Le 15 mai 2024 dernier, les populations, réunies au sein du Collectif des villages impactés par les Industries chimiques du Sénégal (Ics), Ngakham-2, Gade, Ngomene, Méouane, Mbelgor, Ndiane Mbaye, Daya Ndiop, Daya Ndakhar et Daya Made, Ndomor et Ndiakhaté, ont tenu un sit-in sur la route menant au site minier de Tobène pour montrer leur mécontentement vis-à-vis de cette société minière. «Depuis mars 2023, la Commission départementale avait procédé à l’évaluation des dégâts et dommages liés aux travaux de sondage (prospection et exploration) sur la base d’un protocole d’accord signé entre les Ics et les populations concernées sous la supervision des représentants de l’Etat (le sous-préfet de Méouane, le représentant du Préfet de Tivaouane, le représentant du maire de Méouane) et l’ensemble des services concernés», notent les populations. Selon cet accord, «les dégâts liés aux mouvements de terre et des routes des gros engins sont évalués à 650 F Cfa/m2 (soit 6,5 millions F par ha) et chaque puits de forage est évalué à 100 mille F», soulignent les impactés. Selon eux, «ces évaluations concernent seulement les dégâts causés et n’ont pas de rapport avec l’évaluation finale des terres».

Les populations riveraines poursuivent leurs complaintes : «Après avoir payé la première tranche, les Ics ont arrêté les paiements tout en continuant leurs travaux de prospection. Des terres de centaines d’impactés sont encore en attente d’une évaluation. Les autorités ont convoqué des réunions qui n’ont jusque-là pas résolu le problème.» Et à leur grande surprise, de constater que «les Ics, qui avaient pourtant donné la date du 5 mai pour le paiement intégral de tous les dégâts et destructions déjà évalués, ont fait une volte-face pour imposer aux populations un barème dérisoire de 105 F Cfa/m2 (soit 1,050 mille F Cfa par hectare) et 50 mille F comme indemnité globale des restaurations des sols».

Réunion entre le Gouverneur de Thiès et le Collectif des villages impactés et les Ics
Au cours d’une réunion convoquée le vendredi 17 mai 2023 par le Gouverneur de région, à Thiès, entre les représentants des villages impactés et les responsables des Ics dont le Directeur général, M. Alassane Diallo, suite à l’évaluation, par la Com­mission départementale, des dégâts liés aux travaux de sondage des Ics, le chef de l’Exécutif régional a fustigé «l’attitude des Ics envers les paysans». A ses yeux, «il est inadmissible que les Ics veuillent renégocier ou reconsidérer le barème d’indemnisation qui était fixé bien avant le début des travaux de sondage en présence de tous les concernés, à Méouane». A cet effet, il a reconnu que «les Ics sont les seules et uniques responsables de tout ce qui est arrivé (arrêt de la production par les paysans impactés)».

Ce barème était discuté et validé devant des témoins, le sous-préfet de Méouane, le représentant du Préfet de Tivaouane et la Commission départementale chargée des évaluations. «C’est un dilatoire, un manque de respect et de considération envers nous. Une entreprise qui fait plus 566 milliards F Cfa de chiffres d’affaires par an (rapport Itie 2022) continue d’appauvrir des populations déjà démunies», fustigent les villageois.
Aujourd’hui, ils sont décidés à obtenir gain de cause. «Nous voulons le paiement intégral des évaluations déjà terminées depuis décembre 2023 et l’évaluation dans les plus brefs délais des dégâts non encore évalués, d’autant plus que c’est bientôt la Tabaski et le début de l’hivernage», poursuivent-ils.

«Aucune renégociation et ou reconsidération»
Par contre, il n’est pas exclu d’entamer des discussions pour les sondages non encore évalués. Devant le Gouverneur, le représentant de la Commission départementale a confirmé «la volte-face des Ics». «L’objet de la réunion tenue à Méouane avant le début des sondages était d’éviter ce genre de problème», rappelle-t-il. Les dégâts sont estimés à 103,7 ha, 170 trous de sondage, 38 mille 203 espèces arboricoles et forestières, 1251 mètres linéaires de haies vives pour un coût total de 760 millions 405 mille 859 F Cfa, évalue la Commission départementale en charge des évaluations. Soit seulement 1 million 178 mille 823 par paysan en moyenne.

«Les Ics, plutôt que de respecter leur engagement, veulent imposer aux paysans 235 millions 970 mille 699 F Cfa, soit une différence de 524 millions 435 mille 160 F. Ainsi elles ne veulent payer que 31% de ce qu’elles doivent aux paysans», dénotent les impactés.