, le «Pastéfien» en chef a juste demandé à ses partisans de se rendre aux urnes et «d’infliger une cuisante défaite à Macky Sall».
On peut penser que Ousmane Sonko et ses alliés ont dû se rendre compte de la détermination de leurs adversaires. On a vu le 17 juin dernier, le déploiement des forces de police, mobilisées pour contrer toute tentative de mobilisation des foules pour organiser une quelconque marche. L’obstination de certaines personnes à certains coins de Dakar et du pays, a malheureusement poussé à déplorer 3 morts et de nombreux blessés plus ou moins graves. On en est d’ailleurs au point où les différentes parties se rejettent la responsabilité des morts et des violences.
La détermination des dirigeants de l’opposition semblait si forte que tous ceux qui avaient été arrêtés ne se sont pas gênés, une fois relaxés, de promettre de revenir manifester avec encore plus de détermination. Mais les rodomontades de Déthié Fall, Ahmed Aïdara et autres, n’ont pas empêché que dès hier soir, Ousmane Sonko appelle à une désescalade de la tension, et s’est contenté d’appeler au point de presse qui s’est tenu hier au siège du Prp.
La baisse de la tension ne signifiera pas pour autant l’abandon de la rue par Yaw. Sonko et ses amis ont appelé hier à la poursuite des concerts de casseroles. Cela, dès ce soir à partir de 20h, et pour «trente minutes». Ce sera, selon Ousmane Sonko, un moyen de «faire comprendre à Macky Sall le rejet du 3ème mandat».