Cette demi-finale de l’Afrobasket 2021, samedi entre le Sénégal et la Côte d’Ivoire, sera particulière pour le président de la Fédération ivoirienne de basket. Et pour cause : Mahama Coulibaly a une épouse Sénégalaise. Mais le dirigeant ivoirien avertit qu’il va prier pour que son pays se qualifie. Présent à Kigali, il est revenu sur le bilan technique et organisationnel du tournoi. Entretien.Quel bilan tirez-vous de l’organisation et de la qualité du jeu de l’Afro­basket 2021 ?

On peut féliciter l’organisation parce qu’ils ont hérité de la Bal (Basketball Africa League). On y était. On a constaté en termes de sécurité, d’organisation, une réussite. Pour le jeu, il y a plusieurs niveaux. Il y a les équipes traditionnelles, comme la Côte d’Ivoire, qui est une surprise pour certaines personnes, le Sénégal et la Tunisie. Ces trois équipes ont été au-dessus du lot. Ensuite, on a eu un second niveau avec des équipes moyennes qui nous ont surpris par le fait qu’elles n’ont pas été à la hauteur de ce qu’on s’attendait. On peut citer l’Angola, le Nigeria qui n’ont pas été à la hauteur de ce qu’on voulait. Et puis il y a les belles surprises : l’Ouganda, le Kenya, le Sud Soudan et ensuite le reste qui a suivi. Il y a quand même le Rwanda qui a essayé d’avoir un sursaut d’orgueil, mais je pense que le niveau technique était là. Il ne s’agit pas seulement de bâtir une équipe sur des sursauts d’orgueil, il faut avoir des fondamentaux. Globalement, je pense que le crème du basketball africain est là. On a du beau jeu, de la qualité et on peut être fiers du basketball africain qui va de l’avant. Certainement que ça va attirer prochainement les autres grands basketteurs qui jouent en Nba.
Et pour l’organisation ?
Quant à l’organisation, je pense que c’est moyen. Je n’ai pas manqué de dire que l’organisation d’un tel évènement, c’est la compétition des présidents de Fédération. Donc le président qui l’organise doit être beaucoup plus proche des présidents de Fédération. J’ai trouvé qu’au niveau du suivi protocolaire lié aux présidents de Fédération, c’est vraiment moyen. Si on n’est pas solidaires dans la gestion et qu’on ne fait pas des présidents de Fédération des Vips de la compétition, ça risque d’être la même chose pour les autres organisations. Lorsqu’il y a de grands événements, les Vip, ce sont les présidents de Fédération parce qu’en général ils financent à près de 80% les compétitions. Donc, ce n’est pas parce que quelqu’un va donner 10 millions Cfa pour les sponsors qu’il va être plus valorisé qu’un président de Fédération. A ce niveau, ça a manqué. C’est vrai qu’il y a le Covid, il n’y a pas de véhicule dédié aux chefs de délégation, présidents de Fédération. La communication directe avec l’organisation est difficile. Donc, c’est vraiment moyen en matière d’organisation relationnelle. Je tiens à le dire. Il faut que la Fiba-Afrique, les fédérations futures retiennent ces leçons. Nous, on est un pays très hospitalier, la Côte d’Ivoire. On est vraiment très chaleureux, comme le Sénégal.
On a vu une équipe surprenante de la Côte d’Ivoire dans cette compétition. C’est quoi l’objectif que vous vous êtes assigné ?
Quand on venait là, il fallait rebâtir une équipe assez forte parce qu’on sait qu’on a du potentiel. L’objectif, c’était de se retrouver au stade des demi-finales et de partir avec le minima, la médaille de bronze. Tout le reste n’est que du bénéfice. Donc, on a presque atteint notre objectif. On a atteint les demi-finales face à une grande équipe du Sénégal. C’est un match que les Ivoiriens adorent. Donc, on n’a rien à perdre. On jouera notre va-tout. D’autant plus que l’objectif minimum, on l’a atteint. Le reste, on ne va pas cracher dessus.
La Côte d’Ivoire sera opposée au Sénégal en demi-finale ce samedi, comment avez-vous trouvé cette équipe sénégalaise ?
Franchement, elle est extraordinaire, surtout que le Sénégal n’a pas une longue préparation. On a été invités vers le 15 août pour participer à un tournoi. J’avais trouvé que c’était quand même assez juste par rapport à l’Afrobasket qui approchait. On a vu comment l’Equipe sénégalaise s’est transformée. Il y a un véritable vent nouveau, une prise de conscience de cette équipe qui a été excellente sur la première partie du championnat. C’est le match contre l’Angola où elle a été un peu contrariée, mais je pense que l’équipe est assez complète avec ses shooteurs à trois points. J’ai bien aimé Pape Mamadou Faye qui joue à Dakar et qui est pour moi le facteur X de cette équipe qui est complète. On ne voit même pas la domination extraordinaire de Gorgui Dieng. Je pense que c’est une équipe des Lions qui est belle à voir jouer et qui a toutes les chances pour être championne. Mais il va falloir battre la Côte d’Ivoire qui connait bien le Sénégal. C’est dans les années 60 que la Côte d’Ivoire avait peur du Sénégal, mais vous avez dû constater que depuis 2009 les choses ont changé. Même à Abidjan lorsqu’on perdait d’un point, c’était sur des détails. Malgré la force du Sénégal sur le papier, sur le terrain ce sera du 50/50. Les Ivoiriens joueront leur va-tout et que le meilleur gagne. Mon épouse est Sénégalaise. C’est un match du cœur (rire). Mais je souhaite que ma première partie la Côte d’Ivoire gagne. Après, c’est Dieu qui décidera.
Par Woury DIALLO – wdiallo@lequotidien.sn (Envoyé spécial à Kigali)