Après un long vendredi de négociations, Yahya Jammeh a accepté de quitter le pouvoir grâce à une dernière médiation entreprise par Alpha Condé et Mouhamed Ould Abdel Aziz. Les Présidents guinéen, mauritanien et les médiateurs de la Cedeao ont passé la nuit d’hier à Banjul pour finaliser le dernier point de l’accord, à savoir son pays d’accueil.
DIPLOMATIE – Désescalade en Gambie : Yahya Jammeh dépose les armes
Ouf c’est la désescalade ! Les Gambiens entrevoient le bout du tunnel après un long vendredi de négociations à Banjul. Les Présidents mauritanien et guinéen, Mouhamed Ould Abdel Aziz et Alpha Condé, qui se sont lancés dans un dernier marathon de tractations, ont réussi à dégonfler Yahya Jammeh. Le Président défait a accepté de quitter le pouvoir et laisser la place à Adama Barrow. Il reste par contre un dernier point à satisfaire : le pays d’accueil du dictateur déchu. Alpha Condé et Ould Aziz ont passé la nuit d’hier dans la capitale gambienne, en compagnie de la représentante du président de la Commission de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) pour mettre la dernière main sur l’accord définitif. Ce point «mineur» dans les négociations a prolongé l’ultimatum de la Cedeao qui maintient la pression militaire sur Yahya Jammeh dont l’humeur est aussi volatile que la situation sécuritaire dans cette enclave. Mais il est certain qu’il ne peut plus y avoir une nouvelle volte-face à cause des moyens dissuasifs employés pour le contraindre à se soumettre à la volonté de la Cedeao.
Où ira-t-il ? Conakry pourrait être la première destination du despote gambien, vu sa proximité avec Alpha Condé qui constitue en compagnie de Robert Mugabe ses seuls amis sur le sol africain. Le Nigeria qui lui avait proposé un asile ne l’a jamais enchanté. Et l’intervention des troupes nigérianes renforce sa méfiance vis-à-vis d’Abuja qui avait accepté d’extrader un autre autocrate ouest-africain à la Cour pénale internationale (Cpi), Charles Taylor. Il reste le Maroc qui lui a déroulé le tapis rouge avant même la fin de son mandat. A la lueur du jour, tout sera clair.
Il règne une certaine ambiance de sérénité à Banjul où le pouls de la population battait assez fort à cause de cette insoutenable guerre des nerfs. 12h. C’était l’ultimatum fixé par la Cedeao pour que Jammeh quitte le pouvoir. Mais il a été prorogé jusqu’à 16h pour satisfaire une dernière «exigence» du très religieux Yahya Jammeh qui devait effectuer sa prière du vendredi à la mosquée.
Aujourd’hui, le Président mauritanien n’a pas caché sa satisfaction d’avoir réussi à désamorcer la bombe militaire. Il a pour sa part précisé à l’Agence mauritanienne d’information (Ami) que l’initiative qu’il a entreprise dans ce pays frère a bien préparé le terrain pour une solution pacifique de la crise gambienne. Par contre, Mouhamed Ould Abdel Aziz a indiqué que, personnellement, il n’a pas compris et ne comprendra jamais ce qui est arrivé par la suite. Cela a permis en revanche d’éviter l’escalade… C’est tout bénef‘…
bsakho@lequotidien.sn